Land of Death

FT. S. BROOKLYN O'MALLEY

Un jour après : House of Cards

Cris. Douleur. Pleurs.
Blessures. Injures. Parjures.

« S’il vous plait, aidez-moi. ».

Mort. Survie. Mort.

« Je vous en supplie ! Il ne respire plus ! ».

Les corps jonchent le sol où le sang a recouvert les pavés de béton. Les corps jonchent le sol, inanimés, transpercés et mutilés. Il erre entre eux, entend les lointains échos de leurs appels, de leur détresse, mais il est absent. Il leur répond mais personne ne le voit. Alors il avance, constate les dégâts avec prestance. Son corps nullement ne le fait souffrir tant son esprit est focalisé sur ce leur avenir. Que va-t-il advenir d’eux ? Que va-t-il se passer à présent ? Dans l’harmonie du temps, tout s’effrite et se dissipe. Il n’y a plus que la mort et la désolation. Leur interminable damnation. Comment diable l’Homme a-t-il pu en venir à ce point dramatique ? Comment diable l’Homme peut-il être capable de commettre pareille atrocité ? Il sent un haut le cœur arriver jusqu’à sa gorge et le clouer en deux, mais rien ne sort. Tout est indolore. Il leur répond mais personne ne l’entend. Il leur répond mais personne ne le voit. Les corps jonchent le sol et le sang a recouvert les pavés de béton. Les uniformes noirs sont en lambeaux. En mille morceaux. Dans l’harmonie du temps, tout s’effrite et se dissipe. Ils sont partis. Ils sont tous partis.

Il ouvre les yeux sur l’horizon en un sursaut, reprend goût avec la réalité et passe une main sur son front couvert de sueur. Sa seule main libre. D’un geste lent, le Dirigeant se redresse de son fauteuil et le remet dans le bon axe, c’est-à-dire face à la porte. Il s’est une nouvelle fois perdu dans les méandres de son esprit torturé par les images et par la douleur de toutes ces pertes. Il a essayé de les prévenir pendant cette réunion du Conseil. Il a essayé mais personne n’a écouté et tout n’a été qu’un fiasco total. Si sur le moment, il éprouvait une certaine admiration pour Légion et le message envoyé, elle s’était envolée dès l’instant où l’explosion a retenti. Ils ont tout gâché, tout est perdu. Tout est mutilé. Et aujourd’hui, il en souffre mais ne peut se résoudre à se noyer dans l’alcool. Pas lorsque tout est à reconstruire, pas lorsque ses audacieux en ont payé le prix fort, des plus jeunes aux plus âgés. Envy sent sa mâchoire se crisper et referme les yeux un court instant. Des enfants. Il y avait des enfants aussi. Secouant la tête, il se racle la gorge et se détourne de la fenêtre avec vue éloignée sur les immeubles de Chicago et le territoire audacieux en contre-bas. Il ne peut pas les laisser tomber maintenant, il ne le doit pas. Qui plus est, il a un rendez-vous des plus importants. Des points à mettre sur les « i » avec une jeune femme qui n’a pas hésité une seule seconde à désobéir. Il l’a encore au travers de la gorge, même si l’opération s’est bien déroulée, en fin de compte. Les choses auraient pu être bien pires. Mais tout de même… Il ne peut pas laisser passer ça.

Son avant-bras est parfaitement emballé dans du plâtre, soutenu par plusieurs bandes qui le bloquent contre lui, et permet également de le maintenir droit pour ne pas faire souffrir ses cotes fêlées. Il ne s’en sort avec rien, comparé à d’autres. Ce ne sont que des égratignures pour lui. Un mal nécessaire pour la survie des autres. Envy ne veut pas de fleurs pour ça, il ne veut pas de remerciements. L’on ne dit pas merci pour ça, pas alors qu’ils enterrent leurs morts et commencent un deuil immense. Pas alors que ce monde fout le camp. Il n’a rien contre les Divergents, absolument rien, mais intérieurement il ne peut s’empêcher de penser que peut-être, Rosenbach a raison d’en faire la traque. Que peut-être, tout ce désordre, et cette « Légion » ne sont que le fruit d’une différence bien trop élevée. Son soupir vient troubler le silence qui règne dans le fameux bureau, s’il en vient à penser une telle chose c’est qu’ils ont véritablement touché le fond.

C’est le son parfaitement connu de quelqu’un qui frappe à la porte qui le sort de sa légère léthargie pensive. Toujours debout, il effleure son sous-main du bout des doigts, ce matin a été synonyme de ménage pour lui, plus une goutte d’alcool ne traine dans ce bureau aussi propre qu’un sous neuf. Mais ce n’est pas l’envie qui manque…

« Tu peux entrer, O’Malley. ».

Il va hurler. Il le sait. Déjà ses traits sont tirés.

