❝ Now you can't get mad , feat. Brooklyn O'Malley & Salem L. O'Malley. ❞

SUITE DE : tarzan boy.

Avec la grâce d’un morse obèse qui glisse sur sa banquise, je me rétame sur la surface encombrée et gluante d’anciennes consommations du zinc en bois lustré. Je m’appelle Salem Lincoln O’Malley, né dans la faction des Érudits, que, pour des raisons obscures, j’ai quitté pour la faction des Audacieux, servant durant de nobles années les forces de l’ordre… suite à un mystérieux incident provoqué lors de ce projet Equilibrium, j’ai perdu la mémoire et me voilà petit fraternel lobotomisé et chômeur qui plus est ! Par tous mes patrimoines, suis-je le seul à trouver que l’histoire de ma vie est un cycle éternel d’incohérences ? Et pourquoi ai-je l’impression d’assister à la déchéance plutôt radicale de cette autre vie rongée par le repentir et ce fatras de monstruosités que je ne peux mentionner parce que cela sonne tout… absolument TOUT sauf Fraternel ? Récapitulatif de ces dernières semaines, tout le monde veut ma peau, tout le monde veut ma tête et sur un plateau d’argent je me suis servi ! Me suis-je déjà pris des raclées aussi prodigieuses et violentes ? Je l’ignore.  Est-ce que ces rustres mal enfumés et disjonctés du bulbe ont véritablement raison de me cogner dessus ? Je l’ignore. Cet autre moi, il faisait comment pour supporter la douleur et encaisser les coups ? Je l’ignore. Tout ce que je sais, c’est que, d’après le bouche à oreille, c’pub, d’allure bucolique, c’est le bar le plus en vogue dans notre arrondissement du soleil content et qu’à défaut de pouvoir patauger dans une piscine d’antiphlogistine… eh bien, mes chers amis, j’engourdis mon mal de l’être, de l’âme, du corps, de vivre, ici-bas, dans le tréfonds de cette bouteille de fort qui décape non seulement un palais, mais aussi les papilles gustatives, les gencives et tout le gosier en entier !

Boire. Boire jusqu’à n’en plus rien voir. Boire jusqu’à n’en plus rien percevoir. J’en suis où dans le résumé de cette passionnante et pittoresque épopée ? Ah, ouais, avec la grâce d’un morse obèse qui glisse sur sa banquise, je me rétame la face sur la surface encombrée et gluante d’anciennes consommations du zinc en bois lustré. Je m’appelle Sale---

- SALEM LINCOLN O’MALLEY !  

Hin ?! Mes yeux rougis par la fatigue se cherchent une brèche entre les mèches rebelles de ma claire toison de blé qui, de plus en plus crinière indomptable, sous peine de ne pas l’avoir tondue depuis ma sortie de l’hôpital, se voit être très encombrante et un iota agaçante à ainsi toujours retomber sur ma figure de petit ange barbu au fessier béni.

- T’as l’air en forme. Un peu maigre. Un peu l’air sorti d’une benne à ordure. Mais t’as l’air en forme. Le look hippie clodo, c’est original. Ha ! Ha ! Ha !

AH ! AH ! AH ! Au secours. Nom d’une pipe de papi, ne me dites pas que je connais c’type ?! SI ? Mais pourquoi et en quel honneur ?

- Les rumeurs disent vraies. Déchu des Audacieux, tu es maintenant des nôtres ?

- Les rumeurs ? que je couine, d’une petite voix qui donne à penser que je me suis coincé une testicule dans la fermeture à glissière de mon pantalon, joue toujours plaquée sur le comptoir du zinc, une paluche ancrée à ma bouteille de Jack Daniel's, la jumelle allongée sur le bois, le corps à moitié acculée entre mon tabouret et l’énorme gabarit de mon interlocuteur d’allure un brin malséante avec ce sourire édenté.

- Tu ne te souviens de rien. Les rumeurs sont aussi vraies à ce sujet. Tu ne te souviens pas de moi ?

- Euh…

Effectivement, sympathique monsieur, j’ai un trou noir à la place du crâne et ce dialogue commence doucement à me déstabiliser. Gêné, embarrassé, je redresse le tronc, colle tout contre moi ma bouteille de fort, réflexe viscéral de petit autiste qui recherche un sentiment de sécurité.

- S’était lors d’une chaude et humide nuit d’été…

Hum-uh.

- Jamais personne n’avait autant pris soin de moi… n’avait pris le temps de me soulager…

UH-HUM !

- Tu avais été magique, Salem.

Muh-hu ! Horrifié, esquissant ces bonds de chèvre des montagnes qui saute d’un rocher à un autre, me voilà qui longe le bar en m’assoyant de tabouret en tabouret, pourchassé par cet énorme yéti au sourire sans dents. Chasse à l’homme endiablée, j’ai les chocottes qui secouent les genoux, ma vision soudainement floue, je ne vois pas que la lignée de tabourets s’arrête pile poil où le zinc s’arrête, alors me voilà qui s’écrase comme un amas de morve écœurante sur le sol, la voix nasillarde de mon sympathique paysan qui se rapproche trop prestement.

- Tu veux voir le miracle que tu as créé ? qu’il demande, question rhétorique, parce qu’il m’enfourche presque, écartant de Paris à Tokyo les jambes, m’exposant à la gueule une vue imprenable sur le froc de cette salopette trop ample.

Mes yeux biglent sur le service trois pièce camouflé, paupières batifoles, ce grand écart éveillant en moi le même éblouissement que devaient ressentir Moise et son bâton magique séparant miraculeusement les eaux de la mer Rouge. Saperlipopette ! Mais quel genre de miracle ai-je créé ? Et pourquoi j’ai le pif collé dans cet entrecuisse ?  Non. Nenon. J’suis gay ?! Ne me dites pas que je suis gay ?!

- Voici comment Penny est devenue Benny.

Décrépitude intérieure, je ne comprends RIEN ! Cela doit transpirer sur mon visage parce que… Penny… Benny ? Bref, mon sympathique monsieur s’esclaffe d’un rire ben gras et bien franc.

- C’est toi, Salem, qui a financé ma chirurgie. C’est grâce à toi. Tu es le fruit de mon Benny intérieur.

Mes fusibles pètent toutes en même temps, dans ma tête, c’est plus un trou noir, mais le néant le plus obscur.

- J’suis un transsexuel, Salem. Tu as changé ma vie. Tu m’as sauvé la vie.

DOUX JÉSUS ! Mon sympathique monsieur… c’est… c’est une sympathique madame ?! J’suis daonc pas gay… si ?

- J’ai jamais eu l’occasion de te montrer ma gratitude.

- Hahaha ! Je vous assure, ne rien me montrer du tout, c’est parfait, que je gazouille, aux abois, tandis que je plaque le goulot de ma bouteille à mes lippes et avale de généreuses gorgées.

