THE CRAZY LITTLE TALK.

feat Thursday

Poupée de chair, dénuée de repaire, tu hantes ce lieu débridé croupissante dans ta témérité. Tes deux lucarnes, fenêtres ouvertes sur ton monde abject, reflètent l'inavouable perte. Infecte vérité. Tu t'isoles dans ton fantasme. Allégorie du déni, tes bons sentiments se meurent dans le miasme de tes mensonges. Les ombres dansent et gravitent autour de toi. Personnalités sans formes et sans visages, elles t'accompagnent et t'encouragent. Elles nourrissent tes impostures. Tu t'exclus de la Création au profit du Purgatoire. Plutôt morte que vivante.

Les blouses blanches arrivent. Elles s'accrochent à toi, elles t'empoignent et tu hurles. Tu refuses l'emprise herculéenne qu'elles exercent sur toi. Insoumise tu t'insurges. Ta voix s'élève pour se perdre dans le néant. Personnes ne t'écoutent mais tout le monde t'entend. Un tableau coutumier dans ton nouvel exil. Son prénom franchit tes lèvres. Appel de détresse sans retour car jamais il ne vient à toi. Isaac. Qu'importe ta détermination. Tu ne peux lutter contre le poison qu'on t'injecte dans les veines. Tes cris s'affaiblissent et tu sombres dans un sommeil artificiel.

Le froid l'englobe et l'enserre tel un amant jaloux. Il refuse de la lâcher et la garde précieusement dans son isolement. Les heures passent sans qu'elle ne s'en aperçoit. L'espace et le temps ne deviennent alors que des notions obsolètes. Et elle est là, allongée sur son linceul de l'inconscience. Ses traits paisibles expriment ni peine, ni chagrin, incapable de comprendre toute l'horreur de sa torpeur. Il n'y a rien à part le néant. Ce vide qui l'englobe et l'entraîne dans les abysses.

Engourdie, tu t'éveilles et accompagnes sans broncher tes geôlières. La journée touche à sa fin. Tu le devines grâce au soleil déclinant. Lui aussi, il bat en retraite, fatigué d'assister à cette farce journalière. Ta hargne contenue grâce au sérum de paix, on t'autorise à rejoindre les autres pensionnaires dans la grande salle. Poupée malléable, tu te saisis d'un jeu de cartes et t'installes à une table.

— Pensez-vous qu'il est préférable de vivre heureux et soumis ou malheureux mais libre de ses idées?

Tu questionnes les ombres sans formes et sans visages. Pourtant elles ont toutes un nom. India. Ashley. Kyle. Et tant d'autres.  Pourtant, tes yeux se braquent sur la personne en face de toi.

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The crazy little talk

- feat Keira -

Etait-elle encore là ? Il y avait parfois de quoi en douter. Elle avait des réactions sans queue ni tête, mais pourtant semblait toujours avoir quelque chose dans la tête. Quelque chose qui laissait penser qu’elle n’était peut-être pas aussi absente qu’on aurait pu le croire. Que son esprit, malgré tout, survivait. Il se pliait, se tordait, éprouvé par différentes tortures. Il se rebellait, protestait. Jamais on ne l’avait habitué à de tels traitements. Jamais il n’avait été attaqué de la sorte. Désormais, il devait lutter pour sa survie. Alors, elle luttait. Parfois, la tentation était grande de se laisser aller dans l’oubli. Mais à chaque fois, elle revoyait le visage de sa tortionnaire. Elle imaginait alors tout ce qu’elle lui ferait, une fois qu’elle serait sortie d’ici. Elle souffrirait, c’était une promesse. C’était là qu’elle puisait sa force, et ce n’était pas du luxe. Rester dans cette prison était une véritable torture, et elle ne vivait que pour le jour où elle pourrait s’enfuir.

D’ici que ça arrive, tu auras probablement le cerveau grillé.