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A neuf heure trente tapantes elle avait toqué à la porte d’Envy Carter, son dirigeant. Brooklyn n’avait pas eu besoin de la convocation pour savoir pourquoi elle allait entrer dans ce bureau. Pas après ce qu’il s’était passé la veille. Outre les attentats qui allaient nécessiter une paperasse énorme et un sacré coup de balai dans la Faction, en plus de tout ce qu’un deuil impliquait, elle savait qu’elle était là pour son insubordination. Et c’était presque une bouffée d’air frais après ce qu’elle avait vécue depuis qu’elle avait sauté de ce fichu train.  C’était étrange pour elle ne pas se sentir concernée, de ne pas ressentir de tristesse malgré l’horreur des évènements. Pourtant elle avait vu le sol jonché de corps, le sang qui s’insinuait dans les imperfections du béton, les secours qui s’évertuaient à sauver des vies et le nombre incroyable de blessés lorsqu’elle avait elle-même fait un rapide tour par la case urgence avant de pouvoir regagner son appartement, parce qu’elle n’avait que des blessures superficielles. Des bleus, et principalement de légères brûlures aux mains pour avoir touché du métal chaud, mais rien qui ne l’handicaperait au même point que la balle qu’un s’était prise dans le talon il y avait deux mois. Pourtant son corps la faisait souffrir de toute part malgré les douches chaudes et froides qu’elle avait prise pour tenter de délasser son corps. Elle l’avait tellement poussé dans ses retranchements pour rattraper ce train et ensuite pour s’en échapper, qu’avec le manque d’exercice que son immobilisation et surtout sa suspension lui avaient imposé, elle devait presque repartir de zéro pour retrouver sa forme habituelle. Elle savait qu’elle pouvait s’estimé heureuse de ce qui lui arrivait comparé à tous autres et c’était peut-être précisément pour cela qu’elle ne parvenait pas à être désolée. Bien sûr elle se sentait ignore de ne pas compatir plus que ce que la société le lui imposait parce que ce n’était pas normal, mais tout ce chaos avait été son échelle pour remonter d’entre les ténèbres et elle ne pourrait jamais s’en excuser. Et de fait, l’atmosphère qui régnait depuis la veille au sein de la Fosse était suffocante. Il y avait comme elle, les blessés léger et ceux qui avait été absent du centre-ville et qui donc n’avait rien. Mais chacun cherchait ses proches. Il y avait ceux dont on était certain qu’ils étaient morts et le chagrin déformait les visages de leurs survivants. Et puis il y avait ceux dont on ignorait le sort. C’était encore pire. Le doute, l’espoir et le désespoir de les revoir ou non, la peur de les savoir quelque part sans aide ou dans un état grave. Tout cela contribuait à une ambiance morne. Lyn avait été au réfectoire pour diner et pour petit déjeuner et elle n’avait affronté que des larmes ou des visages rongés par l’inquiétude. Si ce n’était pour des proches, c’était comme elle pour ce que cet évènement signifiait pour leur faction. C’était un peu comme si le monde s’écroulait et que personne ne pouvait rien y faire. Aussi s’extraire de cette ambiance pesante même pour se faire engueuler lui convenait parfaitement. Et puis elle avait une infime étincelle d’espoir que cela se terminerait par la fin de sa mise à pied. Véritablement l’Audacieuse avait du mal à prendre toute la mesure de l’horreur qu’ils venaient tous de vivre parce que pour elle, il en ressortait du positif. Shadow avait-elle fini par perdre tous sentiments humains ?! En tout cas, elle obtint l’autorisation d’entrer et ouvrit la porte en affichant un air contrit, un air de repenti. La blonde s’approcha au centre de la pièce et se tint droite devant le bureau de son chef, les poings croisés dans son dos au niveau de ses reins, comme un bon soldat. Après tout elle avait été convoqué de façon très officiel alors autant agir comme telle. « Monsieur Carter. » Ajouta-t-elle à cet effet avec une voix neutre et le regard fixé sur lui. Lyn en profita pour noter qu’il avait l’œil clair et semblait donc parfaitement sobre. Il était pour sa part ressorti de l’hôpital avec un bras dans le plâtre et c’était une bien moindre blessure pour l’exploit qu’il avait accompli pour déclencher l’aiguilleur qui avait fait dérailler le train. Elle s’imaginait aussi qu’il avait un sacré hématome au niveau des côtés car la chaine à laquelle il s’était accroché avait dû comprimer sa cage thoracique d’une manière fort désagréable. Il s’en sortait relativement bien pour avoir comme elle été dans un train fou et en flamme. Il avait d’ailleurs pu entendre dans sa voix, sure d’elle, l’irritation de la fumée qu’ils avaient inhalée. En tout cas  elle était prête pour son savon et même elle l’attendait avec impatience pour se sortir de la léthargie générale qui régnait sur la Fosse.

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Land of Death

FT. S. BROOKLYN O'MALLEY

Insubordination. Refus d’obéir. Prise de risque incomparable et insoupçonnée. Voilà pourquoi elle est là. Il ne laissera pas ces détails passer, il déteste ne pas être écouté lorsqu’il ordonne quelque chose. Le Dirigeant est pourtant loin d’être compliqué, loin d’apprécier ordonner quoi que ce soit, mais lorsqu’il le fait il met un point d’honneur à ce qu’on le respecte. Brooklyn, elle, n’en a fait qu’à sa tête, et ça, il ne le digère pas, quand bien même tout se soit bien terminé pour eux et pour la ville. Elle frappe à la porte et c’est son geste qui le sort de sa torpeur, encore perdu dans ses pensées, dans les souvenirs bien trop amers de ce jour de guerre. Après avoir arrêté le train et regagné le centre-ville, Envy n’en a pas eu fini avec les émotions. Il a appris sur le tas la fusillade de ceux qui essayaient de se sortir de l’explosion, des rescapés, il a appris les morts et les corps, en est resté perturbé et s’est mis à aider malgré son bras blessé et ses cotes fêlées. Il a soulevé de la pierre, du gravât, a recherché Blake comme un dératé, laissant la fumée s’insinuer dans ses poumons. Ainsi, quand l’audacieuse approche et se met à parler, qu’il constate sa voix enrouée, il n’est nullement surpris. Il a la même, bien plus éraillée à force d’avoir hurlé et parce qu’il va encore le faire.

Elle se tient droite devant son bureau, raide comme un piquet, sait subitement où est sa place quand bien même Envy ne soit clairement pas ce genre de Dirigeant. Il sait être dur et juste quand il le faut. Juste quand il le faut, pas par amusement. Il n’en use ni n’en abuse de ce pouvoir. De sa main valide, son buste parfaitement maintenu par l’écharpe rigide, il fait glisser ses doigts sur une feuille, l’agrippe et se met à la lire à haute voix, le ton ferme.

