Phoebe

« Dans la vie, contrairement aux échecs, la partie continue après échec et mat. » Isaac Asimov

Feeling broken. Barely holding on. But there's just something so strong somewhere inside me. And I am down, but I'll get up again, don't count me out just yet... !
Les événements s'étaient enchaînés et bousculés, et ce depuis plusieurs mois maintenant. Depuis que Rosenbach avait décidé de rééquilibrer la donne en sa faveur, de refaire passer les tests et de remettre dans la « bonne » faction ceux qui avaient fait une erreur de parcours. Outre la raison évidente pour laquelle elle avait imposé cela, sa technique enfonçait le clou sur un point important que personne ne semblait avoir vu : depuis notre naissance, on nous fait croire que l'on a le choix. Un choix dont on devra assumer les conséquences, mais un choix qui reste le nôtre. On prétend que les sérums ne sont là que pour nous guider dans notre choix, mais que le résultat final n'est déterminé que par nous seul. Autrement dit, un Altruiste dans l'âme peut très bien devenir un Sincère. Il peut le regretter toute sa vie, voire carrément rater les épreuves et finir à la rue avec les Divergents et les Sans Factions, mais c'est un choix qui lui revient et changer de faction est hors de question. Une loi que Rosenbach a non seulement sciemment ignoré, mais qui souligne et surligne la dictature dans laquelle nous vivons.
Il y avait eut la disparition de Salem, puis sa réapparition chez les Fraternels, incapable du moindre souvenir, pour enfin finir touché par ce virus mortel... inutile que je vous refasse le speech dessus je présume. Puis il y avait eut l'attentat et ses nombreux morts. Celle d'Isaac, qui avait conduit Keira tout droit à l'hospital psychiatrique. Et celle d'Exekiel, qui avait bien faillit me conduire rejoindre ma soeur. Et avec la mort de mon ami, j'avais découvert de la part d'Arizona de nouveaux éléments concernant les précédentes mésaventures de Salem. Des pièces qui faisaient bien davantage que de construire le puzzle : des pièces qui ouvraient à de toutes nouvelles théories, à un tout nouveau champ de vision, et à son juste lot de questions.
I've been brought down to my knees. And I've been pushed way past the point of breaking, but I can take it, I'll be back ; back on my feet. This is far from over, you haven't seen the last of me... You haven't seen the last of me.
Je ne me suis jamais considérée comme quelqu'un de forte, ni même de courageuse. Cela fait partie de la cuirasse. La vérité, c'est que je vais au devant des scènes les plus dangereuses, simplement parce que je n'ai pas peur de ma mort. J'y vais parce qu'il faut bien que quelqu'un le fasse, parce que ce sont mes démons et que je me dois de m'en débarrasser. Et il est vrai que la plupart du temps, je n'en n'ai rien à faire. Mais plus les catastrophes s'amoncellent et plus... plus j'ai peur. J'ai peur de survivre et de voir les corps de tous ceux que j'aime joncher sous mes yeux. J'ai peur de les laisser tomber. Il me faut maintenant ajouter à cela la peur de les perdre parce que je me serai battue pour ce en quoi je crois.
La vérité, c'est que je crève de trouille parce que je les vois mourir un à un sans pouvoir faire quoi que ce soit. La vérité, c'est que je n'ai personne pour me soutenir et me prendre dans ses bras parce que je les repousse tous. La vérité c'est que je ne suis ni courageuse ni forte ; je ne suis qu'une petite fille qui a besoin de réconfort. Un réconfort que je ne sais accepter quand on me l'offre. La vérité, c'est que je ne m'étais que trop ouverte à mes émotions, au point de ne plus être capable de les canaliser, de les étouffer et de m'en servir. Au point de perdre pied.
They can say that I won't stay around, but I'm gonna stand my ground ! You're not gonna stop me. You don't know me, you don't know who I am, don't count me out so fast !
