❝ We only got one life , feat. Aymrick S. Micelli & Charlize E. Flores. ❞

- Ofelia, dans mon bureau et tout de suite.

Des mois, des mois que je me fais interpeler par mon surnom de pute, je ne m’y fais toujours pas et prends 100 ans avant d’assimiler qu’on s’adresse à moi. Cette nouvelle vie chez les clodos commence royalement à me les gonfler. Faire ce que je fais pour gagner ma vie, arrondir mes fins de mois, ça me répugne et au plus haut point. Je songe sérieusement à quitter le labyrinthique marché de la luxure et du vice. Au Diable le fric, je servirai de serpillère dans les rues de Chicago et incarnerai la plus démunie des mendiantes. J’étais médecin légiste, bordel de merde ! J’ai touché le fond du baril et pas qu’un peu. Je vais rendre mon tablier… quoique dans ce contexte : c’est mon soutien-gorge et la garde-robe de lingeries fines.

- Tu es renvoyée.

- Uh, pardon ? que je couine, en refermant derrière moi la porte du bureau de mon patron et restant transie d’épouvante au milieu de la pièce bordélique. Mes ébènes toisent le visage de mon sugar daddy, essayant d’y lire un sourire, une moue quelconque qui laisse prévoir qu’il plaisante, mais son visage potelé demeure aussi mystique que le sourire de Mona Lisa.

- Anton, si c’est une blague, je te certifie qu’elle est de très mauvais goût. J’ai besoin de ce job… genre… vraiment besoin de ce job. Ma vie dépend de ce job. Tu ne peux pas me renvoyer, je suis le fruit défendu de cette boîte… je---

- Détends ton string, Ofelia. T’es le gagne-pain de mon entreprise et je serais dingue de me dispenser de toi. T’es renvoyée dans le sens dispatchée dans l’arrondissement des Fraternels.  

- Chez les hippies ? Comment et pourquoi ? J’veux dire, je sais qu’ils sont adeptes de l’amour avec un grand A, qu’ils aiment s’envoyer en l’air en fumant le calumet de la Paix… mais qu’est-ce que ma présence a à foutre là ?

- Tu viens de parfaitement justifier la raison. J’ai un contrat là-bas, un client aussi indispensable que toi ; Diego Micelli. Un homme minable, je le concède, mais qui est très loyal à l’égard de mon entreprise. Il a commandé une ribambelle de succubes pour venir décoincer du cul sa progéniture, un dénommé Aymrick. Garçon atypique, de ce que je peux en retirer du discours de son connard de paternel.

- Je suis une danseuse exotique et tu sais très bien que je ne couche pas avec mes clients.

- Là est toute la beauté de la chose, pauvre cruche ! Tu ne saisis pas l’arnaque. Le but de cette soirée, c’est que tu fasses croire à Diego que son fils s’est tapé la plus jolie de mes employées. Tout a été organisé, Diego va trouver un prétexte pour emmener son fils au Harvest… une soirée thème vous y attend pour célébrer cet événement. Dixie, Chastity et toi êtes recrutées pour ce contrat. Dixie et Chastity vont divertir et préoccuper le père alors que toi tu vas devoir récupérer sa progéniture, donner l’illusion parfaite qu’il brûle de désir pour toi, ensuite vous vous cassez dans une chambre et prétendez forniquer. Le père sera heureux, le fils toujours aussi pur et moi j’aurai mon fric.

- Anton ! Esos nacos pueden irse a la chingada ! que je m’insurge, écarlate de colère et m’ébouriffant rageusement la tignasse.

- Tu sais très bien que je ne comprends pas ton jargon. Si tu es pour nous insulter, fais-le en anglais.

- Je te résume le truc ; je ne prends pas ce contrat. Trouve-toi une autre cruche pour faire ton sale boulot.

- Tu vas le faire, Ofelia. Sans quoi… tu es véritablement renvoyée.

✤ ✤ ✤

Cet enfoiré d’Anton me tiens pas les couilles. Je le déteste et il m’est redevable.

- Il est plutôt mignon… pour un homo, que ne peux s’empêcher de commenter Dixie, derrière moi, qui est en train d’enfiler son costume et reluque à la dérobé la photo de ce dénommé Aymrick.