- T’as besoin de quoi que ce soit. Viens me voir. Allez, sois sage sur le biberon magique, moi, je dois aller retrouver ma chérie.

Et il tire sa révérence...
Par tous mes patrimoines. Mais au final, j’suis gay ou pas ?!
Je ne comprends rien ! Mais quelle est cette vie compliquée que j’ai menée ?!
Donnez-moi un signe, n’importe quoi, qui peut ainsi mettre en lueur certaines zones d’ombres de mon existence !

Memories will keep me close When you walk away. ft. Salem & Brooklyn

Brooklyn avait une nouvelle fois laissé ses pas la mener jusqu’au Harvest sans réfléchir à son itinéraire. Pour autant cette fois ce ne fut pas à cause de ce qu’elle pourrait boire qu’elle hésita à passer le pas de la porte. La dernière fois qu’elle était venue dans ce bar elle avait fait des choses…dont elle n’était pas fière, clairement. Elle s’en voulait terriblement parce qu’elle ignorait toujours ce qui lui avait pris d’agir de la sorte. L’Audacieuse n’était pas du genre à forcer la main de qui que ce soit, elle n’était pas du genre à désobéir aux ordres et à agir avant de réfléchir. Mais elle se souvenait de ce qu’il s’était passé dans la réserve comme d’un rêve. Incapable d’agir par sa propre volonté, observant le tout comme hors de son corps sans plus le moindre contrôle de ce dernier. Une sensation des plus désagréable d’ailleurs et qui lui donnait la nausée rien que d’y repenser. Elle se souvenait aussi vaguement de Gray durant l’Equilibrium Project mais là encore comme dans un rêve et elle ne l’avait plus revu ensuite. Il serait peut-être temps pour elle se s’excuser même si elle doutait que cela se fasse sans heurt. Avec appréhension et un léger tremblement de la main, la blonde poussa la porte du bar et constata avec un mélange de déception et de soulagement que le brun n’était pas derrière le comptoir. Comment aurait-il pu l’être ?! Elle l’avait vu se faire condamner à devenir un Sans-Faction et escorter hors de la Tour Willis mais une partie d’elle-même avait presque espérer qu’il serait facile de le retrouver ce qui ne faisait qu’augmenter son sentiment de culpabilité. La jeune femme serra les mâchoires et se trouva une place dans un recoin du pub pour se cacher du monde et pouvoir l’ignorer pendant un moment. Elle avait fait tellement d’erreur ses dernières semaines qu’elle se demandait véritablement pourquoi elle n’avait pas suivi les instructions de Salem sur ce maudit toit et ne s’était pas injecté tout ce qu’elle avait pu dans ses veines pour en finir une bonne fois pour toute. Toutefois sa volonté de remonter la pente n’était pas de fer tous les jours. Il y avait quelques petits trucs qui la maintenait en vie mais mettre les pieds ici lui donnait juste envie de commander une bouteille et de ne décoller que lorsqu’elle en verrait le fond. Elle ne pourrait jamais rien réparer de ses fautes même si une main tendue essayait de lui faire croire le contraire et ce fut avec toute la force de sa détermination qu’elle ne demanda qu’un soda à la serveuse venue lui demander ce qu’elle prendrait. Pourtant son corps entier lui réclamait une dose d’alcool. La moindre petite goutte pourrait être un tel soulagement au même titre qu’un retour en arrière significatif dans sa guérison. Lyn pourrait au moins se targuer d’avoir surmonté un obstacle ce jour-là et au stade où elle en était dans sa vie il n’y avait pas de petite victoire, tous ses succès comptait pour retrouver son ancienne personnalité et surtout sa place au sein de sa famille, au sein de sa Faction. Car à ne plus rien faire à cause de sa dépression et de sa blessure en talon, elle était un lion en cage. Tourner toujours entre les quatre mêmes murs sans fin rendait plus fou que n’importe quoi d’autre. Devoir se tenir à carreau, ne pas faire le moindre écart, obéir aux ordres, suivre une ligne de conduite et s’y tenir 24/7, tout cela lui semblait si dur et pourtant elle savait tenir le bon bout. Toute à ses réflexion depuis des heures Brook sursauta à en renverser son verre en attendant un nom crier à travers le bar. « SALEM LINCOLN O’MALLEY ! » Impossible, pensa-t-elle en levant les yeux du bazar qu’elle venait de créer. Elle n’avait pas prêté la moindre attention à son environnement depuis qu’elle était arrivée et avait en conséquence raté celle de du blond. Elle ignorait qu’il était là et depuis combien de temps. Elle se leva en tout cas pour parcourir le Harvest du regard et trouver la silhouette familière. Son cœur manqua un battement lorsque ses yeux se posèrent sur lui avachi sur le bar et en pleine conversation avec un hurluberlu. Il ne semblait plus avoir sa carrure d’Audacieux et il n’en avait plus la prestance non plus constata-t-elle avec amertume. Leur dernière entrevue ne s’était pas bien terminée, elle avait même eut un gout d’adieu et lorsqu’il avait été emmené ensuite parce que dangereux pour la société elle n’avait plus jamais cru le revoir. Et pourtant il était là, devant ses yeux, vivant. Lyn sentit son rythme cardiaque s’accélérer de concert avec sa respiration et les larmes qui lui montaient aux yeux. Elle le détesta de lui faire encore autant d’effet alors qu’il l’avait rejeté pour de bon. Une bonne chose certainement d’un œil externe car elle remontait la pente depuis qu’il ne gravitait plus autour d’elle mais Brooklyn savait qu’il était une addiction dont elle ne guérirait jamais. Si des années d’éloignement n’avaient pas pu lui faire oublier ses sentiments, rien n’y ferait jamais. Plantée là, incapable de bouger pour aller le voir, la blonde le regarda faire tous les tabourets du bar jusqu’à s’écrouler lamentablement par terre tandis que l’homme qui l’accompagnait lui faisait admirer son paquet en contre plongée. Une chose qui la choqua par ailleurs car elle pensait l’établissement plus classieux que cela mais en regardant son passif dans l’endroit elle n’avait rien à redire. Lyn attendit que l’autre s’en aille pour ensuite s’approcher lentement du blond qui s’affairait à descendre une bouteille d’alcool. Cela ressemblait presque à un mauvais flashback mais où leur position s’étaient inversées en cours de route. Avait-elle eut l’air si pathétique sur le toit de la Fosse ?! Pour qu’il décide de l’abandonner aux bras de ses démons à jamais, très certainement. Que comptait-elle lui dire de toute façon en arrivant à sa hauteur ?! Brooke avant autant envie de lui en coller une autre les deux yeux que de lui sauter au cou pour l’embrasser. Elle pouvait le haïr de toute ses forces, il lui manquerait toujours une partie de son cœur lorsqu’il était loin d’elle. A moitié vivante et à moitié morte quand elle n’était pas là. Il lui manquait comme la lune manquerait à la nuit ou comme Roméo à Juliette. Mais il n’était plus qu’à quelques centimètres et une larme solitaire coula le long de sa joue. « Salem… » Rien de plus qu’un murmure passa la barrière de ses lèvres tandis que l’Audacieuse s’accroupissait près du blond tendant la main pour l’effleurer s’attendant presque à ce qu’il disparaisse quand elle le toucherait parce qu’il n’était qu’une illusion de son cœur esseulé. « Salem c’est toi ?! » Déclara-t-elle, sa voix transpirant tout son amour pour lui et son incrédulité à le retrouver là of all places.