Lorsque j'ai perdu mes parents, j'ai cru que je ne m'en remettrai jamais. En un sens, c'était vrai, mais d'un autre... j'avais réussi à reprendre le dessus. J'avais réussi à me servir de cela, j'avais radicalement changé et c'est ce qui m'avait permis de survivre, de gré ou de force. Et Dieu sait que partant de là, je ne pensais pas revivre cela un jour... Je ne pensais pas pouvoir être remise à terre, pas à ce point là. Mais, bien trop ravie d'avoir le dernier mot, la Vie m'a rappelée à l'ordre, de la façon la plus sèche et la plus abrupte qui soit.
J'ai perdu pied ces derniers jours. Profondément. Ce n'était pas juste une remise en question, cela il en faut de temps à autre et je crois qu'il m'en fallait une depuis un bon bout de temps maintenant... J'étais capable de rationalité et d'analyse, mais incapable de contrôler mes émotions. Comme si les pleurs, la douleur, le chagrin, la dépression ne s'arrêteraient jamais. Et pire encore, je passais des uns aux autres tellement rapidement que mon comportement ne faisait plus sens. Je ne voulais pas sombrer davantage, mais me reprendre était impossible. Pas si vite, et encore moins lorsque la volonté n'y est pas. Pourquoi l'aurais-je voulu ? Il est une chose de savoir que l'on se bat dans le vide, il en est une autre de se battre dans le vide et d'être incapable de protéger les gens que l'on aime.
I've been brought down to my knees. And I've been pushed way past the point of breaking, but I can take it, I'll be back - back on my feel. This is far from over ; you haven't seen the last the me.
Une semaine s'était écoulé depuis la mort d'Exekiel. Une semaine où je m'étais enfoncée dans une déprime sans fin. J'y avais songé vous savez ? Laisser tomber. Abdiquer. Mais cela ne fait juste pas partie de moi, de qui je suis. A chaque fois que cette idée me traversait l'esprit, mille autres me rappelaient pourquoi je ne pourrais jamais arrêter. J'étais trop impliquée, trop impulsive, trop... juste trop. Rien, que ce soit mon esprit ou mon corps ne m'autorisait à décrocher. J'avais conscience de tous les paramètres, ou de presque tous en tout cas. Je prenais conscience de mes forces et de mes faiblesses, plus que jamais. Je prenais conscience qu'endiguer mes faiblesses serait bien plus difficile maintenant que ces faiblesses possédaient des formes physiques et des vies propres à chacune de ces formes. Le compliqué me semblait si simple et si infaisable à la fois. Plus encore quand je prenais conscience que mes forces étaient mes faiblesses et que l'un comme l'autre possédaient leurs avantages et leurs inconvénients. Ca ne fait pas sens hm ? C'est pourtant simple.
Être entourée me rend forte, plus forte que jamais, parce que quoi qu'en diront ceux qui sont craints mais jamais aimés, l'amour et le soutient de nos proches nous permet de toujours réussir et de ne jamais lâcher prise. Grâce à eux nous ne sommes pas seul et c'est grâce à cela que l'on gagne, quoi qu'il advienne. Mais ces fameuses personnes, craintes mais jamais aimées, ont également raison en disant que l'amour rend faible. Quelle que soit la forme d'amour d'ailleurs. Tenez à quelqu'un et dès lors que vous mettrez les pieds dans les embrouilles, vous pouvez être sûr que vous lui avez dessiné une cible dans le dos. Si vous avez un attachement quelconque à qui ou quoi que ce soit, vos ennemis s'en serviront contre vous. Je l'avais toujours su. Ce qui vous rend plus fort vous rend aussi le plus vulnérable. Et ce qui vous rend vulnérable, dans le cas présent tout du moins, enchaîne vos proches à une liste mortelle dont il est impossible de dire si vous saurez les en défaire ou non. La solution semblerait évidente : les rejeter. Tous. Tirer une croix dessus, définitivement. Je pourrais le faire. Je suis prête à le faire. Le problème, c'est que ce sont eux qui ne sont pas prêt à s'en aller.
There will be no fade out, this is not the end, I'm down now but I'll be standing tall again ! Times are hard but I was built tough, I'm gonna show you all what I'm made of !
