Truth is right there

Bip. Bip. Bip. Blake prit conscience de ce bruit à présent un peu trop familier. Toujours à l’hôpital. Ce n’était que le deuxième jour. Ou nuit. Elle ne savait plus très bien. Une chose était sûre, elle dormait, ce genre de sommeil sans rêve, profond. Son corps était encore lourd et pourtant elle avait été réveillée par quelque chose. Un filet de lumière passait sous la porte. Tournant lentement la tête vers la fenêtre, elle s’aperçut qu’il faisait nuit. Quelle heure était-il ? Une vague d’inquiétude la submergea. Elle n’était pas habituée à vivre sans repère clair. Avait-elle une montre ? Un réveil ? Quelque chose ? Bip. Bip. Bip. Levant péniblement la tête vers cette satanée machine, elle voulut s’appuyer sur ses abdominaux pour se redresser mais une douleur bien localisée se fit sentir. Aow. Elle grimaça et abandonna tout de suite. Elle ne pourrait pas savoir.

Un soupir quitta ses lèvres. La douleur s’atténuait doucement, probablement endormie par un produit dont elle ne connaissait pas le nom. Etait-ce une chose qui importait, au fond ? Non. Elle était seule. Il faisait noir. Et ça fourmillait dans sa jambe. La repliant contre elle, elle tenta de se tourner sur le côté, dans sa position favorite pour se rendormir mais... Aow. Soupir. Ah quoi bon ? Une part d’elle-même voulait juste dormir. Oublier. Attendre que tout ça passe sans s’occuper du monde. Etait-ce possible ? Pouvait-elle avoir la paix ici ? Quelle paix ? Comment faisait sa faction sans elle ? Mince. Elle avait oublié de dire certaines choses... Et si on fouillait son appartement ? Aucun risque. Elle avait pris soin de ranger l’ensemble des éléments de son enquête hors de portée. Personne ne pourrait trouver cette cache, ce n’était même pas chez elle, ni même dans le laboratoire. Depuis la visite surprise d’Envy, elle avait pris quelques précautions. Et manifestement, elle avait bien fait. Ils ne vivaient plus ensemble et sa réaction lorsque l’Altruiste avait demandé la démission de Moira l’avait surprise. Elle aurait pu faire un geste mais sa blessure l’en avait empêchée. Au fond, cela lui donnait plus de temps pour mener son enquête. Moira pouvait être aussi un bouc émissaire alors qu’elle essayait de faire des choses bien... Oui, enfin, cette histoire d’Equilibrium... Trafiquer le cerveau des gens comme ça, ce n’était pas vraiment positif... Oh et pourquoi penser à ce genre de choses, là tout de suite ? Prise d’une grande lassitude, elle se rendormit.

Un écho. Lointain. Toujours cet effet. Et une urgence d’ouvrir les yeux. Elle s’aperçut alors que l’on tenait son bras pour démêler le fil. Blake fronça les sourcils et grogna faiblement. Elle dormait ! Pourquoi venait-on la réveiller ? « Quelle heure est-il ? » Oui, par contre, elle se souvenait bien ne pas avoir réussi à lire l’information un peu plus tôt. Le néon blafard l’aveuglait toujours. Cette infirmière ou ce médecin n’était pas là depuis longtemps. « 5h20 ». What ? 5h20 du matin ? Oh... Oh... « Je me sens nauséeuse, auriez-vous quelque chose, s’il vous plaît ? » L’infirmière hocha la tête, enfin c’est ce que pensa la sincère tout en notant qu’elle venait de quitter la chambre. Super. Génial. La jeune femme soupira et tourna la tête jusqu’à avoir le visage enfoui dans l’oreiller mais quelqu’un entra tout d’un coup.

Blake tourna la tête et vit une femme. Une blonde éthérée qui semblait presque perdue ou trop bien adaptée au décor, elle ne savait pas trop comment l’interpréter. « Vous cherchez quelque chose ou quelqu’un ? » Et si elle venait de tomber sur quelqu’un qui voulait l’achever ? Un flot d’adrénaline coula dans ses veines. Elle avait une trentaine d’année. Ce visage... « Votre visage... Qui êtes-vous ? ». En réalité, Blake avait croisé une photo dans le dossier de Charlize. Equilibrium. Toujours ce nom de code pour camoufler les pires crimes d’un gouvernement corrompu. Certains devaient influencer Moira, après tout, elle leur demandait conseil et faisait tout autrement par la suite. Soit elle était folle, soit certains tiraient des ficelles dans l’ombre. L’un dans l’autre, la lumière de la Justice devait éclairer la situation et rétablir l’ordre. « Si au passage vous avez quelque chose contre les nausées, je suis preneuse... Je suis terrassée par... Je ne sais quoi. Vous travaillez ici ? » Faire la conversation pour faire diversion. N’étant pas sûre des intentions de cette femme qui était sur le pas de sa porte, Blake préférait savoir si sa vie était en péril ou non. Où était Envy ? Jamais là quand elle avait besoin de lui...

Spoiler:

La nuit avait été agitée pour moi. Depuis ma prise de fonction de dirigeante des Altruistes, je tentais de me faire à ces nouvelles responsabilités. Je me suis  entretenue avec le nouveau dirigeant du Conseil. J'ai  cherché à  enregistrer ce qu'allait être mon nouveau rôle au sein de la ville. Ça n'allait pas être une partie de plaisir mais c'était la meilleure opportunité pour s'assurer que les choses tournent mieux en haut, et supprimer la mauvaise herbe.
Cependant, le danger que cela apportait jouait sur mon sommeil, en plus des divers problèmes que nous avons eu ces derniers mois. C'est comme cela que je me suis retrouvée à tourner-virer dans mon lit, sans retrouver le sommeil au milieu de la nuit. Deux jours s'étaient écoulés depuis le discours de Moira à l’hôpital, depuis ma nouvelle prise de fonction. Les moments à l'hôpital me revinrent. Et l'intervention de la dirigeante des Sincères réapparut dans ma tête. Je devais la retrouver,  vérifier qu'elle aille bien. Elle allait pouvoir m'être une alliée de taille. Au vu de ses paroles c'était la meilleure piste que j'avais...