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❝ Now you can't get mad , feat. Brooklyn O'Malley & Salem L. O'Malley. ❞

Tu t’es dessinée dans le coin de mon œil, soudainement, doucement, un peu comme ces mirages de fumée qui dansent, plein de mystère, dans l’obscurité et magnétisent tous les regards sur elles. Ta voix, murmure d’émois qui semblent t’agiter de bien nombre d’effrois, résonne encore contre les cloisons osseuses de mon crâne, un fourmillement emplit l’espace noir de mon esprit. Je les entends, les invisibles souvenirs errer et se mouvoir, un ballet prestigieux et bouleversant qui éveille tout ce qui reste endormi et vit dans les ténèbres. Tu t’es dessiné dans le coin de mon œil, soudainement, doucement, flammes ondoyantes qui allument le crépuscule de ma mémoire dévastée, pleine de figures funèbres. Mes opalines plongent un instant en les verts marécages de tes beaux grands yeux à la couleur de l’émeraude, l’ultime collision, nos âmes se croisent, s’entrelacent, prennent vie à mesure qu’au fond des obscurités patelines la lueur passe en rêvant, caressant nos carcasses qui flotte dans le vent, comme perdus dans l’espace-temps, là où nos êtres semblent adorer et frémir. Difficile d’ignorer que toi et moi sommes unis d’un Autrefois que je ne connais plus, les pages blanches de notre histoire se dressent hors du flot noir, blêmes troubadours, si pâles silhouettes, tous dansent sur un hymne que je n’entends plus, les notes, pêle-mêle, muettes, s’éveillent au milieu du vide, comblent des silences que je n’avais encore jamais pris conscience, contemplant le front pâle au vert miroir des eaux de ton regard.

Es-tu seulement réelle, dis-moi ?

- Hum. Oui, c’est moi, que je réussis enfin à balbutier, les lippes ruisselantes d’alcool alors que mes yeux s’abaissent lentement vers cette main que tu tends, tes doigts caressant le vide, comme à la recherche de quelque chose de tangible.

Es-tu seulement réelle, dis-moi ?
Suis-je seulement quelque chose de réellement tangible pour toi ?

- La question va peut-être vous paraître incongrue, mais j’ai réellement besoin de savoir. Qui… qui êtes-vous ?

Tout un monde charmant et sinistre palpite, je déglutis de travers, ravalant le magma de ces fous et récalcitrants bouleversements qui s’agitent, remontent dans mon gosier en un assourdissant vrombissement. Mais que se passe-t-il là-haut, au fond du ciel mystérieux de mon crâne ? J’entends notre ode, mais ne comprends pas sa mélodie. Mais tu es apparue, ici, dans le soir, vaguement splendide et vertigineuse. Tu rayonne, pure, ineffable et sacrée. Une étrange apparition, pour une vision qui remplit d’amour mes ombres effarées. Ma paume et mes doigts se resserrent contre le goulot de ma bouteille de fort, tandis que les jumeaux, à la fois troublés et curieusement paisibles, embrassent les hauteurs du vide, mes doigts cherchant et trouvant rapidement les tiens.  

Qui es-tu ?
Es-tu seulement réelle, dis-moi ?
Suis-je seulement quelque chose de réellement tangible pour toi ?

Memories will keep me close When you walk away. ft. Salem & Brooklyn

Brooklyn n’en revenait toujours pas de retomber sur Salem précisément au Harvest où elle n’aurait dû pouvoir retrouver que ses démons pour ce qu’elle avait fait en ces lieux. Mais alors que l’émotion la submergeait comme jamais, elle remarqua qu’il y avait quelque chose de changer chez le blond. Avec la façon dont ils s’étaient quitté à la Fosse, elle aurait cru lire la colère ou la déception ou le mépris sur ses traits mais elle ne trouva que de l’incompréhension. Tendant toujours la main vers lui pour savoir s’il était réel ou si son imagination perturbée lui jouait des tours, il confirma que c’était bien lui, une question qu’elle avait posée plus pour la forme que pour une réponse positive car elle aurait reconnu l’homme de son cœur n’importe où et même dans le noir. Puis quand il ouvrit la bouche elle comprit qu’il y avait véritablement quelque chose qui clochait chez lui. Il la voussoya et lui demanda qui elle était. Sans comprendre immédiatement ce que cela signifiait ce qu’il restait du cœur de Lyn se brisa en une nouvelle myriade de petit morceau. Un moment même elle crut qu’il se moquait d’elle. Quel meilleur autre moyen pour prouver à une personne qu’elle n’existe plus pour vous que de nier son exister en l’oubliant. Pouvait-il être si cruel alors que même si elle si prenait de travers, elle l’aimait plus que tout ?! Plongeant son regard dans le sien cependant, l’Audacieuse décela la sincérité de son interlocuteur, il ignorait qui elle était et de fait la question n’était plus si incongrue. Par tous les saints, que lui avaient-ils fait pour le retrouver si pathétique, lui qui avait été un véritable soleil pour elle. Sa voix se bloqua dans sa gorge l’empêchant de répondre, trop choquée par ce qu’il se déroulait sous ses yeux. Toutefois, lorsque les doigts de Salem se resserrèrent sur les siens, sans qu’il ne s’évapore dans les airs et ne fasse de tout cela un rêve, une sombre idée germa dans son esprit. Son cœur se mit à battre plus fort dans sa poitrine alors qu’une force malveillante lui offrait peut-être la chance de sa vie. Mais pouvait-elle réellement faire cela ?! Pouvait-elle saisir cette occasion dans peur des conséquences ?! De qui se moquait-on, évidemment que Brook le pouvait, elle aurait tué pour se retrouver dans cette situation et là on la lui offrait sur un plateau, qu’importe ce qu’il pourrait se passer plus tard, si elle pouvait être avec lui maintenant. Gardant la main de Salem dans la sienne, son autre main trouva le côté du visage de l’homme et s’en servi pour l’attirer à elle, allant à la rencontre de ses lèvres dans le même temps pour un échange rapide avant de coller leurs front. « C’est moi, c’est Brooke…oh tu m’as tellement manqué ! Salem, mon dieu, j’ai cru que je ne te reverrai jamais ! J’ai cru que tu étais mort… » Ses larmes avaient finies par couler doucement le long de ses joues en un mélange de joie et de tristesse alors qu’un sourire éclairait se lèvres qu’elle reposa plusieurs fois de suite sur celles du blond. Plus rien ne rachèterait jamais son âme désormais mais qu’importe Lyn venait de décider de s’abandonner pleinement au pêcher. Elle s’était vendu depuis bien longtemps à Lucifer de toute manière et ne retrouverait jamais le chemin du paradis mais si elle devait entrainer Salem dans son sillage pour passer l’éternité en sa compagnie alors elle le ferait. Et sans le moindre remord. L’Audacieuse, l’enlaça ensuite franchement pour enfouir son visage au creux de son cou. « Je t’en prie ne m’abandonne plus jamais comme ça, je n’y survivrai pas. » Ajouta-t-elle pour les seules oreilles du pauvre amnésique. Si jamais il lui jouait une mauvaise mascarade, il ne tiendrait jamais après une telle démonstration d’amour de la part de la jeune femme. Et si véritablement il ne se souvenait plus de rien…alors cela voulait dire qu’elle était libre de réécrire l’histoire comme elle le désirait sur cette page blanche que le destin lui présentait aujourd’hui.