- T’as déjà vu ça, toi, une lesbienne qui doit coucher avec un gay ? que je ne peux m’empêcher de m’exaspérer, terminant de coiffer ma longue chevelure de jet en une queue de cheval.

- Nous sommes en 2126, Ofelia et chez les Hippies. Tout est possible dans les contrées du soleil levant.

- Tu me dégoûte, parfois ! que je siffle, enfilant ce Jersey d’un rose bonbon vomitif et allant me reluquer dans le miroir : pourquoi on doit fringuer ces costumes de joueuses de basketball, au fait ?

- J’en sais foutrement rien. Ils sont peut-être fan.

- Pour moi, c’est un antidote à tous les désirs, mais bon…

- Tu sais où tu dois faire ton apparition, pour impressionner le môme ?

- Ouais… d’un énorme gâteau à la crème chantilly, avec des effets pyrotechniques à la noix, sous une péliade de paillettes et dans le bruit tonitruant d’une chanson, dont j’ai complètement oublié le titre.

- T’en plains pas. C’est Chastity et moi qui va devoir traîner la charrette du gâteau jusqu’au milieu de la piste de danse. Tu sortiras comme une fleur de là alors que nous on va devoir aller se trémousser contre les clients.

- À chacun sa plaie de l’Égypte, Dixie.

✤ ✤ ✤

Heureusement que je ne souffre pas de claustrophobie, ainsi enterrée dans le tréfonds de ce carton qui n’est pas plus grand… bah… qu’une boîte en carton. Plongée dans la pénombre de mon tombeau qui empeste la pâtisserie, je sens qu’on traîne laborieusement la charrette juqu’au milieu de la fameuse piste de danse et à peine immobilisée ; que le beat de la musique ébranle ma gîte et martèle mon thorax. La soundtrack de Space Jam, sérieusement ?  

Affichant mon plus radieux masque de clown, arborant le sourire Colgate de circonstance, je soulève le capot du gâteau d’une main et m’en extirpe avec la grâce de celle qui n’est juste pas habituée de patauger dans la crème fouettée. Cerise sur le cake, me voilà qui ondule mon long corps de liane avec l’illusion quasi parfaite de la fameuse flamme qui vacille sur une bougie d’anniversaire. Oriflamme quasi puérile et gamine, mon but étant d’amuser mon client et non de le traumatiser en improvisant une danse des plus trash. Au rythme de la musique, sur le top de ce gâteau, j’invente des mouvements de hip-hop, donne un coup d’espadrille sur une touffe de crème chantilly qui vient tout droit achever sa course sur les boobs de Dixie qui, excellente actrice, prétend être émoustillée par la souillure en agitant ses pompons de cheerleader de plus belle alors que derrière nous les feux d’artifices explosent. Dans une pluie d’embrasements, je devine que c’est le moment propice pour que je glisse de mon pie-d’estrade et vienne rejoindre celui pour qui est-ce que tout ce spectacle ringard est orchestré.

Charlize & Aymrick

« I've been brought down to my knees
And I've been pushed way past the point of breaking
But I can take it
I'll be back
Back on my feet » Cher