Elle avait essayé, plusieurs fois, mais avait échoué. Elle devait donc utiliser une autre stratégie d’autant plus qu’elle était étroitement surveillée désormais. Elle avait entrepris alors de se faire passer pour totalement inoffensive, passant le plus clair de ses journées à jouer aux échecs, le plus souvent seule, avec les voix qui se faisaient de plus en plus présentes dans sa tête. Elle ignorait si les autres internés avaient remarqué qu’elle bénéficiait d’un traitement tout-à-fait particulier, mais il était probable que non. Elle-même ne les regardait pas vraiment, toute son énergie étant vouée à traverser les brumes de son esprit, à le réveiller, à éviter de sombrer et à canaliser la peur qui la prenait encore à la gorge parfois.

Cette fois-ci, elle était seule à une table, le regard dans le vague. Des absences de plus en plus fréquentes. Trop fréquentes. Elle en sortit grâce à une voix. Elle leva les yeux et croisa le regard d’une blonde, qui lui posa une question. Etait-ce bien à elle qu’elle la posait ? Peu importait. Thursday esquissa un sourire en la regardant.

« Que préféreriez vous ? La liberté, ou la connaissance ? »

Dans ce domaine, elle avait fait son choix, et peut-être n’était-ce pas le bon, puisqu’elle se retrouvait ici. Elle avisa le jeu de cartes et pointa un doigt dans sa direction.

« A quel jeu voulez-vous jouer ? »

Le choix du jeu était d’une grande importance. Elle avisa la blonde, se demandant quel genre de jeu l’avait poussée à se poser ce type de question.

- © FICHE  BY DISTURBED -

THE CRAZY LITTLE TALK.

feat Thursday

L'hésitation transparaît sur ton visage de porcelaine. Poupée brisée. Tes idées affluent et se perdre dans les méandres de l'amertume. Qu'importe la quantité de sérum, un creux s'est formé dans ta poitrine. Pareil à un trou noir, il aspire toutes émotions et convergent dans le néant. Tu ne ressens rien. Ni haine. Ni paix. Juste de l'amertume. Un relent d'espoir brisé. Anesthésiée, tu t'éteins et péris à petit feu.

— La liberté n'est qu'une notion illusoire. L'ignorant ne voit que l'étendu céleste se déployant à l'infini au-dessus de sa tête alors que l'éclairé sera capable de voir les barreaux translucides de notre prison. Car peu importe notre rang, nous sommes tous prisonniés de cette ville... de cette vie.

Comme tu aimerais t'affranchir de cette vie. Comme tu aimerais tout plaquer et quitter cette ville. Voir au-delà. Découvrir le monde que tu as connu à travers différents ouvrages. Te recentrant sur le jeu de cartes, tu les mélanges avec dextérité. Les ombres te surveillent et tu les ignores, accaparée par tes sombres projets.

— Ce soir, vous allez jouer au blackjack.

Tu entends leurs murmures. Bourdonnement incessant à tes oreilles que tu ignores. La poupée en porcelaine se transforme en poupée démoniaque. Tu lèves tes claires prunelles vers ta proie et un sourire sournois affine tes lippes. Tu distribues les cartes. Deux pour elle, deux pour toi et tu déposes le reste au centre de la table. Conspiratrice que tu es, tu te penches vers elle et sous le ton de la confidence, tu commence à lui dévoiler la partie voyante de l'iceberg.

— Que dîtes-vous de jouer votre liberté?

Tu sombres, sans aucun doute, dans la folie. Pour autant, tu ne perds jamais en rien tes réels objectifs.

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The crazy little talk

- feat Keira -

Elle leva ses yeux bruns vers la jeune femme blonde, souriant, la fixant comme si elle avait une idée derrière la tête. Sa réponse était des plus intéressantes. Une réponse qui montrait d’ailleurs une lucidité impressionnante, dans un endroit pareil, où rien n’avait vraiment de sens. Pas plus qu’à l’extérieur ceci dit. A se demander qui étaient vraiment les fous dans l’histoire…

Je l’aime bien, je pense qu’elle doit être amusante.