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À plusieurs reprises, dans un ballet passionné et endiablé, les saveurs de nos lippes se goûtent. Tes lèvres, voleuses de souffles et de baisers, caressent et effleurent les miennes, qui se pincent en une moue stupéfaite et incrédule. Je sombre. Je sombre dans les vertigineux abysses, mon âme, étrangère qui m’habite, dégringolant prestement dans le ravin alors qu’entre tes mains je laisse reposer mon visage de marbre toujours épris de tes éphémères caresses. Toi, plus réel que matière, plus tangible que l’éther, plus bruyante que les profonds murmures de nos soupirs, plus parlante qu’une fanfaronnade… qui es-tu ?! Toi, plus vide que l’absence, plus délétère qu’une trop longue abstinence, plus pâle que la poussière, plus limpide que l’air… qui es-tu ? Ton amour me semble sincère, mais moi, plus ingrat que l’Oubli, plus lent qu’une agonie, plus hideux que misère, me voilà qui désespère, nous laisse sombrer dans les abysses patelins et les trop creuses ornières. La nuit trouve toujours le moyen de faire un pas, ici-haut, en les moires obscurcies de nos univers juchés qui se fracassent pour toujours mieux nous taillader de leurs éclisses éparses. Je me déchire et m’écartèle entre les saillants crochets de mes plus infâmes tortures. Ne comprends-tu pas que ce que tu étreints avec passion et amour n’est que là une vaine et pauvre illusion ?

Impuissant, avide de réponse que tu balayes d’un revers de main, je laisse nos deux armatures humaines se fracasser de nouveau, nos visages trouvant refuge en les creux de nos épaules, scellant cette réalité incomprise derrière mes paupières closes tandis qu’à ta taille de guêpe se referment mes bras. Je te serre tout contre moi, essaie de comprendre l’indicible mystère. Toi, plus amène qu’un démon, plus onctueuse qu’une potion, je m’abreuve de tes paroles, mais sens un vague étrange broyer mon erratique. Ton amour me semble sincère. L’affection que j’éprouve pour toi est bien là. Mais quelque chose ne va pas. Alors pas du tout.

Mirage, doux mirage, je t’en prie, tu ne me désarmes guère, au contraire, tu ne fais que creuser plus creux l’ornière qui habite et qui en moi agite les noirceurs subites. Ne me plonge pas dans le noir. Ne vois-tu pas que j’y suis déjà depuis trop longtemps ? Toi, tu ne fais grâce à personne, tu te pâmes dans la disgrâce de mon monde trop vaste, trop vide, tu m’entraines en ta ronde…

- Je vous en prie. Répondez à ma question. J’ai vraiment besoin de savoir.

Je bafouille ces misérables paroles, farandole de mon esprit que je vois bien que tu vois pour idole, alors que je m’éloigne doucement de toi, pose à plat mes immenses paluches d’ours parterre et commence à m’éloigner à trainant mon séant sur le sol poisseux.

- Qui êtes-vous ? Pourquoi craindre si tristement ma mort ? Pourquoi…

Je fronce les sourcils…

- Nous sommes ensemble ? Vous… et moi ?

J’hausse bien haut les sourcils.

- Mais quel genre de connard masqué suis-je ! J’ai… déjà une copine. M’enfin… j’avais une copine…

Hormis d’être un assassin avide de sang, me voilà trou du cul coureur de jupon ! Je déteste amèrement cet autre moi ! Désemparé, dégoûté de moi-même, l’échine tendu comme la corde d’un piano, promptement, je me redresse, te contourne, dépose ma bouteille de fort sur une table quelconque, te baragouine ce :

- Je dois y aller. Vraiment. Je dois partir. Je ne suis pas celui que vous croyez…

Bourrelé de sympathie alors que je m’élance déjà vers la sortie.
Mirage, doux mirage, je t’en prie, tu ne me désarmes guère, au contraire, tu ne fais que creuser plus creux l’ornière qui habite et qui en moi agite les noirceurs subites. Ne me plonge pas dans le noir. Ne vois-tu pas que j’y suis déjà depuis trop longtemps ?

