A HELL OF A PLAN

GRAY & CALYPSO

Crazy little things. ✻✻✻ Que le diable l'emporte et toutes ses créatures de l'obscur avec lui. Je veux bien mourir pour cet instant, pour toujours, pourvu que ce soit entre ces bras-là, pourvu que la chaleur ne cesse jamais d'irradier de nos êtres entremêlés.  S'il y a une entité ci-dessous, qu'elle me dévore toute entière.

Je n'étais pas la plus fine des poètes, pourtant. Toute Erudite que je fus élevée, malgré les nombreux livres qui m'étaient passés entre les mains et la valeur que j'accordais à la connaissance, mon langage représentait assez bien ma nature expéditive. Brute. A ne pas confondre avec mon attitude, reflet de mon instruction chez les Audacieux, naturellement. Par 'brute' j'entendais le manque de détails, de finesse, les traits mal dégrossis, tout juste esquissés par un artiste sur le début de sa miteuse carrière. Je m'étais construite autour de ma place dans la société, autour de mon métier, puis autour de mon frère, à qui j'accordais une attention sans pareil. Il m'arrivait rarement de m'assoir quelque part et simplement, de me demander si j'allais bien, de quoi j'avais besoin. Tout ce que je remettais en question n'avait pour origine que ce qui impactait sur ces trois objets et avait une portée limitée. J'étais éparpillée, décentrée de moi-même.

Et voilà que je me retrouvais.
Dans ces moments-là, au travers de l'autre, je me ressentais, m'explorais. Je vivais. Je me faisais artiste, critique, imaginative, créative, emplie d'une passion que rien ne pouvait égaler. Apprécier le corps de son partenaire revenait, pour moi, à m'aimer moi, pleine et entière. Comme j'aimais cette sensation encore trop rare, trop méconnue de certaines de mes pairs !

Ses doigts enserraient ma crinière, remontaient le long de mes reins. Je me cambrai, frissonnante, fébrile, mes lèvres cherchant l'aspiration d'un gémissement extatique tandis que nous échangions des baisers que même la fièvre du pire virus saisonnier n'aurait pu appréhender. Quant à mes propres mains, elles s'enfonçaient dans la chair de ses épaules, suivant la cadence de nos bassins en plein tango endiablé. L'instant d'après, mon dos retrouvait la douceur des draps, non sans que j'ai néanmoins tenté d'y mettre mon veto au préalable. Nos forces contraires s'opposèrent l'espace d'un moment fugace, celui nécessaire à ce que le fauve en moi ploie. Pour cette fois, du moins. Et non sans vengeance préméditée. Même dominée, bras rabattus au-dessus de la tête, je trouvais le moyen de me dégager, de ramener deux poids deux mesures dans la balance de cette partie que nous avions largement entamé. Mes doigts courant sur son séant, je les plaquais soudain, l'obligeant à explorer plus profondément, plus brutalement. Plus vite. J'accélérai le rythme, forçant l'orchestre à changer son tempo en pleine symphonie. Si Gray eut une plainte à objecter, je l'étouffais de toutes les manières d'un baiser langoureux, bien décidée à ne me séparer de ses lippes pour rien en ce monde. Nos langues elles-mêmes se livraient à un duel sans merci, la pulpe de mes lèvres gonflée par la chaleur irradiant de notre échange. Je savourais ce combat. Pire, je m'en délectais.

Perdue dans les méandres de notre affrontement, je ne pris pas garde au crescendo, lequel montait dangereusement depuis mon bas-ventre. Menace dévastatrice sans mesure aucune possible pour l'arrêter, je fus happée par la puissante décharge d'une apothéose grandiose. Mes muscles se contractaient autant qu'ils se relâchaient, je me crispais entre la douleur et l'extase. Je crois même que mes yeux se révulsèrent alors que je m'arqueboutais violemment. Cette fois, mon geignement se fit cri et j'aurais juré que sous mes ongles s'échappaient un peu du liquide vermeil que j'arrachais à mon amant dans ma folie soudaine. Mon coeur déjà lancé dans une course folle, accéléra comme si sa vie en dépendait, comme si une ligne d'arrivée s'était soudain dessinée devant lui et que les autres participants le talonnaient. Enfin, après ces quelques secondes d'éternité, l'emprise délicieuse se relâcha et je plantais mes prunelles à la fois vives et embrumées de plaisir dans celles de Gray, lui communiquant tous les restes de la tempête qu'il venait de déchainer en moi.

Plaisir d'offrir, joie de recevoir. Quel beau cadeau qu'il m'avait fait là.

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CODES © LITTLE WOLF.

