Musique

Ses claires prunelles avisaient la vaste salle. Une ambiance tamisée rendait cet endroit chaleureux, intime. Propices aux rapprochements. Le genre de détails n'échappant pas à Nathaniel. Son visage dissimulé par un masque vénitien, il se déplaçait parmi la foule. Une part de lui espérait la revoir. Qu'importe les paroles virulents qu'elle pouvait émettre à son encontre, il désirait ardemment la retrouver à cette soirée. Avoir une chance de la charmer. L'audacieux possédait cette certitudes bien ancrées en lui : celle de la reconnaître. Les yeux de Phoebe étaient uniques. Ce regard qu'elle lui adressait n'était pas commun. La forme de sa mâchoire. Ses lèvres. Il n'avait aucun doute. Si elle se présentait à cette soirée masquée, il la reconnaîtrait.

Agile et gracile, il se mouvait entre corps déjà en mouvements. Il percevait des bougeoirs disposées sur plusieurs tables et un instant, ses lèvres s'étirèrent en un rictus moqueur. Le propriétaire des lieux aurait l'air malin si un incendie se déclarait. Tout à ses pensées, il vit une brune passer. Quelque chose dans sa démarche lui rappelait l'audacieuse. Alors sans réfléchir d'avantages, il s'approcha de cette ténébreuse apparition. Il ne voyait que son dos mais il gagnait du terrain. Il allait bientôt pouvoir se plonger dans les prunelles de cette jeune demoiselle. Toujours aussi habile, il se faufilait, prenant soin de ne bousculer personne. Tout du moins, il essayait. Une fois à la hauteur de son objet de convoitise, il accéléra le pas pour la dépasser et se présenter face à elle. De son sourire charmeur, il s'arma. Il était presque sûr qu'il s'agissait de Phoebe.

Avec lenteur, il présenta sa main à cette créature de rêve. Invitation muette pour une danse. C'est tout ce dont il avait besoin.

Nathaniel & Phoebe

« I used to walk into a room full of people and wonder if they liked me... Now I look around and wonder if I like them. » Anonymous

Le Conseil avait organisé un bal masqué, sans doute pour fêter l'arrivée du printemps ou une idiotie du genre. Vous connaissez l'ancienne tactique romaine Du Pain et des Jeux ? Le principe de ce bal en était à peu près le même. Abrutir l'esprit des gens, réunir un peu toutes les factions, donner un semblant de liberté et de fraternité entre tous alors qu'il est d'ordinaire interdit de voir les membres des autres factions. J'avais bien évidemment décidé de passer mon tour lorsqu'une véritable tornade de cheveux blonds m'avait mi-suppliée, mi-forcée à venir avec elle. Non contente de m'avoir donné absolument toutes les raisons du monde pour laquelle j'étais obligée de venir avec elle, cette grande folle qu'est ma soeur m'avait même mis sous le nez une magnifique robe couleur ciel ( rien à voir avec les bleus ciels pétant que l'on voit d'ordinaire ; un bleu léger, lumineux, comme si le créateur était parvenu à découper un morceau du ciel et à le façonner en cette robe ), qu'elle avait apparemment prit la liberté d'acheter pour moi. Comment résister à cette espèce de feu d'artifice sautillant qui ne souhaitait que s'amuser en compagnie de sa désagréable soeur ?

*    *   *

« Phoebe, je suis désolée... Je crois que je fais une intoxication alimentaire, je te jure qu'ils vont m'entendre à l'hospital ! Je suis sincèrement navrée... », me dit-elle le soir même, alors que je me trouvais devant la salle de la réception à l'attendre comme une cruche, à sa demande première. « Vas-y sans moi, s'il te plaît ! Je veux que tu me racontes tout en détail demain à la première heure ! S'il te plait, fait ça pour moi... » Et c'est ainsi que contre toute attente, je m'étais retrouvée prise au piège dans cet événement poudre-aux-yeux. Partir après tous les efforts de Keira aurait été injuste envers elle. Et puis, je n'avais rien à craindre. Nous portions tous des masques ce soir, je pourrais aisément éviter ceux que je ne souhaitais pas croiser sur mon chemin. Peut-être Nathaniel était-il présent lui aussi... Ce masque m'épargnerait la peine d'avoir à l'éviter. Il y avait suffisamment de monde et suffisamment de masques pour qu'il ne me reconnaisse ni ne me croise.
Je restais à l'écart de la piste de danse, avec celles qui n'avait personne pour les accompagner et celles qui n'étaient venues là que pour s'empiffrer du buffet à volonté. Je m'amusais à décrypter les allures et expressions des autres. A observer les tenues choisies. A regarder des couples se former, qui ne se reconnaissaient peut-être même pas l'un l'autre. Il y avait une forme de magie dans cette soirée, une magie illusoire. Keira aurait adoré. Elle aurait probablement vu là dedans des possibilités d'amour naissant, une ouverture pour toutes ces personnes de peut-être tomber sur la personne qu'il manquait à leur vie. A mon sens, il suffisait d'attendre l'heure où tomberaient les masques. Cette soirée prendrait alors rapidement un tournant intéressant...
-Aucune demoiselle ne devrait rester ainsi dans son coin... M'accorderiez vous cette danse ?
La voix suave qui venait de me tirer de mes pensées appartenait à un jeune homme aux allures galantes, distinguées, aux cheveux bruns et dont le masque faisait ressortir ses yeux émeraude. Il se tenait à une distance raisonnable, un sourire sur le coin des lèvres dont je ne dénotais aucun rictus dragueur. Sa main tendue vers moi, il attendait simplement ma réponse, qui ne devait trop tarder sans quoi il allait rapidement me considérer comme une arriérée mentale.
-Avec plaisir, répondis-je en glissant ma main dans la sienne.
Il m'entraîna sur la piste de danse dans un petit tourbillon qui me fit rire. Peut-être serait-il une mauvaise surprise. Peut-être pas. Pour l'instant, il avait simplement réussi à me faire oublier, en l'espace de deux secondes, que je ne voulais pas être ici. Keira aurait été fière de moi... Evitons tout de même de lui conter ce passage demain matin, où elle préparera le mariage avant même de savoir si cet homme pourrait signifier quelque chose !