Memories will keep me close When you walk away. ft. Salem & Brooklyn

Brooklyn cru défaillir en sentant les bras de Salem se refermer sur son corps. Un moment pur de tendresse entre eux comme il n’y en avait pas eu depuis des mois et des mois. Elle aurait pu mourir à cet instant précis sans plus le moindre regret car elle était dans cette étreinte. Comme si cela était suffisant pour mettre un terme à toutes ses souffrances mais bien sûr cela ne l’était pas. Fugace, il appartenait déjà au passer, comme le blond se reculait doucement, mettant une distance douloureuse entre eux deux. Le désarroi dans son regard, Lyn le connaissait bien, elle portait le même et pouvait l’observer tous les jours dans le miroir, mais elle pouvait lui apporter des réponses, qu’importe quelles soient vraies ou vraisemblables. Lentement un cheminement fit son chemin dans le cerveau de l’ancien Audacieux, elle pouvait le lire en lui alors qu’il prononçait des mots qu’elle aurait tellement voulu être réalité. Ensemble, pouvait-il seulement y croire ?! Une lueur dans les ténèbres mais qui vacilla rapidement alors qu’il annonçait avoir une copine. Une vague de jalousie immense submergea Brook qui pourtant n’était pas en reste d’infidélité envers cet homme qui tenait si indélicatement son cœur entre ses mains tremblotantes. Pour autant, il eut l’air d’hésiter sur cette information. La perte de la mémoire était une sentence bien cruelle ou le vrai et le faux se confondait, les souvenirs et les rêves également. Cette femme existait-elle ou bien était-elle juste une réminiscence…qu’importe elle n’était pas là à ce moment et Brooklyn pouvait l’incarner si cela l’aidait pour ses sombres desseins. L’entraineur tenta de rattraper sa proie qui lui glissa entre les doigts en se relevant pour partir, dépité d’être un connard, selon ses propres mots. La blonde serra les poings, même dans l’oubli, même avec ses suppliques il persistait à l’abandonner perpétuellement. Même dans l’oubli, même avec ses suppliques, il piétinait son cœur en permanence. Mais cette fois, elle ne se laisserait pas faire. Elle ne se ferait pas taire à l’aide d’une seringue ou d’une belle. Avec dextérité, Shadow se redressa pour s’élancer à sa suite et le rattraper. Des deux mains, elle agrippa son bras pour l’obliger à s’arrêter et à se retourner vers elle. Des milliers de phrases passèrent dans son cerveau. Des milliers de choses qu’elle avait à lui dire, qu’elle voulait lui dire et elle hésita sur le bienfondé de cette page vierge qui lui faisait face. De nouveau elle emprisonna son visage dans ses mains pour le forcer à la regarder, à ne voir qu’elle comme elle ne voyait jamais que lui. Son cœur battait toujours aussi vite, menaçant de s’échapper de sa poitrine à n’importe quel moment et ses membres tremblaient légèrement. « Je… » Hésita la jeune femme. « Je suis désolée, te revoir après tout ce temps…je m’y perds. Je t’ai cru mort et je t’ai pleuré, je te pleurs parce que je t’aime… » Sa voix ne souffrait aucun doute et émanait une sincérité sans borne. Il n’y avait là que la vérité même si le temps passé sans se voir n’était pas si grand, en tout cas, il le lui paraissait. Chaque seconde sans le rayonnement de son soleil lui semblait l’éternité. Et confinée dans les ténèbres depuis qu’il lui avait tiré dessus lui donnait l’impression d’avoir passé des vies entières sans lui. Brooklyn dégluti et se mordit une seconde la lèvre inférieure avant de continuer. « Tu veux savoir qui je suis, je vais te le dire... Je suis Brooklyn. » Une évidence déjà énoncer mais la suite, elle l’ignorait encore dans finalement, plongeant ses émeraudes larmoyantes dans celle de Salem, elle continua. « Brooklyn O’Malley. Et je ne suis pas ta copine… » Un fait qui lui brisait le cœur par ailleurs parce qu’elle ne pourrait jamais l’être. « Je suis ta femme. » A peine plus qu’un murmure et le plus gros mensonge qu’elle avait jamais raconté s’échappa de ses lèvres, son plus grand rêve aussi et tant pis s’il ne durait qu’une seconde.

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Dans une poigne, que je ressens désespérée, tes mains se moulent à mon bras et m’emmènent une fois de plus à te faire face. Mes deux billes de saphirs plongent dans les eaux liquoreuses de tes émeraudes qui me dévisagent avec une curieuse lueur. La distance entre nous est une fois de plus brisée lorsque tu m’emprisonnes la figure de tes douces paumes et force les périphéries à se rétrécir puis disparaître. Mes lèvres se crispent, faisant mourir dans un silence oppressant ces mots que je n’arriverai jamais à articuler et m’immolent en le sacrement du plus maudit des damnés. Toi. Je ne vois que toi. Je n’entends que toi. Tes paroles giclent sur ma figure, ébranlent les portes de ma conscience à la violence d’une gifle magistrale alors que mes yeux s’arrondissent comme des soucoupes.  

- Ma femme ?! que je ne peux m’empêcher de faire écho, complètement désemparé alors que ces étaux de fer qui me servent de paluches d’ours s’emparent avec véhémence de tes poignets pour nous arracher de cette étouffante proximité en rabattant sans ménagement tes mains vers le bas.

Nos chairs se libèrent et se délivrent. D’un maladroit pas de recul, je m’éloigne de toi, mais ne cesse jamais de te contempler.

Mirage, doux mirage, je t’en prie, tu ne me désarmes guère, au contraire, tu ne fais que creuser plus creux l’ornière qui habite et qui en moi agite les noirceurs subites. Ne me plonge pas dans le noir. Ne vois-tu pas que j’y suis déjà depuis trop longtemps ?

Ces prières qui reviennent à la charge, me ravage à rivage alors qu’à l’intérieur de moi tout se saccage. Naufrage, nous sommes en plein naufrage. Tu aurais pu nous sauver et nous épargner. Mais tu as choisis les charmes du tombeau, croyant si tristement que notre sort serait enfin quelque chose de plus beau…

- Au risque de me répéter…

Mes paupières embrassent lourdement l’obscurité alors que je lève mon visage vers l’univers juché.

- Je suis désolé, mais je ne suis pas celui que tu crois.

J’essaie de préserver ton cœur, mais j’ai l’impression de l’enfoncer plus ample encore en les inextirpables noirceurs et le sentir s’éclater en myriade de cristaux… cisaillant ton sein agonisant jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de vivant.

- Je ne peux pas t’offrir tout ça.

J’ouvre les yeux et t’observe longuement.

- Je ne le pourrai jamais… Brooklyn.

Cesse de pourchasser nos fantômes. Tu vaux mieux que ça…

- Je suis sincèrement désolé.

Suis-je destiné à te livrer que larmes et souffrance ? Je l’ignore. Cette image de mon dos qui disparaît en les ténèbres, est-ce un souvenir que j’ai l’habitude de laisser dans les replis tortueux de ton âme ? Je ne sais pas. Mais jamais je ne voudrais que tu plonges dans le noir avec moi.