Une fois dans sa vie Aymrick avait eut le courage de prendre une décision pour lui et lui seule. Une fois dans sa vie il avait osé se détourner du plan originel de son père. Une fois dans sa vie il avait, en son âme et conscience, désobéit à un ordre. Quand il avait quitté les Erudits pour rejoindre les Fraternels. Il pensait qu'il y serait plus heureux, mieux traité. Il avait vu les Fraternels comme un Paradis terrestre, comme son réel chez lui. Ses attentes n'avaient cependant pas été totalement comblées. Même chez les Fratus la vie n'est pas rose tous les jours...
Aymrick savait qu'il avait déçu son père. Et malgré la haine qu'il nourrissait à son égard ( la seule qu'il aurait jamais ), croyez le ou non... Aymrick s'en était voulu. C'est difficile de décevoir quelqu'un, en particulier sa propre famille.
Quant à Diego... ma foi, il avait totalement renié son fils. Il avait le culot d'être gay, d'être un hippie et de ne même pas savoir se comporter en homme ! Pire encore, il voulait 'suivre ses rêves' et 'être heureux' ! AH ! La belle affaire, n'est-ce pas ? Une petite souillure de gay qui veut être heureux, une erreur de la nature au dernier degré ! Il n'avait jamais demandé à avoir cette raclure comme fils ! Il avait juste voulu sauter sa pute de mère, mais non, bien sûr, cela avait été trop demander à cette catin, il avait fallu qu'elle se reproduise et qu'elle ramène dans ce monde une petite vermine incapable de servir son père correctement et de lui obéir au doigt et à l'oeil ! Diego l'avait pourtant destiné à de grandes choses, devenir scientifique afin de pouvoir lui prendre tout son fric ( après tout, Diego était celui qui l'avait mis au monde, le salaire d'Aymrick n'aurait été que le juste rendu de toutes les années où il avait dû le supporter ! ), épouser une bâtarde bien riche pour doubler le gain et avoir 1/ une bonniche de plus 2/ un nouveau p'tit cul à baiser, et exploiter le petit couple jusqu'à ce que mort s'en suive ( évidemment, la leur ). Mais non. Ce lâche d'Aymrick n'avait su que fuir, et Diego avait décidé qu'il ne voulait plus entendre parler de lui.
Enfin... jusqu'à ce que monsieur ne se retrouve profondément dans la merde ( genre, dans la merde question de vie ou de mort ), et qu'Aymrick ne se retrouve comme seul moyen de s'en sortir. De deux choses l'une : soit il parviendrait à le remettre dans le droit chemin et à se sauver les miches, soit c'est sa gonzesse de fils qui se fera buter à sa place. Plan parfait non ?
Alors Diego était revenu en force dans la vie de ce pauvre Aymrick. Je tiens à vous rappeler que le petit brun est hypermnésique, autrement dit, il se souvient de tout.. absolument tout. Dans les moindres détails. Le cauchemar éveillé recommençait... et Aymrick ne s'était jamais senti aussi mal. Il avait la sensation d'avoir reculé de plusieurs années en arrière. Et il y avait ce sentiment étouffant, frustrant, ce sentiment qu'il était incapable de décrire et de comprendre car il ne le ressentait qu'envers son père, un sentiment méchant, malveillant, qu'il ne voulait pas ressentir ! Un sentiment qu'il n'aimait pas, qu'il refoulait de tout son être ! Il ne voulait pas être méchant ! Il ne voulait pas ressentir cela ! Et ce sentiment bien connu qui revenait en force : il avait besoin de sa maman.

* * *

Diego Micelli avait réfléchit entre deux bouteilles de whisky à la meilleure façon de remettre son dégénéré de fils dans le droit chemin. Deux possibilités s'offraient à lui : engager une putain pour le violer ( oui oui, vous avez bien lu ), ou lui laisser une chance et l'emmener chez les strip teaseuse. Ou les faire venir à lui. Dans la grande générosité qu'il avait trouvé au fond de la troisième bouteille de gin, Diego avait opté pour lui laisser sa chance. On ne pourra pas dire qu'il n'a jamais rien fait pour la larve qui lui sert de fils ! Cet ingrat ferait d'ailleurs mieux d'être reconnaissant et obéissant cette fois, sinon le bon père qu'il était n'aurait d'autre choix que d'opter pour la manière forte ! C'est ainsi qu'au plus grand dam de notre petit ange, il s'était retrouvé au Harvest, sans rien comprendre à sa vie, et en prime, avec son paternel.
Mais c'est peut-être une chance que le petit bouclé n'ait pas eut conscience de ce qu'il se tramait. Car quand la musique commença, que des femmes bizarrement vêtues ( et bizarrement peu vêtues ! ) vinrent danser avec un gâteau géant, le petit brun pensa qu'il s'agissait d'un spectacle ! Ou peut-être d'un anniversaire, mais puisque personne ne chantait le fameux hymne de circonstance, il en déduisit qu'il ne s'agissait que d'un simple spectacle. Il sursauta en voyant le gâteau s'ouvrir et qu'une jeune femme en sortit : elle avait cuisinée avec le gâteau ? Le pâtissier était au courant ?! Il n'avait jamais vu mention de cela dans aucun livre, que ce soit de biologie ou de pâtisserie, mais peut-être était-elle née dans le gâteau ! Auquel cas il ne fallait surtout surtout surtout pas le manger ! Ca serait manger la maman de cette femme ! C'est pas bien de manger les mamans ! D'ailleurs, elle avait grandit très très vite dans le corps de cette maman gâteau ! ...Non, le pâtissier avait dû l'ajouter à la pâte par erreur, c'était tout de même beaucoup plus logique !
La jeune femme ondula vers le jeune Fraternel qui regarda son père. Ce dernier fit quelque chose de tout à fait inattendu car encore inédit à ce jour : il sourit à son fils et lui fit signe de la tête, comme pour lui dire d'aller la rejoindre. Alors, enjoué, Aymrick se leva et alla danser avec elle. Il n'avait guère souvent l'occasion de le montrer, mais le chant, la musique et la danse étaient des disciplines que le jeune homme affectionnait énormément. Et pour la première fois de toute sa vie, il avait la permission de s'amuser.