C'était donc décidé. Je quittai mon lit et m'habillai assez rapidement d'un habit conforme à ma faction. Puis je sortis de ma petite habitation et prit la direction de l’hôpital d'un pas rapide, parce que mine de rien l'air froid me gelait les entrailles. A cette heure tardive ou matinale, selon on voit les choses, il n'y avait pas un chat aux alentours. Je rejoins le bâtiment médical au bout de quelques minutes. La température était meilleure, mais ce n'était pas encore la panacée. Peu importe. Il y avait plus de mouvement dans ce lieu, même si l'activité était moins dense qu'en journée. Mais le personnel ne chômait pas pour autant. Les patients ne manquaient jamais dan cette profession.
Je me dirigeai d'un pas décidé vers l'accueil et interpella la jeune femme derrière le comptoir.

«Bonjour...J'aurais voulu voir Blake C. Keyshawn »

« Je suis désolée mais les visites ne sont pas possibles aussi tôt. Je vous... »

« Ecoutez, j'ai été nommée récemment dirigeante des Altruistes. J'ai besoin de m'entretenir assez urgemment avec la dirigeante Keyshawn afin de mener à bien certaines choses. Etes vous sûre qu'il est pas possible que j'attende dans sa chambre quelle se réveille ? »

La femme regarda mon nouveau badge et après avoir jeter un œil sur son vieil écran d'ordinateur, finit par soupirer.

« Très bien, mais vraiment, allez y document avec elle. Elle revient de loin et elle a encore besoin de se remettre.... »

« Je la laisserai se reposer c'est promis. Je ne suis pas là pour la mettre à mal »

La jeune femme sembla le comprendre et m'indiqua le numéro de sa chambre, que je rejoins rapidement. Après avoir monté des escaliers et traversé des couloirs, je m'approchais d'une chambre laissée ouverte. Une infirmière en sortit et dut surprise de me voir débarquer ici, sans doute à cause de l'heure plus que matinale. Mais elle sembla être soulagée au final.

« Vous tombez bien, même si je ne sais pas ce que vous faites ici à cette heure là...Est ce que vous pouvez veilleur sur la patiente de la chambre juste derrière moi ? Je dois aller lui chercher  un médicament. »

J'acquiesçai et la laissai partir. La patiente était dans la chambre recherchée. La patiente en question était donc Blake ! Jetant un œil sur l'infirmière qui s'éloignait dans le couloir, j'entrais dans la pièce où se rétablissait la dirigeante des Sincères. Lorsque je la vis allongée dans son lit d’hôpital, sous les draps blancs, visiblement dérangée par quelque chose – en même temps être hospitalisé n'a jamais rendu les gens heureux-je m'arrêtai quelques secondes au niveau de l'entrée, puis me rapprochai de la demoiselle, rassurée de la voir en meilleure forme qu'après le discours de Moira.

Elle me demanda si je cherchais quelqu'un ou quelque chose. Puis ça semblait faire tilt dans sa tête et elle semblait me reconnaître, enfin à peine. Je us surprise. Est ce qu'elle était devenue amnésique durant sa mésaventure ? Ou bien peut être que les produits qu'on lui a administré lui ont un peu embrouillé la mémoire ? Dans tous les cas, j'allais devoir lui rappeler certaines choses, à commencer par mon identité, même si les présentations ne s'étaient pas vraiment faites entre nous deux...

«Je suis Bellamy Graham. On s'est croisée il y a deux jours durant le discours de Moira. Alors que j'ai contré la Présidente du Conseil, vous m'avez proposé  que je vienne  vous exposer les reproches que j'avais envers ceux qui nous gouvernent...Me voilà, alors que le sommeil n'a pas voulu m'emporter longtemps... »

Je lui fis un petit sourire se voulant rassurant. J'avais la chance avec moi. Je devais en profiter.

« Non désolée, je n'ai rien sur moi. Mais l'infirmière qui vient de quitter la chambre est partie chercher quelque chose.  Elle m'a demandé de veiller sur vous en attendant...Et non je ne travaille pas ici. Mon travail est d'entretenir le cimetière, ce qui n'a pas grand chose à voir... »

Il ne fallait pas que je traîne. Faisant demi tour pour jeter un œil dans le couloir, et ne voyant personne, je rentrais dans la pièce de nouveau et portant une chaise au chevet de la blessée, je m'assis sur le siège.

«J'ai promis à la femme à l'accueil de vous laisser vous reposer. Donc n'hésitez pas à me dire lorsque vous voudrez que je vous laisse tranquille...Je ne sais pas si vous savez, mais la dirigeante des Altruistes a été déchue de  ses fonctions et la Présidente Rosenbach  m'a proposé de reprendre le poste, ce que j'ai fini par accepter...Vous avez annoncé que les accusations au sujet du Conseil devaient passer par vous. Je suis prête à vous aider, de n'importe quelle manière. Ma nouvelle prise de fonction n'est pas anodine. Vous aviez parler de Justice. Je la veux tout comme vous. Je veux le meilleur pour la population de Chicago et je pense qu'en œuvrant ensemble, nous pouvons faire avancer les choses et les améliorer. Qu'en pensez vous ? »