Memories will keep me close When you walk away. ft. Salem & Brooklyn

Seigneur que venait-elle de faire ?! Brooklyn sentit la panique l’envahir depuis les profondeurs de son âme alors qu’elle ne savait comment interpréter le mimétisme vocal de Salem. Etait-elle allée trop loin pour lui faire se souvenir d’elle pour ce qu’elle était véritablement ?! Bien sûr, bien sûr elle était tombée dans le piège de Lucifer qui lui avait quasiment offert cette page blanche sur laquelle écrire l’histoire qu’elle souhaitait mais cela ne pouvait que se retourner contre elle. Parce que cela se déroulait toujours ainsi. Et si pendant une seconde elle avait ressenti la béatitude de s’imaginer lier à lui par le sacrement du mariage, elle savait en son for intérieur que cela n’arriverait jamais, qu’elle ne serait jamais sa femme et qu’elle venait peut-être de commettre l’erreur la plus impardonnable de toute. Elle regrettait d’avoir saisi cette chance illusoire et d’avoir ruiné à jamais sa relation avec le blond. Ce qu’il confirma en utilisant la force pour se dégager une nouvelle fois de son étreinte pourtant faite avec tendresse. Même dans l’oubli, il continuait de fracasser son cœur au sol en excuse pathétique. Lyn voulu protester de toutes ses forces mais aucun son ne parvint à franchir ses lèvres. Agissait-il d’instinct ? Restait-il programmer pour la détruire ?! L’Audacieuse le regarder lever les yeux comme à la recherche d’un phrase pour le guider dans toute cette obscurité qui les entourait. Un rôle qu’elle aurait aimé tenir mais qu’il n’avait jamais semblé voir en elle. Ses excuses furent un ultime coup à son amour pour lui et à son amour propre. Brook pinça les lèvres et le regarda s’éloigné de nouveau, comme toutes ses années auparavant, laissant son cadavre à peine froid dans son sillage, sans se soucier, sans savoir ce qu’il lui faisait. La jeune femme se sentie infiniment impuissante, en le regardant s’éloigner vers la porte. Cette dernière s’ouvrir à la hâte et un groupe de travailleurs pénétra dans le Harvest, poussant sans ménagement le pauvre amnésique de leur chemin. Agissant avant de réfléchir, Brooklyn se précipita vers Salem pour le réceptionner avant qu’il ne trébuche. Elle ignorait son taux d’alcoolémie mais elle l’avait tout de même trouvé avec une bouteille à la main, au sol après avoir raté un tabouret. Il sentait la boisson et ne semblait pas particulièrement frais. Un des éléments qui lui avait permis de tenter sa chance de la sorte, bien que cela s’était révélée sans succès. Glissant à ses côtés pour le soutenir avec un bras autour de sa taille Lyn murmura. « Tu n’es pas en état de rentrer tout seul…je t’en prie laisse-moi t’aider. Pas pour ce que je suis ou ce que je ressens pour toi, juste parce que je ne peux pas te laisser dans cet état. Je te promets, je t’aide simplement à retrouver sa maison. » La belle espéra montrer patte blanche pour qu’il lui fasse suffisamment confiance pour prendre soin de lui. D’autant qu’elle n’avait aucune autre arrière-pensée que de s’assurer qu’il serait en sécurité.

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❝ Now you can't get mad , feat. Brooklyn O'Malley & Salem L. O'Malley. ❞

Alors qu’une fois de plus je cherche à fuir ce qui au fond cesse de me faire souffrir, comme une balle, je me suis élancé vers la porte, celle-ci s’ouvrant à grande volée sur une ribambelle de travailleurs hilares et bavards me passant dessus comme si je n’étais pas là… comme si je n’existais pas. C’est avec un ultime corps me fauchant sans aucun ménagement l’épaule, que je perds pour de bon l’équilibre, vacillant sur celui-ci tel le maladroit funambule que l’on m’a condamné à être. Je chavire et me perds à la dérive. Soudain, ma vie me semble trop molle et trop dure. Rires et larmoies. Tout se confond. Tout se perd dans cet éther. Je ne comprends rien. Tourment, j'endure. Égarement, perdure. Exilé vers ces pays oxydés qui ne rencontrent jamais son ombre salutaire, c’est une fois loin de toi que je réalise que j’ai véritablement besoin de toi. Pardonne-moi. Je t’en prie, pardonne-moi. Ces quelques secondes passés à tes côtés ont tout en un coup asséché et verdoyé, cette cervelle dévastée qui n’était rien d’autre qu’un jardin aride et oublié. Tu es arrivé et les fleurs ont poussés et les couleurs ont commencés à briller. Les parfums se sont soulevés, balayant au loin ces odeurs de petite mort qui un peu trop nous adorent. Exilé vers ces pays oxydés qui ne rencontrent jamais son ombre salutaire, c’est une fois loin de toi que je réalise que j’ai véritablement besoin de toi.

Et je me sens sombrer vers le gouffre qui étouffe, me voyant déjà me rétamer pour une deuxième fois sur ce sol poisseux et rude. Suis-je destiné à ça ? Tomber… à jamais tomber ?

« Tu n’es pas en état de rentrer tout seul…je t’en prie laisse-moi t’aider. Pas pour ce que je suis ou ce que je ressens pour toi, juste parce que je ne peux pas te laisser dans cet état. Je te promets, je t’aide simplement à retrouver sa maison. »

La chute, comme maintenu en suspens. Le vertige, violent vertige, qui s’étiole. Nos corps qui s’entrechoquent doucement, qui s’imbriquent comme deux morceaux de puzzle. Ton bras qui ceinture ma taille et le miens qui s’enroule viscéralement autour de tes épaules. Mes opalines cherchent et trouvent tes émeraudes. La paix. Le calme. Le vrai. Un sourire. Je suis désormais si près de ce qui au fond cesse de me faire souffrir.

Tu n’es pas un mirage. Tu es là. Tu es réelle. Autant que je puisse l’être.
Rêve avec moi, divague avec moi, car sans toi je ne suis absolument rien. Je n’existe pas. Que disparaissent nos atours, oublions qu’elles s’élèvent des ciels noirs griffant nos terres, ces amers qui empêchent de se plaire et se complaire. Ce que tu as dit, comment je réagis. Une histoire qui semble avoir déjà existée et que nous devons tourner décisivement la page.

- Entre tes mains, tu possèdes tout de moi. Tu me semble être quelqu’un de bien, Brooklyn. Je veux bien faire ce bout de chemin avec toi. Ensemble. Nous marcherons ensemble.

Taux d’alcoolémie et pensées alambiques qui parlent en paraboles. Est-ce que tu sauras comprendre la nuance ? Est-ce que tu sauras reconnaître que je veux aussi être là pour toi et que je suis lassé de t’abandonner ? Mes mots rêveurs, j’espère de tout cœur qu’à ton cœur douloureux ils s’impriment. Devenons deux vagabonds qui divaguent dans les noirceurs pour désormais mieux se retrouver. Devenons ce que le destin nous a toujours interdit d’être ; deux être qui sont là pour se chérir. Simplement. Tout simplement.  

Je me resserre un peu à toi. Dans ce monde aussi trouble, j’accepte de faire ce bout de chemin avec toi. Un pas. Un deuxième pas. J’avance à ta cadence. Ma main empotée pousse la porte et nous sortons pour de bon de ce pub bourrelé de cacophonie. L’air frais nous frisonne et cajole. Et enfin je me sens bien… avec toi.

- Au bout du chemin de terre battue, ma maison, elle est.

Je parle mal. Le choc de la soirée qui me retombe pour de bon dessus.
Je m’apaise. Avec toi, je m’apaise.