« Prise de risque incommensurable. Refus d’obéir. Réponse éhontée. Insubordination. Mise en péril potentielle d’une opération de grande envergure et pour finir… Une vulgarité exécrable. ». Il repose doucement le papier sur le bureau, laisse le silence se creuser et une fois qu’il a récupérer sa main libre, les traits de son visage se déforment, ses prunelles d’ordinaires claires deviennent aussi noires que le charbon, ses sourcils se froncent et ses veines palpites. « Est-ce que tu as pensé une seule seconde à ce que ton insubordination aurait pu coûter à cette ville O’Malley ?! ». Il lève la voix, s’éraille un peu plus et fulmine. Ses membres se crispent, ses muscles se contractent et il se met déjà à contourner le bureau d’un pas lent et lourd, tout de noir vêtu. « Tu as désobéi à un ordre direct de ton Dirigeant. Tu as pris le risque de courir après ce train sans savoir quelle opération était en cours. TU as agi MALGRÉ mon désaccord. ». Et elle lui a pour ainsi dire « raccroché » au nez. « TU as agi en étant en convalescence. TU n’as rien écouté. Avoir de l’audace et du cran, oui il en faut soldat, mais lorsque ton supérieur t’ordonne quelque chose TU ÉCOUTES. ». Il souffle. « Si je te dis de t’arrêter, tu t’arrêtes. Si je te dis de sauter, tu sautes. Si je te dis de courir, tu cours. ». Elle ne l’a probablement jamais vu énervé de la sorte, cela n’a rien à voir avec son attitude de la veille qui restait professionnelle malgré la rage et les actes de la jeune femme. Hier il était calme, horriblement calme, si calme qu’elle s’était sentie poussée des ailes en le regardant de travers et lui adressant la parole comme s’il n’était rien de plus que l’un de leurs novices. Ou encore un vulgaire alcoolique.

Il ne porte aucune importance aux rumeurs, c’est à peine s’il les entend, pourtant il ne peut nier la réputation qu’il a au sein de la Faction. En soi, elle n’est pas entièrement mauvaise, mais il reste lucide quant à la manière dont il peut être perçu en état d’ébriété certaine et avancée. Les choses vont toutefois changer, le chemin sera long, mais il veut s’en sortir, ils ont tous besoin d’un Dirigeant sobre et concentré, surtout avec ce qu’il vient de se passer. Bien sûr, la raison première de ce changement quasi radical réside de Blake. La Sincère a su trouver les mots justes. A l’époque il refusait de les entendre, mais dorénavant, les choses sont différentes.

Envy marque un temps d’arrêt, la toise, serre la mâchoire et prend appui sur son bureau pour ne pas reculer. Il se tient debout mais ses cotes l’oppressent. A demi-assis, il ne quitte pas l’audacieuse des yeux, fronce toujours les sourcils et vient finalement se pincer l’arête du nez en fermant les yeux.

« Ton attitude mériterait une mise à pieds immédiate. Je pourrais même te faire renvoyer pour… Ca. Je devrais. ». Ses azurines se reposent sur la jeune femme et il souffle longuement par le nez. Il fulmine toujours. « Tu vas retourner à la Fosse, avec l’attentat on manque d’entraineurs. ». Mais surtout parce que le responsable est complètement hors-jeux. « MAIS. Ne crois pas que cela annule ton attitude égoïste et individualiste d’hier. Tu n’as pensé qu’à toi dans cette histoire, et tu m’as surtout manqué de respect. Un manque que je ne tolère absolument pas. C’est pourquoi, je ne veux pas te voir traîner en dehors de la Fosse la journée. Ton droit d’accès au Hive est suspendu jusqu’à nouvel ordre, et tu as gagné le droit de me faire cent pompes, ici et tout de suite pour m’assurer que tu as compris. ». Il se renfrogne et repasse derrière son bureau. « EXÉCUTION ! Je veux t’entendre compter. ».

Sans un regard de plus il reprend place sur sa chaise et attend qu’elle mette son ordre à exécution. Puis dès qu’elle commence à compter. « Si je te dis d’arrêter… ». Le Dirigeant attend la suite.

