Blessed with a curse

feat Brooklyn

Dans les entrailles de la machine infernale, l'Audacieux s'y sentait à sa place. L'ambiance régnant en ce lieu l'apaisait, donnant à sa vie un semblant de normalité. Peu importait les événements, le Hive demeurait le Hive. Les piliers de bar demeuraient inchangés. Incapable de regarder ailleurs que le fond de leur verre. Les âmes solitaires, désireuses de trouver une douce étreinte, s'armaient d'atouts divers pour attirer les faveurs. L'alcool coulait à flot, peut-être même d'avantages que d'habitudes. Rien... rien ne semblait changer. Pourtant, la ville s'ébranlait. Dans le fond, c'était à prévoir. Le système de faction était défaillant. Nathaniel en avait toujours été persuadé. Pour autant, ça ne le concernait pas. Encore à ce jour, ça ne le concernait en rien. Peu lui importait.

Ne pas s'investir. Jamais. S'investir, qu'importe dans quoi, c'était porteur d'espoirs, d'attentes... et forcément, ça engendrait des déceptions. Des frustrations. Des encombrements dont il s'épargnait volontiers. Bien que la donne changeait. Doucement mais surement. Seulement, il refusait de réellement se l'admettre. Et entre deux prises de tête interne, il examinait ces clients. Des visages familiers. Parfois de simple visage avec un nom, une réputation... mais jamais de réelles échanges. Comme pour cette femme, au comptoir. Il connaissait son nom, une partie de sa réputation et de sa situation... Une infime partie seulement. Les langues les plus aiguisées se chargeaient de colporter bien des mots et des maux. A savoir ce qui était vrai et faux... ce n'était pas de son ressort de toute les manières possibles.

Du coin de l'œil, il voyait son collègue, s'affairant à resservir cette demoiselle d'un alcool fort. Mentalement il fit le décompte du nombre de verre ingurgité par la señorita... et la seconde suivante, il court-circuita son collègue, interceptant le verre. Sans prendre la peine de s'expliquer, il troqua le shooter par un verre d'eau. Son sourire de petit con étalait sur la tronche, il se permit même une petite remarque.

— C'est offert par la maison.  

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Won't you come and rescue me Save my life, rescue me

Brooklyn s’occupait à faire tourner les glaçons au fond de son verre vide en attendant qu’un autre lui soit servi lorsqu’un contenant remplie d’une eau claire apparu dans son champ de vision. Relevant la tête pour faire face à un autre barman que celui à qui elle avait passé commande, elle l’entendit dire que c’était offert par la maison. L’Audacieuse rigola alors d’un rire franc et amusé. Elle repoussa son verre vide pour venir enserrer le plein dans ses doigts fatigués par l’entrainement de sa journée. « J’espère bien vu que ce n’est pas ce que j’ai commandé. » Déclara-t-elle sans ma moindre méchanceté. Elle n’avait aucune raison d’être désagréable après tout, ce type lui rendait probablement service. « Mais merci…c’est beaucoup plus raisonnable que ce que j’avais demandé. » Un flash de tristesse passa furtivement sur ses traits avant de faire revenir un sourire plus chaleureux. Lyn fréquentait suffisamment le Hive pour connaitre le brun, de nom et de tête et si elle voulait continuer à venir dans le bar, elle devait se montrer aimable. Pourtant, elle n’en avait pas particulièrement envie. Au fond, elle était venue là pour boire, pour oublier ses problèmes et s’abimer dans un monde où elle ne ressentirait plus rien. Plus jamais rien si le sort en décidait ainsi. Pourtant, elle tentait de garder un masque dans le monde extérieur. Elle avait toujours un boulot et des amis mais les choses avaient changées, quelque chose s’était cassée en elle. Brook resserra sensiblement ses doigts autour du verre en repensant à cet instant dans la salle d’entrainement, à ce moment où elle avait osé avouer à Salem la vérité et bien sûr, il n’avait pas pris la nouvelle avec le sourire. Au contraire, il l’avait rejeté une nouvelle fois et depuis la demoiselle se sentait plus seule que jamais. Sa seule et plus fidèle compagne restait la boisson. Depuis son échange avec le blond, sa consommation avait sensiblement augmenté, sa résister à ce délicieux poison aussi. Tous les soirs, elle trouvait une bouteille à vider ou bien, elle venait ici jusqu’à ce qu’on lui refuse une dose supplémentaire, comme à l’instant. Et alors elle était toujours partagée entre l’idée de montrer avec véhémence son indignation, elle était suffisamment grande pour savoir quand s’arrêter, et la reconnaissance de savoir qu’une personne au moins pouvait se soucier un minimum de sa santé. Ce mélange représentait une sensation pour le moins désagréable que l’entraineur tenta de faire passer en descendant l’eau qui lui avait été servie. Après tout le brun ni était pour rien si elle vivait un amour à sens unique et si toutes les personnes à qui elle tenait finissaient par l’abandonner. Repoussant ensuite les deux verres vides vers lui, elle ajouta. « J’aimerai cependant avoir ce que j’ai demandé s’il te plait. » Le ton était ferme mais sans méchanceté, comme lorsque Lyn s’adressait à un de ses prospects, il ne souffrait d’aucune contestation, mais ne donnait pas l’impression d’être un ordre. Posant l’argent sur le comptoir, elle se leva et ignora la pièce qui tournait autour d’elle pour se rendre dans un des booths à la banquette plus confortable que les tabourets du bar, non sans avoir préciser qu’elle attendra son whisky là-bas.