Memories will keep me close When you walk away. ft. Salem & Brooklyn

C’était un peu étrange pour Brooklyn de se retrouver dans cette situation. Un bras autour de la taille de Salem et celui de ce dernier autour de ses épaules, elle se retrouvait à être le pilier de leur duo atypique. Toutes ses années à le voir comme un phare au milieu de la tempête qu’était la vie, tout ce temps à s’appuyer sur lui pour s’élever, pour trouver le meilleur dans soutien dans l’adversité. Même alors qu’il l’avait abandonné à son sort et continuait inlassablement de répété l’histoire chaque fois qu’elle croyait le saisir et pourtant après toutes ses heures perdues à chasser son ombre, elle se trouvait là pour lui au moment où il en avait besoin. Une manière d’atténué quelque peu l’orgueilleux péché qu’elle venait de commettre en lui mentant sur son identité. Elle le regrettait déjà et attendait déjà aussi le retour de manivelle ou son château de carte s’effondrerait et achèverait de les séparer pour toujours. Mais ne devait-elle pas en profiter un minimum avant ce moment fatidique ? Lyn y réfléchirait plus tard, car pour le moment, elle n’avait aucune de ses idées en tête. Seul lui importait Salem, l’idée de le savoir chez lui en sécurité plutôt qu’à déambuler ivre dans sa nouvelle faction. Qui savait les conséquences que cela pourrait avoir si on le prenait dans cet état ou s’il lui arrivait quelque chose durant ce laps de temps où elle l’aurait laissé, livré à lui-même. Ainsi le suppliant de le laisser l’aider, elle rachetait un peu son âme pourtant déjà irrécupérable. Le blond lui offrit alors un sourire étrange que l’Audacieuse ne sut décrypter tout comme les mots qui suivirent. Bien sûr elle en comprenait le sens, mais elle ne savait qu’en faire, comment les interpréter. Comment pouvait-elle posséder quoique ce fut de lui alors qu’il passait son temps à la fuir ?! Etait-il littéral lorsqu’il disait vouloir marcher avec elle ou bien pouvait-elle y lire une sorte de promesse, d’aveux peut-être que son mensonge avait pris racine ?! Ou bien tout simplement était-ce la boisson qui parlait pour lui ? Brook n’avait aucun moyen de le savoir et elle sentait que si elle cherchait à comprendre elle pourrait être déçue. Décidant qu’il parlait simplement de rentrer chez lui, elle intima un mouvement vers l’avant et le laissa pousser la porte du pub pour retrouver l’air frais de l’automne. L’imitant elle resserra sa prise sur son corps pour qu’il ne puisse pas tomber même s’il venait à trébucher ou à cogner contre une pierre. En s’emmêlant un peu les pinceaux, Salem lui indiqua sa maison et lentement elle l’y guida. Elle surveillait le chemin pour qu’il ne marche que sur du plat et y aller doucement pour ne pas troubler ses sens. Prendre soin lui, c’était ce qu’elle lui avait promis et c’était ce qu’elle se contenterait de faire. Lyn lui devait bien cela. Et une fois devant la porte elle remercia les maisons des fraternels qui n’avaient pas de porte ou qui ne les verrouillait pas, lui ôtant un obstacle. « Aller on y est presque. » Souffla-t-elle doucement en pénétrant dans le bâtiment. Brooke trouva le lit et l’y escorta, ne pouvant s’empêcher d’imaginer ce que cela pouvait faire de se coucher à ses côtés dedans. De se réveiller au petit matin, blottie contre lui et humant son odeur. Toutefois, concentrée sur sa mission de bon samaritain, la jeune femme chasse bien vite ces idées pour aider Salem à s’asseoir. Elle se positionna ensuite à accroupi devant lui pour ne pas le dominer et pour montrer, toujours qu’elle se présentait en alliée. « Je vais aller te chercher de l’eau et un linge frais. Tu vas réussi à te déshabiller ou tu as besoin d’aide ? » Il lui fallut cette fois toute la volonté du monde pour ne pas l’imaginer nu, pour ne pas s’imaginer en train de caresser sa peau et apprendre par cœur la sensation de ses muscles sous ses doigts. Et c’était pour cela que Lyn l’invitait à le faire tout seul, car elle ne savait pas si elle pourrait se contenir, si elle se retrouvait obliger de lui retirer ses vêtements pour qu’il puisse dormir confortablement.

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À la lourdeur d’un sac bondé de briques, je m’affale sur les moelleux coussins de mon canapé, mon échine allant lourdement rencontrer le dossier de ce dernier alors que je sens tanguer sous mes pieds le sol et vois danser devant mes yeux vitreux ta mirifique silhouette et le reste du décore. Un sérieux taux d’alcoolémie dans le sang. J’ai un sérieux taux d’alcoolémie dans le sang, idée grotesque de se bourrer la gueule, surtout dans l’état piteux en lequel je peux me noyer. Mes azurs se lèvent doucement sur toi, te dévisagent paisiblement, toujours ce doux sourire d’accroché aux lippes alors que je hoche approbativement de la tête pour répondre à tes questions.

- Je crois que je vais y parvenir, que je balbutie, m’accaparant à me délaisser de mes chaussures avec mes pieds, tandis que je retire ma veste de sur mes épaules. Mes gestes sont lourds, maladroits, mal calculés, esquisse d’un corps empoté d’ivresse et de fatigue. Demain je vais avoir une sale gueule et de bois !

Sans trop savoir où je lance ma veste, mes énormes paluches d’ours viennent rencontrer la bordure inférieure de mon t-shirt que je retire avec paresse et envoie valser Diable sait où dans la pièce. C’est en me calant plus confortablement dans le canapé que je lève à nouveau les yeux vers toi et te lorgne d’un regard étrange. Ce sentiment de plénitude qui enivre et parfum l’éther. Tu es un phare dans ma tourmente. Ainsi unis à toi en ces soirs bien trop noirs, tes moires et lueurs se pâment sur mon récif.  Ombre charmante qui sort du brouillard de mon esprit et à qui sans cesse je souris. Tu es ce regard que je veux contempler dans les ténèbres patibulaires des univers juchés.

- Dans la cuisine, tu trouveras un linge et tout ce que tu as besoin pour me dépatouiller, que je t’indique, levant mollement le bras droit devant et pointant de mon index le lieu désigné.

Docile, sage, je reste sur le canapé, attends ton retour, le torse mis à nu, tatoué d’ecchymoses et d’égratignures. Vestiges de cette raclée que je me suis pris ce soir. Je déglutis de travers, sens l’écorchure que mon arcade droite me piquer un peu.