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Soulagée et à la fois anxieuse de se trouver devant son responsable, Brooklyn attendit, au garde à vous que la colère divine s’abatte sur elle. Car la jeune femme savait parfaitement qu’elle était là par rapport à sa conduite de la veille et son insubordination. Peu importe qu’Envy puisse être perçu comme un simple alcoolique, elle lui devait respect et obéissance parce qu’il était son dirigeant et qu’elle avait clairement outrepassé ses obligations pour se lancer à la poursuite de ce maudit train. Et s’il n’avait pas pu faire autrement que de lui emboité le pas au début, il était maintenant temps pour la jeune femme de prendre le retour de manivelle. Pour autant elle affronta son regard de l’autre côté du bureau parce qu’elle était venue en sachant parfaitement ce qui l’attendait et que cela ne lui faisait pas peur. Il avait beau détenir son futur au creux de sa main, elle ne regrettait rien et prendrait sa correction sans rechigner et la tête haute, qu’importe ce qu’il pourrait lui dire. Pour autant ce ne fut pas évident de l’entendre lire la feuille qui énonçait ses fautes. Et encore moins lorsqu’il argumenta ce qui allait désormais se retrouver dans son dossier. Il ne put voir ses poings qu’elle se mit à serrer, enfonçant ses ongles dans ses paumes mais le blond ne dut pas rater sa mâchoire qui se crispa avec l’affreuse envie de lui répondre. Elle s’imagina tout cela comme l’eau glissant sur les ailes des canards mais c’était loin d’être le cas. Elle mourrait d’envie de lui répondre et de se justifie, de montrer, de prouver que ce qu’il débitait n’était que des conneries mais cela n’aurait servie qu’à jeter de l’huile sur le feu et à aggraver sa situation. Hors, Shadow se trouvait aussi là pour faire amande honorable. Pour montrer qu’elle n’était pas qu’une inconsciente qui n’en faisait qu’à sa tête et qui n’écoutait rien. Elle n’avait que cette seule et unique chance de courber l’échine et de rentrer dans le rang. Elle s’autorisa simplement à ne pas baisser les yeux et à l’affronter fièrement. Par que oui elle avait pensé à la ville lorsqu’elle avait décidé de passer outre son ordre de rester en dehors de ça. Elle n’avait d’ailleurs pensé qu’à cela. Au fait qu’elle ne pouvait pas laisser le ver de fer semer encore plus de mort sur sa ville. Elle n’avait pensé qu’aux vies qu’elle devait sauver et que ce n’était pas en attendant sagement sur le côté qu’elle pourrait accomplir son devoir. Elle ne regrettait rien de ses actes et comme s’était la première fois depuis longtemps, elle ne se sentirait pas coupable de s’être bougé plutôt que de regarder. Et puis une petite voix au fond de son cœur lui soufflait que cette désobéissance lui avait peut-être sauvé la vie. Si elle était restée à tenter de dégager les blessés, elle aurait pu faire partir des victimes de la fusillade. Mais non, elle était en vie, et elle en avait probablement sauvé beaucoup plus que si elle avait obéit. Brook n’en serait jamais désolée, mais elle savait qu’il valait mieux ne pas s’en vanter. Alors oui elle avait désobéi, pour la bonne cause. Oui la jeune femme avait pris un risque mais elle n’avait pas eu peur de le prendre parce que c’était ce qu’il fallait faire. C’était son job, sa vocation de prendre les risques pour que les autres. Tant pis si cela impactait les plans du Conseil si elle sauvait quelqu’un. Et elle en avait sauvé plus qu’une en faisant dérailler ce train. Tant pis si cela signifiait désobéir à son supérieur du moment qu’elle permettait à des gens de rentrer chez eux et de retrouver leurs proches. Quant à son état de convalescence, elle s’en moquait bien car encore une fois, elle préférait se blesser elle, plutôt que de savoir que son inaction avait pu blesser les habitants de Chicago. Mais Lyn n’évoqua rien de toutes ses pensées, sachant que cela ne lui rapporterait rien de bien et hocha juste la tête pour confirmer au blond qu’elle avait bien comprit sa dernière phrase, un soldat devait se contenter d’obéir aveuglément. Un point sur lequel l’entraineur était d’accord mais contre lequel son cœur rebelle se battrait probablement jusqu’au bout. En tout cas elle n’avait pas ciller durant tout ce sermon même si elle devait admettre qu’elle était surprise pas Envy. C’était la première fois qu’elle le voyait dans cet état, qu’elle le voyait si remonté et elle eut du mal à repousser cette idée que c’était extrêmement sexy sur lui. Il fallait dire que la demoiselle était attiré par les hommes qui la toisa, qui lui montrait leur supériorité et un instant, elle imagina son supérieur la prendre sur ce bureau avec la même rage qu’il était en train de déverser sur elle pour lui faire comprendre qui commandait. Une excitation qu’elle camoufla tant bien que mal car c’était la première qu’elle envisageait l’homme de la sorte et il lui fallut un moment pour reprendre le cours de la conversation au moment où il abordait le problème de la sanction. Car si elle n’avait pas déjà été mise à pied, c’était ce qu’il lui aurait infligé, et il ne se gêna pas pour lui rappeler qu’elle aurait même pu avoir droit à pire. Toutefois comme elle l’avait espérer en passant le pas de la porte, il la restitua à son poste. Il ne pouvait pas se permettre de jeter un entraineur dehors avec le nombre de blessés et d’absents que comptait leur faction après les horreurs de la vieille. Elle ne devait son salut qu’au malheur et elle eut alors une pensée pour l’ange noir qui continuait de veiller sur elle alors qu’elle s’extirpait pourtant des ténèbres. Du reste elle se fichait de devoir rester à la Fosse en journée, c’était de toute manière sa place et elle doutait que le Hive soit très fréquenté dans les prochains jours de toute manière. Mais elle ne s’était pas attendue à devoir faire des pompes et le regarda comme s’il plaisantait. Mais alors qu’il faisait le tour de son bureau il lui fit comprendre qu’il était parfaitement sérieux. Elle relâcha une seconde son corps et se mit donc en position sentant d’avance qu’elle aurait du mal à atteindre le chiffre demandé après avoir été si longtemps hors de service. « Un. » Annonça-t-elle après une première pompe durant laquelle son corps entier l’avait fait souffrir. Elle commençait à sentir les courbatures de ses efforts de la veille et elle senti aussi le tiraillement dans son talon. « Deux. » Continuait-elle tout de même ayant bien l’intention d’aller jusqu’au bout de sa punition et pensant encore que cette nouvelle facette d’Envy lui faisait véritablement beaucoup d’effet. Brooklyn avait atteint le chiffre cinq, lorsqu’il reprit d’une voix autoritaire les commandements qu’il lui avait cité un peu plus tôt, attendant d’elle qu’elle complète la phrase pour prouver qu’elle avait bien comprit. « Six, j’arrête ! » Déclara-t-elle un peu plus fort sans en pensée un traitre mot. Si elle devait refaire sa journée, elle ne changerait absolument rien. Elle lui dirait simplement ce qu’il voulait entendre pour qu’il lui relâche la pression qu’il avait surement l’intention de lui mettre sur les épaules dans les jours qui arrivaient et la demoiselle se tiendrait à carreau le temps qu’il faudrait mais elle n’hésiterait jamais face aux conséquences si elle savait qu’elle pouvait sauver au moins une autre vie.