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Blessed with a curse

feat Brooklyn

Son rôle ne se limitait pas seulement à servir de nombreuses consommations. Son rôle ne consistait pas seulement à enivrer les âmes les plus revêches d'un alcool souvent bon marché mais hautement dosée. Non, son rôle ne se limitait pas qu'à ça. Il était l'oreille toujours tendue, celle toujours prête à écouter. Il était les lèvres scellées. Indifférent aux maux du monde, il observait sans jamais défaillir. Sans jamais se trahir. Sous ses yeux se jouaient les instincts les plus bas de l'homme mais également leurs espoirs, leurs rêves et leurs déceptions. Face à ça, il ne pouvait que se protéger, murer dans cette carapace d'indifférence. Une laide armure mais ô combien efficace. Toutefois, rien ne demeure éternellement statique ou bien encore linéaire. Certains soirs, il interfère dans le cours habituel des choses. Ce soir-là, en l'occurrence, il s'avançait sur la pente glissante, celle qu'il empruntait rarement. La brune ne semblait pas avoir mal prit son intervention, au contraire. Il parvint même à lui décrocher un sourire, bien qu'il doutait de la sincérité de l'audacieuse. Ces fêlures cachées suintaient autant qu'une plaie infectées. Et son naturel autoritaire reprit ses droits, lui dévoilant une main de fer dans un gant de velours.

Le ténébreux resta un instant sans réagir, zieutant l'audacieuse s'éloignant déjà au profit d'un fauteuil plus confortable. Son sourcil épais se haussa alors qu'il commençait à s'affaire au comptoir. Prenant en main deux nouveaux verres et une bouteille de fort, Nathaniel s'en alla rejoindre la jeune femme. Avec aisance et sans aucune gêne, il s'installa à ses côtés et leurs servis deux consommations. Une pour elle, une pour lui. La fin de son service approchait, il pouvait donc se permettre ce petit intermède. Que c'était bien pratique.

— Maintenant que tu as ce que tu voulais, tu te sens mieux? questionna t-il, la scrutant du coin de l'œil.

Contrairement à ce qu'il pourrait éventuellement laisser croire, il n'émettait aucun jugement. Venant de lui, ça serait d'une hypocrisie dont il ne s'affublait aucunement. En son sens, il se contentait de soulever une évidence. Et parfois, l'évidence rechignait à se dévoiler sous les regards voilés par la douleur et l'ivresse.

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Tanguant comme sur le pont d’un bateau ivre, Brooklyn rejoignit un fauteuil sur lequel elle s’installa un peu lourdement en soupirant. Elle aurait pu prendre le verre d’eau, le boire et rentrer sagement chez elle, mais la blonde se sentait encore trop capable de réfléchir, de ruminer pour rejoindre son lit et le silence pesant de ses quartiers. Elle avait besoin de plus d’alcool, de plus d’oubli pour s’endormir sans pensée. Coude sur la table, l’Audacieuse enfouie un instant son visage dans ses mains pour essayer de se convaincre de prendre la bonne décision mais sentait aussi la migraine poindre du combat interne qui l’habitait. La blonde avait l’impression d’être un suicidaire au bord du précipice tentant de trouver une bonne raison de ne pas sauter. Malheureusement pour elle, Lyn n’en trouvait aucune et avant qu’elle n’y parvienne, le barman revint et à sa grande surprise s’installa à ses côtés. Incrédule, elle le regarda placer deux verres sur la table et verser du poison distillé dedans. Il en prit ensuite un pour lui et Brook entoura celui qui devait lui être destiné de ses doigts délicats. Vint alors une question que la belle ne s’était jamais posée. Peut-être parce qu’elle savait qu’elle n’aurait jamais ce qu’elle voulait. Il s’agissait d’un graal inatteignable. Et pour le cas présent elle se contenta de répondre. « Non. » L’entraineur vida ensuite son verre d’une traite et tendit la main vers la bouteille en ajoutant. « Mais ce n’est pas le but de la manœuvre de toute façon. » Sans attendre d’autorisation, elle fit couler un peu de liquide ambré dans son verre. Cependant cette fois Shadow le laissa reposer un peu, se contentant de le faire tourner dans son récipient. « Et toi, tu ne vas pas te faire taper sur les doigts, d’être là à boire avec une cliente au lieu de bosser ? » Ne possédant pas de montre et n’ayant aucune idée de l’heure qu’il pouvait bien être, elle ne se doutait pas non plus qu’il puisse avoir terminé de travailler. Sa voix n’avait portée aucun reproche, au contraire, elle semblait réellement concerner par ce qu’il pourrait arriver au brun, plus qu’à sa propre personne en réalité. Mais puisqu’il était assez gentil pour lui proposer sa compagnie, le moindre à faire était de lui montrer un peu d’intérêt.