- Rafistoler un pantin effiloché, j’imagine que tu avais prévu meilleure activité pour ce soir, c’est-ce pas ? Tout à l’heure, au bar, je me suis conduis comme un pauvre imbécile. Et je tiens à m’excuser…  

Tu es un phare dans ma tourmente. Ainsi unis à toi en ces soirs bien trop noirs, tes moires et lueurs se pâment sur mon récif.  Ombre charmante qui sort du brouillard de mon esprit et à qui sans cesse je souris. Tu es ce regard que je veux contempler dans les ténèbres patibulaires des univers juchés.

Si je te demandais de rester pour la nuit... resterai-tu, dis moi ?

Memories will keep me close When you walk away. ft. Salem & Brooklyn

Brooklyn offrit un léger sourire plus appuyer à Salem, lorsque ce dernier lui annonça pouvoir se dévêtir seul. En d’autres circonstances, elle en aurait été déçue, elle aurait voulu le déshabiller et redécouvrir ce corps qu’elle avait pourtant connu presque part cœur. Mais justement le moment n’était pas à ses fantasmes, elle avait promis de venir en toute amitié, en parfait soutien et devoir frôler sa peau aurait pu la dévier de cette pieuse mission qu’elle s’était fixée. Elle se redressa également prête à farfouiller un peu la maison pour trouver ce dont elle avait besoin pour le débarbouiller un peu mais la jeune femme se figea une fois debout en le voyant commencer à retirer ses vêtements. Contenir son désir lui demanda toute la volonté du monde et ses ongles enfoncés dans la paume de sa main pour calmer l’excitation qui parcouru son corps en découvrant son torse parfait bien que mutilé. Pourquoi fallait-il qu’ils partagent le même sang ?! Profitant de la diversion offerte parce l’indication de la cuisine, Lyn s’y précipita et se passa un peu d’eau sur les joues et dans la nuque pour refroidir ses propres ardeurs avant de s’intéresser sa tâche principale. Elle trouva un linge qu’elle passa sous l’eau froide avant de le poser quelques secondes dans le congélateur pour le refroidir d’autant plus. Elle prépara ensuite un grand verre d’eau et ouvrir les différents tiroirs pour trouver un peu de paracétamol à rapporter au blond. Elle chercha également un baume ou une crème pour les bleus qu’elle avait vu sur lui ainsi que du désinfectant. Les trouvant dans la salle de bain jusqu’où elle avait poussé ses recherches. L’Audacieuse prit ensuite une minute pour elle, pour se préparer psychologiquement à rester dans le stricte cadre de l’entraide alors que Salem allait se trouver à porter de main, allait se trouver à sa merci et sous l’influence de son mensonge. Elle était prête à damner son âme encore peu plus. Cependant elle ne tenait pas à trahir sa promesse. Ainsi lorsque Brooke fut certaine d’avoir rassemblé ses forces, elle alla reprendre le linge bien frais dans le freezer, le posa dans le premier plat qu’elle trouva avec son semblant de pharmacie et le verre d’eau dans l’eau main. Elle revint vers le blond affalé dans son canapé et s’agenouilla près de lui. Contre toute attente il s’excusa de son comportement, une chose qu’il n’avait jamais fait jusque-là. L’entraineur se mordit la lèvre et puis secoua la tête, s’emparant du linge et le posant délicatement sur le front du jeune homme. « C’est…c’est gentil, mais c’est moi qui devrait m’excuser…J’étais tellement sous le coup de l’émotion de te retrouver que je n’ai pas pris en compte que pour toi ça allait être un choc. J’ai été égoïste et j’espère que tu trouveras en toi la force de me pardonner... » Une partie du poids s’évapora de sur ses épaules, comme elle s’excusait pour bien plus que pour ce qu’il s’était passé au bar. Elle avait tellement à expier que ce moment ne suffirait jamais, mais c’était toujours un début. Shadow lui tamponna ensuite les joues, le coup et un peu le torse pour le rafraichir, pour éloigner les vapeurs d’alcool avant de lui remettre en travers du front. Sur du coton, trouver avec le désinfectant, elle en versa quelques gouttes et s’appliqua à en mettre tout doucement sur son arcade blessée et les endroits où elle repéra un peu de sang, touchant le corps de Salem avec délicatesse, comme s’il s’agissait de l’objet le plus précieux qu’elle pourrait jamais toucher. Et avec le même dévouement, la demoiselle appliqua de la pommade sur les ecchymoses qui constellaient son torse. Lyn termina en faisant aussi doucement que possible et puis posant enfin son regard dans les azurs de cet homme qu’elle aimait tellement, elle se força à lui annoncer son départ, ne pouvant pourtant pas cacher la douleur qu’elle ressentait à le faire. « Voilà, je t’ai mis de l’eau et de l’aspirine sur la table pour maintenant et pour quand tu te réveillera…et je vais te laisser tranquillement maintenant. »

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❝ Now you can't get mad , feat. Brooklyn O'Malley & Salem L. O'Malley. ❞

- Non.

Le sentiment d’urgence qui m’érafle les cordes vocales et éraille ma voix me surprend moi-même. Mon poing gauche, tenant le linge imbibé d’eau, qui se crispe que davantage, compressant le bout de tissu sur mon arcade blessé alors que ma main droite trouve le chemin qui la ramène sitôt à ton poignet que j’étreins doucement entre mes doigts. Mes yeux anesthésiés te cherchent, te trouvent, te contemplent et te dévisagent. Je t’empêche de partir, resserrant mon emprise sur ton bras, déglutissant de travers la salive qui me remonte dans le gosier :

- Je veux dire… tu peux rester ici. Pour la nuit.

J’ai besoin de toi. Ne quitte pas. Ne me laisse pas. Il m’a suffit que tu me parles pour que je me perde, mais il m’a suffit que tu me regardes pour que je comprenne le souvenir que je veux être. N’importe quoi. Je ferais n’importe quoi, pour retrouver et bénéficier de tout ce que nous avons perdu. En ce ciel trop sombre qui hante tous les recoins de mon crâne, je peux voir cette étoile illuminée que je ne voyais pas avant… avant toi. J’ai besoin de ta douceur, elle bouge mes terreurs et horreurs. Je peux te le dire ou le taire, le fait est que tu sembles partager ces émois contraires, tous les deux, manèges désertés où plus rien ne chante… si tu m’arraches à toi.

Si je te demandais de rester pour la nuit... resterai-tu, dis moi ?

Prenant conscience de ma maladresse, je libère ton poignet de ma main, me replaçant sur le canapé, de manière à te faire comprendre qu’il y a une place pour toi et que tu peux la combler seulement si tu le souhaites. Pour faire passer le malaise et la gêne, je me distrais en prenant le cachet que j’avale avec une salutaire gorgée d’eau, fermant un instant les yeux, voyant briller dans les noires et profondes ténèbres cette étoile illuminée que je ne voyais pas avant… avant toi.

- Merci. Merci pour tout. J’ai énormément de chance d’être tombé sur toi.