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FT. S. BROOKLYN O'MALLEY

Son regard qui ne le quitte pas, il le voit et en est pleinement conscience. Tout dans ses iris lui hurle de ne pas faire la moindre connerie et de ne pas soulever le moindre petit doigt, orteils compris. Les choses pourraient mal se terminer si l’audacieuse se met à tenter quoi que ce soit. Peu importe la justification, dans ce genre de moments qui n’arrivent pas souvent, Envy est tout bonnement hors de contrôle, et la moindre parole ne fait que mettre de l’huile sur le feu. Dans son état, il pourrait la renvoyer de la faction sans plus de cérémonie, mais comme Brooklyn le découvrirait si elle était à sa place, il y a certaines choses que l’on ne peut pas faire, même si on en éprouve une grande… Envie. Il est tenu par l’image de la Faction, tenu par les effectifs qui ont péri et les tous récents évènements qui virevoltent encore dans son esprit. Des images. Des souvenirs tortueux et sinueux car malgré ce que l’on pense et ce qu’en disent les rumeurs, le Dirigeant est toujours fidèle aux préceptes qu’il a longtemps prodigué lorsqu’ils formaient les jeunes recrues de la Police. Il n’a jamais laissé tomber personne professionnellement parlant et au sein de sa Faction. Il fait toujours ce qui lui parait le plus juste et il offre des secondes chances.

Aujourd’hui, les choses sont compliquées et il sait qu’il va avoir énormément de tâches à gérer. Il ne s’en plaint pas, à personne, jamais. Voilà pourquoi il sait pertinemment ce que le regard de Brooklyn signifie, pourquoi elle redresse la tête. Au fond c’est une forme de rébellion, elle n’approuve pas ce qu’il dit mais ça il en a strictement rien à foutre, parce qu’il beugle plus qu’il ne parle. Parce qu’en dépit de la réussite de leur action (ils sont là pour en témoigner), la mission aurait pu se révéler être un véritable fiasco. Le plus total. Bien sûr, si la jeune femme se trouve ici, dans ce bureau, c’est majoritairement parce qu’Envy n’a pas apprécié de se faire remballer comme un malpropre, il n’en a pas l’habitude et si jusqu’ici très rares sont ceux qui l’ont fait c’est qu’il y a bien une bonne raison. Ses azurines se font rudes et impénétrable, totalement imperméable à la mâchoire féminine qui se crispe et les poings qu’il devine probablement serrés dans son dos. Il n’ira pas vérifier, cela n’en vaut pas la peine à ses yeux. Personne n’aime se prendre de rouste, personne. Il ne se radoucit pas pour autant et continue ses palabres en évoquant son attitude peu recommandable. Oui, elle a agi comme une audacieuse, au détriment du reste, au détriment de ce qui fait d’eux des soldats à part entière. Et c’est ce qu’il ne peut tolérer, pas sous sa direction en tout cas. Conscient de ne pas être parfait, l’audacieux n’en fait toutefois pas un drame, de par son statut il n’est pas forcément fait pour être apprécié et idolâtré, loin de là.

Alors il vocifère et expose ses conditions. Elle ne doit sa clémence que parce qu’il ne peut pas la mettre à pieds davantage et parce que le Responsable de la Fosse est sur le banc de touche pour une durée indéterminée. D’autres entraineurs sont également morts dans l’attaque et ils ne peuvent abaisser leur méthode en ces temps soucieux. L’âme de la Faction doit passer avant le reste et c’est uniquement pour cette raison que Brooklyn est réaffectée à son poste, avec quelques restrictions et surtout une demande assez audacieuse pour le coup. Le regard surpris de la blonde ne le fait pas sourciller, et s’il n’avait pas déjà un bras dans le plâtre, il les aurait croisés contre son abdomen en la fixant comme il le faisait. « Je suis sûr que ça ne posera pas de problèmes. ». Ton ferme et irrévocable. Il ne changera pas d’avis et repasse d’ailleurs derrière son bureau pour s’asseoir et affirmer sa position à ce sujet, loin de se douter que pendant la moitié de son monologue la jeune femme s’est mise à avoir des images plutôt saugrenues et déplacées en tête. Assis sur la chaise, il l’observe d’un œil distrait, vaquant à sa paperasse pendant qu’il l’entend compter et faire ses pompes. Dans sa tête, il compte également et commence à répéter les paroles qu’il a dit précédemment afin qu’elle complète ses phrases. « Avec un peu plus d’enthousiasme je te prie. Si c’est de cette manière que tu as réussi à convaincre tes entraineurs à l’époque c’est qu’il y a eu erreur sur le casting O’Malley. ». Le ton est toujours sec et Envy n’en démordra pas, quoi qu’il advienne, quoi qu’il en coûte. C’est le moment de faire ses preuves. « Même avec un bras en moins et des cotes fêlées j’irais plus vite que toi. Allez, on se bouge ! Audacieux oui ou non O’Malley ? ». Il s’écarte de sa feuille pour la regarder. « Un problème avec ce que je dis ? ». Son attitude ne lui plaira sans doute pas, mais il en a cure. Il veut être convaincu de ce qu’il entend. « Continue de compter. ». Et il reporte son attention sur la liasse de papiers.

« Si je te dis de sauter… ». Il attend une nouvelle fois la suite, et fait de même avec la dernière phrase puis la lui fait répéter entre deux comptes. Puis il la fait recommencer. Ce n’est qu’arriver à cinquante pompes qu’il se relève et vient s’accroupir à côté d’elle sans même grimacer par l’effort que ça lui demande avec ses cotes abîmées. « Ne me fais pas regretter la levée de ta mise à pieds Brooklyn, mets-y plus de cœur. », qu’il souffle avant de rester là un long moment à l’observer faire. A observer ses joues prendre de la couleur. Elle peut bien ruminer il en a véritablement… Rien… A… Foutre.