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❝ We only got one life , feat. Aymrick S. Micelli & Charlize E. Flores. ❞

Sans jamais cesser de faire onduler mon long corps de liane, je me faufile dans l’assemblée et mon regard de braise aperçoit ce que je suis venue chercher ; le brunet plutôt mignon et sa raclure de paternel qui l’encourage à venir me rejoindre d’un énorme croissant de sourire Colgate. Il y a quelque chose en cette scène qui me bouleverse et déstabilise. Et ce n’est qu’une fois véritablement face au jeune homme que je comprends les étranges sentiments qui peu à peu me gagnent tristement. Il n’a pas conscience de ce qui se passe véritablement et il croit que ce spectacle (ô combien chiche) n’est qu’une occasion pour lui de s’amuser. Véritablement s’amuser. Je peux le voir à cette manière qu’il a de se laisser émouvoir par les frissons sopranos, ces quelques caresses de mélodie que ce soir incongru lui livre en cadeau et don il me semble en savourer pleinement l’avènement. Les étoiles enflamment l’aube de son regard de brumes, semant les poudrins d’argent en le nid éveillant de son cœur bien trop innocent, réchauffant son corps gelé de ce soir hypocrite qui lisse sur sa peau d’albâtre les plus radieuses notes de musiques. Envoûtée d’une delle pureté et candeur, je me laisse bercer au doux chant de son âme, ses radieuses cristallines chassant mes ténébreuses et me donnant ces allures frivoles et joyeuses.

Son père a-t’il seulement conscience de la perle rare qu’il a chance d’avoir mis au monde ? Dans ce monde sans vergogne qui nous damne et profane de sa laideur immonde ? Quelque secondes à peine que j’ai fait la belle rencontre de ce jeune homme et me voilà qui veut quitter mon sempiternel univers de larcin et déclin. Enlacée dans nos pas de danse qui ne sont non un jeu de séduction, mais simplement un jeu d’enfant, j’ose regarder le père du Fraternel et je ne suis point surprise de découvrir que l’attention de ce dernier est rivé sur les corps célestes de Dixie et Chastity qui se sont approchées de lui pour le séduire et divertir. Je regarde à nouveau le Fraternel, lui souris tendrement et glisse doucement mes mains en les siennes.

L’âme de l’intime dans son écrin de charme, les rêves naissent et poussent dans la nuit les cauchemars qui succombent à l’oubli, obnubilée par les étoiles qui filent vers les fonds infinis de son regard de velours. Le tenant toujours par les mains, toujours enchâssée dans les cabrioles d’une puérile chorégraphie, d’un pas joyeux, à reculons, je guide et entraîne le jeune homme au sein des troubadours qui font la fête sur la piste de danse.

- Nous célébrons un événement génial, ce soir, Aymrick !

Tentative maladroite pour le réjouir et ravir. Tout sourire, mon regard baigné dans le sien, je lui libère une main, mais conserve l’autre au creux de ma paume, l’entraînant vers l’énorme gâteau qui a retrouvé sa forme originelle puisque le capot a soigneusement été refermé.