Et Thursday était bien d’accord. C’est pour cette raison, et uniquement cette raison, qu’elle l’accepta face à elle. Cette personne, qu’elle ne croyait pas avoir vue auparavant, l’intriguait. Elle baissa les yeux sur ses mains qui battaient les cartes, puis fixa de nouveau son attention sur son visage lorsque la blonde annonça l’intitulé du jeu.

« Parfait. » se contenta-t-elle de répondre.

L’inconnue distribua les cartes. Le jeu allait pouvoir commencer. Et elle aimait les jeux, peut-être plus que n’importe quoi d’autre. Tout ce qu’elle faisait, tout ce qu’elle était faisait partie d’un jeu. Et c’était une occasion particulièrement intéressante pour connaître son interlocutrice, découvrir un peu plus qui elle était vraiment. Elle ne s’était en revanche pas attendue à ce que le jeu commence ainsi. S’agissait-il d’une véritable proposition ou la jeune femme se jouait-elle d’elle ? Difficile de le savoir sans entrer dans la partie. Une fois la surprise passée, elle esquissa un sourire en coin.

« Vous savez qui je suis ? »

Il était fort possible que ce soit le cas. A moins qu’il s’agisse d’une personne particulièrement fantaisiste, qui s’amusait à promettre la liberté à n’importe qui. Néanmoins, la proposition était alléchante. Beaucoup trop pour qu’elle soit capable de résister bien longtemps. Elle ne se faisait aucune illusion pour autant : si elle lui proposait ce marché, elle voulait forcément quelque chose en retour.

« Admettons, que vous soyez vraiment capable de m’offrir la liberté : qu’y gagneriez-vous en retour ? »

- © FICHE  BY DISTURBED -

THE CRAZY LITTLE TALK.

feat Thursday

Un rire mécanique se déploie et se coupe net dans son élan. Tes traits de parfaites poupées s'immobilisent et tu plantes tes prunelles dans ces eaux troublés par la folie. Bien évidemment que tu connais son identité. Bien entendu que tu connais ses méfaits. Nul autre vent te pousse vers elle. Le Cavalier de la Chance foule son chemin, prêt à la conquérir. Il ne tient qu'à elle de descendre de sa Tour d'Infortune pour chevaucher son Avenir triomphant. Comme en cet instant, tu distribue les cartes de son futur. Il ne tient qu'à elle de la jouer finement en s'associant à toi. Et tu ignores sa question, la jugeant inutile tant la réponse te semble évidente. En revanche, tu espérais la suivante. Bien plus intéressante. Vous entrez dans le vif du sujet.

— Le temps ne connait ni victoire, ni défaite. Il oeuvre, indépendant, solitaire et pourtant lié à toutes choses, chaque vie. Le temps ne s'incombe pas de nos envies ou de nos peurs. Le temps, Mademoiselle Thunder, me manque.

Désinvolte, tu retournes tes cartes, dévoilant un as et un cavalier. Pas une seule fois, tu n'as détourné ton regard de ce visage bien trop angélique. Pourtant, tu le sais, tu viens de faire un blackjack. Tout comme tu sais par avance que si elle retourne ses cartes, à son tour, elle aura un as et un cavalier. Car tu ne laisses en rien le hasard interférer dans tes affaires. Jouer à tes côtés, c'est s'assurer la victoire.

— J'ai des informations sensibles à transmettre mais l'impossibilité de me diviser en deux entités. J'ai donc besoin d'une tiers personnes pour assurer la transmission.

Absolument rien ne prouve qu'une fois dehors, elle agira en ton sens. Tu en prends parfaitement conscience. Néanmoins, elle est dans une situation suffisamment précaire pour éviter de tourner le dos à la seule personne capable de la sortir de cet Enfer. Tu mises tout là-dessus. Et tu ne comptes essuyer aucunes trahisons. Sous peine que tes foudres funestes ne s'abattent sur sa tête.

— Acceptez mon offre et vous gagnez votre liberté dans les prochaines 72 heures.

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