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Brooklyn savait très bien pourquoi elle était là et savait que dans le fond, elle méritait d’être présentement en train de se faire remonter les bretelles par son supérieur. Elle lui avait désobéit, devant une audience, elle n’avait pas suivi ses ordres et fait passer son instinct avant son devoir. Il était normal qu’elle doive affronter les conséquences de ses actes. Mais ce fut une véritable épreuve que de ne pas lui répondre, plus difficile que de rattraper ce maudit train. Mais la blonde avait gardé la tête haute pendant tout le sermon d’Envy et elle avait eu beau hocher la tête, elle savait que si elle devait recommencer, elle agirait de la même manière, encore et toujours. Bien sûr elle savait que ce n’était clairement pas la chose à répondre à son supérieur et elle garda le silence tout du long préférant se laisser distraire par la facette d’autorité qu’il lui faisait voir. Jusqu’alors Lyn ne s’était jamais rendu compte du potentiel de charme de son boss. Elle le trouvait bel homme, comme toutes les femmes de la faction, mais aujourd’hui elle le voyait autrement. Il s’affichait comme le genre d’homme qui l’attirait et lui faisait de l’effet et cela la troublait pour ne pas dire que cela l’excitait. L’Audacieuse avait toujours eu des amants pour l’hygiène et parce que son cœur appartenait à un homme qui n’en voulait pas mais depuis peu, elle remarquait un peu plus la gente masculine qui l’entourait, sans savoir pourquoi véritablement. Juste comme si elle se sentait plus libre ou plus légère. Toutefois elle n’eut pas le loisir de s’arrêter longtemps sur cette contemplation que Carter lui intimait l’ordre de faire une centaine de pompes. Décontenancé, elle le regarda attentivement pour savoir s’il plaisantait et se rendit rapidement compte que non. Brook se mit donc en position et commença à compter. Dans la théorie cela n’aurait pas dû lui poser de problème, mais dans la pratique c’était une autre histoire. Après des mois d’immobilisation et d’inactivité à cause de son pied blessé, la jeune femme avait poussé son corps dans ces derniers retranchements pour accomplir son méfait de la vieille, elle avait mis tous ses muscles au supplice pour atteindre les rails et en ressentait les effets depuis son réveil. Sans compter qu’elle n’avait plus l’habitude de s’entrainer non plus depuis des semaines. Et quand en plus il lui demanda de parler en même temps pour prouver qu’elle avait compris ce qu’il lui avait dit quelques minutes auparavant, elle sut qu’elle ne parviendrait jamais au nombre à trois chiffres. Pour autant, comme un bon petit soldat, elle répéta les mots qu’il lui avait dits. Et avec la réponse que lui fit Envy, le numéro sept s’échappa de ses mâchoires serrées de colère. Shadow était épuisée par tout ce qu’elle avait vécu la veille, physiquement et émotionnellement et il était encore là à l’asticoter alors qu’elle s’exécutait sans rechigner. S’il n’avait pas été aussi sexy, se faisant, elle aurait pu l’envoyer balader. Peu importe son grade. La demoiselle se contenta seulement de fermer les yeux pour le visualiser nu et se donner un peu de courage pour continuer cette torture qui ne venait que de commencer. Elle arrivait à dix lorsqu’elle lâcha un puissant « OUI CHEF ! » Elle était une Audacieuse, maintenant et à jamais. C’était sa Faction, sa Famille et elle n’y renoncerait pour rien au monde et pour le lui prouver elle réussirait ces maudits pompes même si elle devait ensuite ramper jusqu’à ses quartiers parce qu’elle aurait donné ce qu’il lui restait d’énergie pour en accomplir cent. « Onze. » Annonça-t-elle du coup avec plus d’entrain pour éviter d’autres remarques. Dans le fond elle n’avait pas de problème avec la méthode employée, elle était même courante entre les murs de la Fosse, mais elle n’avait plus eu à la subir depuis des années et c’était une bien douloureuse humiliation qu’elle tenta cependant d’affronter de son mieux. Elle continuait de compter, ayant parfois du mal à relever son corps meurtri. Elle continuait de répéter avec conviction les préceptes que son supérieur tentait de lui graver dans le crane tout en sachant pour sa part que ce n’était que du vent parce qu’il lui en faudrait plus pour ne plus réagir à l’instinct, pour ne plus sauver les gens. D’autant plus qu’elle imaginait son corps musclé allongé sous le sien qu’elle pouvait effleurer à chaque descente. Une image qui l’aidait à poursuivre son compte malgré les premiers signes de fatigue dans sa voix. Parvenue à la moitié, Brooklyn ressentait chacun de ses membres avec une violence qui ne l’excitait plus du tout, elle était épuisée et au bord de l’abandon. Elle avait tellement mal qu’elle avait envie de pleurer et même son imagination ne l’aidait plus pour continuer à relever et abaisser son corps en rythme. La blonde nota le mouvement en direction du bureau et ouvrit les yeux pour regarder Envy venir s’accroupir près d’elle. Il lui asséna une énième remarque sur sa position fragile au sein de leur groupe et elle le regarda cette fois méchamment ayant une énorme envie de se laisser tomber et de lui dire d’aller se faire foutre mais ils savaient tous les deux qu’elle n’en ferait rien parce que leur position reflétait parfaitement la situation. Il était le chef et elle le soldat qui obéissait. Elle avait juste à la fermer et à s’exécuter. « Cinquante et un. » Se contenta-t-elle de dire à travers ses dents serrer par la colère et la douleur. D’ailleurs le jeune homme était désormais suffisamment proche pour remarquer sa jambe qui tremblait à cause d’une crampe. Son talon avait beau être guéri, cela faisait cinq bonnes minutes qu’il s’était rappelé au souvenir de Brook et qu’elle faisait au mieux pour l’ignorer et continuer. Si ce n’était pas y mettre du cœur, elle ne savait pas ce qu’il attendait de plus d’elle. S’ils avaient pu échanger leur place, elle lui aurait fait faire des tractions avec son bras plâtré, on aurait alors vu quelle conviction il était prêt à mettre dans cet exercice, pensa-t-elle avec amertume. « Cinquante-deux... » La douleur commençait à transpirer dans sa voix mais elle préférait le maudire intérieurement que de s’arrêter alors même que sa jambe tremblait de plus en plus. Elle allait suivre de putain d’ordre jusqu’au bout.