- Mais pour fêter, il faut savoir chanter… mais moi… j’ignore totalement comment faire. Quelque chose me dit que toi, toutefois, t’es plutôt doué dans ce domaine.

J’observe l’énorme gâteau, me dis que c’est trop tôt pour l’entrainer là-haut avec moi et poursuivre ce numéro grotesque. Le paternel ne s’occupant même plus de nous de toute manière.

- Aymrick, je serai honorée de t’entendre chanter. Tu danse bien. Je suis curieuse de découvrir ce que tu sais faire dans le chant !

Charlize & Aymrick

« I've been brought down to my knees
And I've been pushed way past the point of breaking
But I can take it
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Aymrick n'avait aucunement conscience du potentiel pétrin dans lequel il se fourrait. En cet instant, tel un enfant, le petit bouclé n'avait en tête que le moment présent : il riait, s'amusait, dansait sans craindre des représailles de quiconque, et la madame gâteau semblait contente qu'il danse avec elle !
Sans surprise, Diego avait quant à lui jeté son dévolu sur deux autres demoiselles, toutes aussi peu vêtues, dansant de la même manière que la jeune demoiselle auprès de Aym', et c'est vous ne serez sans doute pas étonné si je vous dit que pour le bien de ces deux jeunes femmes... il aurait mieux valu pour elles qu'elles décampent de là au plus vite et évitent à tout jamais le chemin du père Micelli... Des idées peu reluisantes se façonnaient dans son esprit, des fantasmes qu'il comptait bien réaliser, que ces demoiselles soient d'accord ou non. Devinez qui aura cela sur la conscience si son cher papa réussi.. ?
Mais pour l'heure, Aymrick ne savait rien de tout cela. Et quand bien même aurait-il vu ce qu'il se tramait dans son dos, il est probable qu'il ne l'aurait pas compris à temps. Pour l'heure, Aymrick avait cette chance peu commune de danser et d'être accompagné d'une personne qui semblait être heureuse d'être avec lui. A ses yeux, il avait une amie, et peut-être cette amie accepterait-elle de réitérer une soirée comme celle ci avec lui plus tard !
- Nous célébrons un événement génial, ce soir, Aymrick !
-C'est vrai ? questionna le petit brun, en penchant sa tête sur le côté. On célèbre quoi ? Un anniversaire ? Ton anniversaire ! Tu es sortie d'un gâteau ! Tu es née dans ce gâteau ! Je ne savais pas qu'un gâteau pouvait être une maman ! Joyeux anniversaire ! s'exclama-t-il enfin, tout sourire. Il marqua même ses mots en la faisant tourner, convaincu que c'était cela, l'événement spécial dont elle parlait !
- Mais pour fêter, il faut savoir chanter… mais moi… j’ignore totalement comment faire. Quelque chose me dit que toi, toutefois, t’es plutôt doué dans ce domaine.
Nouveau penchement de tête sur le côté. Nouvelle bonne question. Savait-il chanter ? Il savait composer, il savait jouer, et il lui arrivait de chanter, surtout sous la douche, quand on lui laisser le droit d'en prendre une ! Mais cela faisait-il de lui un bon chanteur ? Personne ne lui avait jamais dis, mais personne n'avait jamais dû l'entendre non plus. Le bon côté de la chose était que, doué ou pas, je ne le répéterai jamais assez, Aymrick était comme un enfant. Et un enfant chante, danse, fait tout ce qui lui fait envie, sans réellement se soucier de savoir s'il est doué ou non dans ce domaine. Cela dit, il est à rappeler que Aymrick Skylar Micelli n'a jamais eut droit à l'erreur, et qu'il est assez rare qu'il ait raté quelque chose dans sa vie... Les représailles avaient tendance à être assez corsées, et il avait, en plus d'une mémoire beaucoup trop conséquente, des marques sur tout le corps qui pouvaient témoigner de cet état de fait.
- Aymrick, je serai honorée de t’entendre chanter. Tu danse bien. Je suis curieuse de découvrir ce que tu sais faire dans le chant !
Aymrick chercha son père des yeux, cherchant une fois de plus son approbation, mais ne le trouva pas. Débattant avec lui même sur ce qui était bien ou mal de faire, le jeune homme chercha ce qu'il pourrait bien chanter de toute manière. Lorsqu'enfin il se décida, sur l'un comme l'autre sujet, seule une chanson lui était venue à l'esprit. Une chanson dont le titre disait long, mais dont le tempo en faisait oublié à quiconque l'écoutait que les paroles n'avaient rien de si joyeuse que cela.
-So scared of breaking it that you won't let it bend. Now I wrote two hundred letters I will never send ; sometimes these cuts are so much deeper than they seem. You'd rather cover up, I'd rather let them be ! So let me be, and I'll set you free...
Car consciemment ou non... au plus profond de lui, Aymrick était toujours in Misery*...