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feat Brooklyn

La réponse fut net et concise: non. Non, elle ne se sentait pas mieux et ça ne le surprenait aucunement. Hochant simplement la tête à cette réponse, il s'enfonçant un peu plus dans son siège, se brûlant l’œsophage avec une nouvelle rasade d'alcool fort. Le liquide lui réchauffait déjà l'intérieur de sa carcasse. Quant à savoir si il allait se faire taper sur les doigts... cette remarque le fit immanquablement sourire. De son éternel sourire charmeur bien qu'il ne cherchait aucunement à la charmer, justement.

— A quelques minutes près, je termine mon service.

Gratifiant l'entraîneuse d'un clin d’œil complice, il se redressa convenablement sur le fauteuil et ses coudes allèrent ensuite prendre appuie sur ses cuisses. Ses prunelles se détournèrent de Brooklyn pour mieux inspecter le fond de son verre. La vie à Chicago n'était guère facile et il ne doutait pas des effets miraculeux de ces breuvages fort alcoolisés. Lui-même en usait et en abusait par moment. D'avantages pour tromper l'ennuie avec ses potes que par réel besoin de noyer ses problèmes. Néanmoins, il n'oubliait pas non plus les effets néfastes que ce genre d'addictions pouvaient apportés. Pas sur le long terme. Non. Mais bien dans l'immédiat. Les effets néfastes... sur le présent. Une femme, seule, fortement alcoolisée... hum... Cette idée l'enchantait moyennement. Surtout chez les Audacieux. Défenseurs de la loi, ils étaient aussi très enclin à les enfreindre et à bafouer la moralité pour des plaisirs douteux.

— Tu termines ton verre et ensuite je te raccompagne avant que tu sois dans l'incapacité d'aligner deux pas.

Ce n'était pas une question. Ce n'était pas un ordre non plus. Aux yeux du ténébreux, c'était un fait. Un simple fait. Bien qu'une fois sa phrase terminée, un sourire en coin s'esquissait déjà. Il avait le sentiment étrange qu'elle ne le laisserait pas faire aussi facilement.

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Brooklyn hocha doucement la tête pour montrer qu’elle avait écouté la réponse du brun à sa question. Il avait bientôt terminé et méritait donc une petite récompense pour son devoir accompli. Dire qu’elle s’était démenée pour son poste, pour son statut alors qu’elle aurait tout aussi bien pu finir derrière ce bar à enivrer les gens plutôt qu’à forger le futur de leur Faction. Elle aurait ainsi évité le rapprochement et puis l’éloignement soudain de Salem. Peut-être avait-elle finalement raté sa vocation pensa-t-elle en dissimulant l’amusement que cette réflexion provoqua en elle. La jeune femme n’aurait en réalité jamais pu tenir derrière un comptoir, elle avait dans l’idée qu’il était assez mal vu de descendre la marchandise plutôt que de la vendre. Prenant une nouvelle gorgée d’alcool, elle releva ensuite des yeux surpris vers le jeune homme qui venait de lui indiquer la suite de la soirée. Une tournure inattendue. Ne cesserait-il donc jamais de la surprendre ?! L’entraineur soupira bruyamment à l’idée de devoir rentrer, elle avait encore suffisamment conscience de sa personne et de sa condition, et ce n’était pas du tout l’état dans lequel elle souhaitait être pour retrouver ses quatre murs, non elle voulait être incapable de se souvenir comment elle avait retrouvé le chemin de son appartement, elle ne voulait plus se rappeler du nombre de verres qu’elle avait bu, ni avec qui elle les avait bu. « Disons plutôt que je termine la bouteille et ensuite, tu feras ce que tu veux, je serai suffisamment ivre pour ne pas m’en souvenir demain matin et donc te reprocher quoi que ce soit. » Lyn lui fit un clin d’œil charmeur en réponse à son sourire en coin et remit les doigts sur la bouteille pour remettre un peu de fort dans son verre bien que ce dernier ne fut pas vide. Il avait eu un ton sensiblement autoritaire qui lui indiquait qu’il ne se laisserait pas prendre à son jeu de négociation aussi l’ancienne Érudite userait-elle la faille qui existait dans le fait de finir son verre. Si elle le remplissait à chaque fois avant d’en dévoiler le fond, la nuit pourrait être sans fin.

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