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Land of Death

FT. S. BROOKLYN O'MALLEY

Accroupis à côté d’elle, il la regarde faire avec insistance. En voyant sa jambe tremblante, l’audacieux manque de lui dire de tout arrêter, le but n’est pas de la blesser davantage, mais le regard noir qu’elle lui offre ne lui plait pas. Pas du tout.

« Tu peux m’adresser tous les regards offensés que tu veux, je ne suis pas à mon poste pour être aimé ou adulé. En tant qu’entraineuse, tu le sais forcément. »

Envy n’est toutefois pas du genre à abuser de son pouvoir, c’est même tout l’inverse en réalité, mais il n’aime pas l’insubordination ou l’affront. Une porte à peine ouverte peut laisser place à toutes sortes de dérives, comme celle de la veille. Brooklyn n’avait rien fait de mal en soi, mais les choses auraient pu très mal tourner. Ce n’était qu’une chance que l’opération se déroule dans ces conditions. La catastrophe et les conséquences auraient pu en être dramatiques. C’est ce qu’il veut que la jeune femme comprenne, mais à en juger par ses regards et ses dents serrées, le message ne semble pas réellement passer. D’où son envie de se taire et de ne plus rien dire, quand bien même il sache et aperçoive la crampe qui s’est formée et la fragilité de son talon malmené. En silence, l’audacieux se redresse et fait doucement les cents pas dans la pièce, la laissant aller jusqu’à 90. Lorsque le nombre est entendu il reprend la parole. « Stop. Tu peux te remettre debout O’Malley. ». Il sait reconnaître l’échec et celui-ci en est clairement un. Sourcils froncés, Envy garde les traits tirés et fermés, au fond ça le contrarie énormément qu’elle ne comprenne pas, qu’elle ne voit pas plus loin. Ce n’est pas le souci de se préoccuper des autres et de la sécurité des citoyens qui dérange le blond, c’est la prise de risque au détriment de cette sécurité. Il sait, il devine, que le but de sa manœuvre cache en réalité une volonté de faire ses preuves pour revenir sur le terrain. C’est un détail qu’il a percé à jour en plus du comportement jugé irrespectueux.

« Assieds-toi. »

Il lui montre la chaise en face de son bureau et contourne ce dernier pour revenir s’asseoir en prenant soin de rester droit pour ne pas sentir ses cotes hurler à la mort.

« Brooklyn. Tu ne peux pas te permettre de chier royalement sur la sécurité sous prétexte que tu veux prouver que tu vaux quelque chose. Ce n’est pas parce que tu es blessée et en convalescence que tu ne vaux plus rien. Tu n’avais pas besoin de faire ce que tu as fait pour espérer prouver au monde entier que tu n’es pas sur la touche. » Il soupire. « En faisant cela tu as pris des risques inconsidérés qui auraient pu tous nous mettre en péril, y compris toi. » Sa voix est plus calme, plus posée, il sait qu’elle n’est pas stupide et capable de comprendre ce qu’il essaye de lui dire (une nouvelle fois). « Tu essayes de te persuader que ce que tu as fait, tu l’as fait pour Chicago, mais tu sais aussi bien que moi que ce n’est pas la stricte vérité. Pas entièrement. ». Soudain, l’audacieux pointe son doigt vers elle et se penche en avant. « Je veux pouvoir compter sur toi et chacun des audacieux. Pour ça j’ai besoin de savoir que tu ne remettras pas en cause mes ordres la prochaine fois. Est-ce que tu comprends ? ».

Il insiste parce qu’il ne veut pas revivre ça à nouveau, et bien que le ton de sa voix soit plus calme, il demeure très sérieux et ferme. Il ne veut pas avoir à sévir davantage mais à la moindre rébellion il devrait prendre les décisions qui s’imposent. Brooklyn a fait du bon boulot malgré les circonstances et il ne le remet absolument pas en cause, ni elle, ni ses capacités. Mais il a besoin de pouvoir compter sur elle et sur eux, sans s’inquiéter de savoir si oui ou non son ordre sera suivi à la lettre sans rechigner. Il ne peut pas se permettre de perdre du temps à créer une cohésion de groupe à chaque opération. Ils n’auront jamais le temps de le faire.

« Avec les temps sombres qui s’annoncent, j’ai besoin que vous soyez prêts à écouter et suivre les ordres pour le bon fonctionnement des potentielles futures opérations. Vous serez tous amenés à participer, mais si je ne peux pas compter sur toi Brooklyn, je n’irai pas par quatre chemin, ce sera renvoi illico presto. »

Qu’elle se le tienne pour dit.

« Si tu n’as pas de remarques particulières, tu peux t’en aller. Les novices t’attendent. ».