« SO FAR IT GOES. »

Que le diable nous emporte si tel est son désir. Sur la pente dangereuse de nos âmes qui s’effleurent, je ne veux plus que ça s’arrête. Je pourrais en oublier la vie juste pour une minute de plus en ta compagnie. Je pourrais en oublier jusqu’à la profondeur de mes nuits d’horreurs juste pour me perdre inlassablement dans cet oubli. Pitié, dans cette réalité je ne veux y revenir. Emmène-moi dans les méandres de nos âmes qui se mélangent, emmène-moi loin de ces chagrins qu’avec force m’écrase le malin. Dans cette réalité je ne peux y revenir car cela signerait pour moi le plus malchanceux des déplaisirs.

Il se perdait dans ces courbes qu’il découvrait avec audace. Il se perdait avec délectation dans ces lèvres qu’il réclamait avec déraison. Jamais il n’aurait cru pouvoir ainsi délibérément choisir de découvrir la douceur de la peau de Calypso. Au fond, il savait que les choses ne changeraient pas entre eux après ça, c’était sans doute pour cette raison qu’il profitait de ce moment partagé. Peau collée contre la sienne, ses mains caressaient autant qu’elles pinçaient, joueuses et irrémédiablement défiantes. Son souffle se mêlait au sien tandis que la parfaite symphonie des gémissements de la brune résonnait dans la pièce dont seul le crépitement du feu perturbait le silence jusqu’à lors. De cette lutte qui cesse, le divergent se fit plus malicieux encore, reprenant l’ascendant sur la jeune femme, laissant son dos rencontrer une nouvelle fois la chaleur des draps. A cet instant, Gray changea le rythme de leur danse, mais en fut clairement encouragé par les mains soudainement libérées de Calypso qui, sur son séant, venait de se poser. La surprise s’entendit sur ce souffle coupé le temps d’une microseconde, alors même qu’il scrutait le visage de l’audacieuse. Un sourire en coin apparut sur ses traits, rapidement envolé par le langoureux baiser qu’elle l’obligea à échanger. Nulle plainte il ne put exclamer, son corps suivant avec violence le nouveau rythme de leur danse enflammée. Les soupirs qu’il lui offrait se perdaient entre leurs lèvres qui ne cessaient jamais de se rencontrer. Mains libérées à cause d’une lutte acharnée, Gray ne chercha pas à les récupérer, préférant mettre les siennes à profit. L’une passait dans la crinière sombre de la jeune femme, l’enserrant au gré du rythme. L’autre caressait inlassablement cette cuisse qu’il faisait sienne, jusqu’à sentir l’apothéose grimper encore et encore.

Et elles dansèrent enfin devant ses yeux, les étoiles du paradis. L’oubli ultime de soi. Devant lui, il n’y avait plus que cet Autre qui comptait à cet instant. Ses soupirs devinrent plus erratiques à mesure qu’ils subissaient tous deux le joug de cette explosion de saveur. Il se perdait en elle, elle se perdait en lui. Et il les sentit, ses ongles qui s’enfoncent dans la chair de sa peau, l’obligeant à grogner un peu plus alors qu’il se contractait contre elle. Collé, serré. Son cœur battait à tout rompre, menaçant de s’extirper du gouffre qui lui servait de poitrine, et il voguait, naviguait, entre ces étoiles, jusqu’à croiser le regard enivré et brumeux de plaisir de sa partenaire. Reprenant son souffle, il ne parvenait à extirper ses prunelles sombres de ses semblables. Ce ne fut qu’au bout d’une minute, ou deux, qui parut une éternité, qu’il laissa sa tête rencontrer sagement la peau brûlante de Calypso, le rythme effréné de son cœur battant à la vitesse d’un cheval de course sous son oreille. L’écoute lui arracha un léger sourire, main toujours perdue dans les cheveux de la brune. Lentement il retombait dans cette réalité qui était la sienne, lentement les étoiles disparaissaient pour laisser place à l’obscurité. Et il se refusait toujours de bouger.

« S’il devait m’arriver quelque chose… Il faudrait que tu récupères ces petits bijoux que tu as confectionnés. Ils ne peuvent pas tomber entre de mauvaises mains. ». Des mots lancés comme une bouteille à la mer, dans un murmure si fin qu’elle seule pourrait les entendre. Oui, il reprenait en quelques sortes leur conversation, quand bien même l’envie brûlante de se perdre à nouveau résonnait en sourdine dans son esprit encore embrumé.

Que le diable nous emporte si tel est son désir. Sur la pente dangereuse de nos âmes qui s’effleurent, je ne voulais plus que ça s’arrête. Je pourrais en oublier la vie juste pour une minute de plus en ta compagnie. Je pourrais en oublier jusqu’à la profondeur de mes nuits d’horreurs juste pour me perdre inlassablement dans cet oubli. Pitié, dans cette réalité je ne voulais y revenir. Emmène-moi à nouveau dans les méandres de nos âmes qui se mélangent, emmène-moi loin de ces chagrins qu’avec force m’écrase le malin. Dans cette réalité je ne voulais y revenir, car me voilà à nouveau perdu dans ce monde de déplaisir.

SUJET TERMINÉ