Je n'abandonnerai pas. J'ai toujours su dans quoi je fourrais les pieds, quelque chose de plus grand que moi, de plus grand que la Défense tout entière. L'antre d'un monstre à qui l'on a donné la capacité de régner il y a de cela bien des années et qui n'est toujours pas prêt à relâcher ses otages. Je n'ai jamais eus l'espoir de vivre pour voir cette ville se libérer du joug du Conseil, je n'ai que l'espoir qu'à force de persévérance, à la fin, nos sacrifices soient récompensés. Que nos vies n'aient pas été gâchées pour rien. Que ce don de clairvoyance ayant été insufflé à chacun de ceux qui se battent n'ait pas été un simple cadeau empoisonné dont le seul but était de nous torturer.
Non, je n'arrêterai pas de me battre. J'ai déjà perdu beaucoup. Et croyez moi, je ne veux en aucun cas perdre davantage. Mais j'ai passé le point de non retour. J'ai atteint ce stade où arrêter ou continuer ne changera rien à ma destinée, ni à celle de mes proches. Le Conseil nous tuera, tôt ou tard. Je ne peux que me battre pour retarder l'échéance. Arizona m'a promit que nous ne perdrions plus personne. Je ne sais pas encore quel est son plan, ni même s'il marchera, mais je serai là, à ses côtés, prête à l'aider. J'avais cru devenir folle, être incapable de me remettre de la mort d'Exekiel, mais aujourd'hui... Aujourd'hui, je me relevais. Aujourd'hui, je reprenais le dessus. Aujourd'hui, j'avançais, mais n'oubliais jamais. Cette douleur brûlante qui me consumait serait une nouvelle arme dont je me servirais. Je ne voulais plus seulement détruire le Conseil : je voulais pour chaque mort, leur faire ressentir le centuple de la douleur qu'ils avaient infligé. Aucun ne resterait impunis, quitte à ce que je doive y laisser mon dernier souffle.
I've been brought down to my knees... And I've been pushed way past the point of breaking, but I can take it ! I'll be back... back on my feet. This is far from over. I am far from over. You haven't seen the last of me !
Aujourd'hui, je remettais la cuirasse, cette protection qui me permettait d'avancer jour après jour, en dépit de mes sentiments. Mais je me promettais ceci : je n'oublierai jamais qui j'étais réellement. Je n'oublierai pas ce qui faisais de moi... moi. Encore une chose que le Conseil voulait nous prendre, à nous tous. Nous changer en assassin, nous transformer en parias, nous dépraver de ce qui nous rendait humain. Nous user, nous briser, nous démembrer jusqu'à ce qu'il ne reste de nous qu'une bouillie infâme de cruauté et de vengeance. Changer était inévitable, on n'affronte pas ce que nous affrontons en restant les mêmes personnes que ce que nous étions autrefois. Mais je ne les laisserai pas extirper de mon corps ma capacité d'empathie, d'amour, et même cette fine couche d'espoir qu'il me reste encore. Si j'oubliais qui je suis, ils gagneraient, de la manière la plus ridicule qui soit. Non. Je ne l'autorisais pas.
No, no, I'm not going nowhere, I'm staying right here ! Oh no - you won't see me begging, I'm not taking my bow ! Can't stop me, it's not the end... You haven't seen the last of me.. Oh no, you haven't seen the last of me...
Salem, tiens bon, je te promet que nous seront réunis de nouveau, plus fort que jamais.
Arizona, tu as trouvé en moi une nouvelle alliée. Tu n'es pas seule.
Nathaniel, attend moi. Je trouverai une solution. On trouvera une solution.
Keira, reviens moi. J'ai besoin de ma soeur chérie, de ses plans totalement insensés, de sa foi, de son courage.
Exekiel, pardonne moi. Pardonne moi pour t'avoir laissé tomber. Pardonne moi pour les crimes que je vais commettre en ton nom. Je sais que tu ne le voudrais pas. Mais ne pas te venger m'est impossible.
Moïra. Suicidez vous. C'est la dernière chance que vous offre de mourir avec un peu de dignité.

You haven't seen the last of me...

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