'Cause you can't rewind a moment in this life

Bien sûr, Envy n’apprécia pas le regard noir qu’elle lui envoya alors qu’accroupi près d’elle, il trouvait encore à redire sur son comportement. Pourtant Brooklyn était là, à faire des pompes malgré une crampe qui lui vrillait la jambe, à subir un sermon qu’elle savait parfaitement inutile, même si ce n’était pas ce qu’elle allait lui répondre. Elle se contenta donc de lui faire passer son mécontentement de la sorte et continua de compter toujours plus difficilement et plus lentement. Le geste en lui-même n’était pas la plus dure des tortures. Ce qui faisait encore plus mal à la demoiselle était que ce genre d’exercice n’aurait jamais dû lui poser problème. Cela lui rappelait son arrivée dans la Faction. Et elle était tout sauf physique au début, il lui avait fallu des heures et des heures d’entrainement pour atteindre un niveau convenable et encore plus pour se hisser au-dessus du lot. C’était une véritable humiliation de n’être plus capable de rien. Pourtant, malgré sa souffrance palpable, Lyn continua son exercice, sa punition jusqu’à l’ultime nombre de quatre-vingt-dix lorsque son supérieur l’autorisa à s’arrêter marquant ainsi son échec cuisant. Il enfonçait le clou en la laissant s’approcher du but pour finalement l’abattre en plein élan. Et la jeune femme fut alors tiraillée entre l’idée de continuer pour se prouver au moins à elle-même qu’elle pouvait y parvenir et le fait que ce serait de nouveau lui désobéir même s’il n’avait techniquement pas formulé d’ordre. Durant sa réflexion, elle effectua encore une pompe et amorçait la descente d’une seconde lorsque sa cuisse lâcha pour de bon. Lâchant une grande bouffée d’air pour exprimer sa douleur, la blonde roula sur dos et resta dans cette position le temps de retrouver sa respiration. Elle tira sur ton tee-shirt et le remonta pour s’essuyer le visage se moquant de dévoiler son corps à son supérieur, la pudeur n’ayant pas réellement sa place dans la Fosse. Elle se redressa ensuite pour masser sa jambe douloureuse, ne pouvant pas encore s’occuper de son pied, emprisonner dans sa chaussure, mais il la lançait avec la même intensité que le jour où il avait été blessé. Elle regarda Carter l’inviter à s’asseoir et ce fut avec, cette fois, les yeux baisser qu’elle s’exécuta. Brook avait mal partout et lorsque son supérieur ouvrit la bouche, elle comprit qu’elle n’avait pas encore fini de souffrir. L’homme continua sur le fait que les règles étaient là pour être respectées et toucha un point sensible pour la belle, prouver qu’elle avait encore sa place. Elle pinça les lèvres parce que même s’il était proche de la vérité ce n’était pas encore dans le mille. Il n’avait qu’une partie de l’analyse pour autant l’entraineur le laissa continuer sans l’interrompre sachant que ce n’était pas parce qu’il l’avait autorisé à prendre place à son bureau qu’elle pouvait désormais lui répondre et se défendre. Au lieu de cela, Brook passa sa frustration sur un petit anneau qu’elle portait à l’auriculaire. Elle hocha donc distraitement la tête au parole d’Envy qui ne pouvait pas se rendre compte à quel point elle comprenait parfaitement ce qu’il disait, peut-être même mieux que lui après avoir été abandonné par la personne sur laquelle elle comptait le plus. Mais elle garda le silence pour s’empêcher de lui répondre trop précipitamment et d’aggraver son cas. Ce n’était pas le but de la manœuvre. En effet malgré les regards noirs qu’elle avait pu lui jeter, Lyn avait pénétré dans ce bureau avec l’idée de servir de paillasson et d’essuyer tout ce que son chef lui jetterait à la figure, mais elle avait sous-estimé la difficulté d’un tel acte de contrition. Surtout lorsqu’il annonça qu’elle n’avait plus le droit à l’erreur. Elle secoua plus fermement la tête et trouva le regard de son dirigeant pour y planter ses émeraudes emplies de conviction. « Je suis…véritablement désolée d’avoir désobéi et tu as raison j’ai agi parce que je voulais me prouver à moi-même que je n’étais pas un poids mort pour ma Faction, les Audacieux c’est toute ma vie, ma famille et ma maison, je ne ferai jamais rien qui puisse remettre ça en question et je ne serais jamais rentrer dans le train si je ne pensais pas qu’il y avait quelque chose à faire ou si tu m’avais dit non, mais je me devais d’essayer. Alors je sais que j’ai chié ces derniers mois parce que...enfin ça a été une mauvaise passe mais tu as mon dossier tu sais que tu peux compter sur moi, même si je ne suis pas tout le temps dans les clous, tu verras je ne te décevrai pas. » Cela ne rentrait pas vraiment dans le cadre des remarques particulières mais Brooklyn avait eu besoin de lâcher ce qu’elle avait sur le cœur et sa voix avait porté les traces de sa sincérité tout en restant calme et exempte de reproche. Toutefois, ne s’attendant pas à une réponse puisqu’il venait plus ou moins de la congédier, la jeune femme se redressa et se dirigea vers la porte non sans un salut militaire avant de s’éloigner en boitant un peu à cause de sa jambe. Elle s’arrêta juste dans l’encadrement et lui adressa un dernier mot avant de partir. « Sinon j’ai hâte qu’on te retire ton plâtre pour te voir faire une petite centaine de pompes, ou de tractions, n’importe, du moment que tu le fais torse nu. » Elle afficha alors un sourire malicieux et lui offrit un clin d’œil avec la même subtilité qu’un éléphant avant de disparaitre dans le couloir. Ce n’était pas forcément malin alors qu’il lui avait reproché un comportement d’insubordination mais elle avait trop fantasmé durant son épreuve pour garder ça pour elle et puis si ça pouvait détendre un petit peu l’atmosphère entre eux parce qu’elle avait dit cela sur le ton de la plaisanterie alors elle pouvait bien tenter, cela ne faisait de mal à personne.

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