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Spoiler:

❝ We only got one life , feat. Aymrick S. Micelli & Charlize E. Flores. ❞

Dès l’instant où je le vois s’emparer du micro, lorsque les premières notes de la chanson qu’il a choisi se lèvent et viennent se répercuter contre le treillis recourbé de mes côtes, je sais que je vais assister à un moment d’une rare et cruciale beauté. Dans ce lieu de débauche, déjà, je le savais différent des autres. Un diamant brut, parmi les cailloux ! Mais qu’en est-il lorsque sa voix de velours est enfin entendue ? Je ne peux décrire les émois colossaux qui me tiraillent présentement, la brutalité des paroles, mélangée avec une telle voix, ça agite en mon sein une tristesse et émerveillement qui ne se comparent à rien. Absolument rien. Je reste un instant là, parmi la foule qui a cessé de bougée, comme perdue dans le temps, dans son espace, un moment où tout se fige et s’arrête. Le calme. Le vrai. La sérénité. Absolue. J’ai l’impression de le voir raconter une histoire… son histoire et ce pressentiment me plonge en un état de compassion que je ne me savais même pas capable de ressentir. Je le regarde, mes sombres prunelles, comme embrasées d’un feu étrange, ce même feu qui me réchauffe et glace le sang dans mes veines. Il se passe quelque chose en moi, comme une fissure… une douloureuse déchirure. C’est impossible. C’est impossible d’être doté d’un talent aussi magnifique et saisissant. Ce garçon a tant à nous offrir… pauvre monde que nous sommes !

- Ofelia. Qu’est-ce que tu fous ?

Je sens la main de ma collègue qui s’agrippe à mon bras, tirant sur sa prise pour tenter de me faire pivoter en sa direction, mais le résultat est le même que si elle essayait de faire bouger une statue de marbre.

- C’est pas ça le plan, Ofelia ! Tu étais sensée l’emmené avec toi dans une chambre, pas lui offrir une soirée karaoké !

- Est-ce que tu as vu son père, Dixie ?! As-tu seulement véritablement regardé son pauvre môme ?! Crois-tu sincèrement que le plan allait véritablement se dérouler comme prévu ?

Prise au dépourvue, Dixie se mord l’intérieure de la joue et vient contempler le petit ténébreux aux cheveux bouclés. Je vois poindre dans le bleu profond de son regard flouté une étrange lueur, le genre d’éclat que je suis habituée de voir lorsqu’elle est profondément émue par quelque chose et je ne peux m’empêcher de lui sourire tendrement.

- Occupes-toi de son paternel. Sors cette raclure d’ici. Enjôle-le. Joue de tes charmes. Fais n’importe quoi. Mais sors-le d’ici. Je m’occupe de son gamin…

Et je ne lui donne même pas le choix, avant qu’elle ne me rouspète quoique ce soit, je commence à me frayer un chemin parmi la foule et me rapproche du petit brunet à la voix d’or. Perdue dans la masse de gens, je dois jouer des coudes pour me rapprocher et m’assurer qu’il me voit parfaitement, l’encourageant à profiter de son heure de gloire en plongeant mon regard en le sien et me laissant doucement bercer par la mélodie et le son de sa voix.

Espérons que j’ai le temps de le rattraper avant qu’il ne termine de chanter et redescende sur terre !