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Il la tenait, bien creux au niveau des reins. Il la tenait, bien proche de son corps alors qu'il les élançait sur la piste de danse. Ses claires prunelles se plongeaient sans pudeur dans ces yeux... banals. Nathaniel dévorait cette jeune femme des yeux, à la recherche d'un indice, d'une confirmation. Il voulait savoir, il voulait être sur qu'il s'agissait bien de Phoebe. Pour autant, alors qu'il dansait avec cette inconnue, il comprit combien il s'était trompé. La taille, les cheveux... Même le nez ressemblait à celui de sa tornade brune. Pour autant... quelque chose clochait. Il ne reconnaissait pas ce regard. Et ce sourire ne le chavirait pas. Il ne se passait rien en lui. Si l'amour, ou tout autre sentiments de ce genre était bien un phénomène chimique, alors clairement, l'alchimie ne passait pas entre cette inconnue et lui. Se maudissant intérieurement, il se désintéressa aussitôt de sa cavalière. Pour autant, il continuait de jouer le jeu. Il dansait avec cette poupée artificielle sans conviction. Son regard se perdait parmi la foule. Il cherchait celle qui hantait perpétuellement son esprit. Il espérait bien la trouver, une petite souris blonde dont on taira le nom lui avait confirmé sa présence.

En quelques secondes, à peine, il repéra son meilleur ami en charmante compagnie. Une brune lui rappelant que trop Phoebe. Sans perdre un instant de plus, il prit le contrôle de la danse et de manière bien habile, il se déplaçait parmi les danseurs pour se rapprocher que d'autant plus de ce duo improbable. Il devait savoir si oui ou non il s'agissait bien de l'audacieuse. Il en était persuadé, son instinct le lui criait, entre les bras d'Aubrey reposait son obsession.

Nathaniel, dans sa grande impatience, ne pouvait attendre la fin de la chanson. Il devait agir, maintenant. Avant qu'il ne soit trop tard. Il ressentait comme un sentiment d'urgence. Cette impression déraisonné que si il attendait d'avantages, elle finirait par s'en aller. Aux aguets, il cherchait la moindre ouverture et elle se présenta lorsqu'Aubrey fit tournoyer la brunette. Nathaniel abandonna sa cavalière auprès d'un autre pour, rapidement, se placer aux arrières de Phoebe. Il la saisit au niveau des hanches, adressant un simple regard à son meilleur ami. Ils se connaissaient depuis si longtemps qu'il y'avait ce genre de moment où les mots n'étaient pas nécessaire pour se comprendre. Un sourire en coin, Aubrey s'en alla au plus grand bonheur de Nathaniel.


En un geste subtil, il effleura le bras de sa nouvelle cavalière pour ensuite entre-mêler leurs doigts. Son autre main, toujours posée sur sa hanche, l'incitait à rester contre lui. Il se demandait alors si elle sentait cette même alchimie. Est-ce qu'elle ressentait les mêmes frissons qui le parcouraient en cet instant? Restant à peine deux secondes dans cette position, il décida de ne pas la faire trop attendre, sous peine de subir son impatience. Cette simple idée l'amusa et aussitôt, il la fit tournoyer pour qu'elle puisse lui faire face. Et nul doute... lorsqu'il plongea son regard dans le sien, il sut qu'il s'agissait bien d'elle.

Nathaniel & Phoebe

« I used to walk into a room full of people and wonder if they liked me... Now I look around and wonder if I like them. » Anonymous

Toujours aussi gentleman, c'est avec une précision, une délicatesse et un professionnalisme des plus parfait que le bel inconnu me fit tournoyer... mais ce n'est pas lui qui me réceptionna. Un touché fin, léger, presque intime. Le regard de mon cavalier passa au dessus de ma tête, puis il se recula et partit, comme s'il semblait naturel qu'il me laisse avec ce nouveau cavalier. Nouvel inconnu qui m'effleura le bras à la façon dont seul Nathaniel savait le faire. A chaque fois que nos chemins se croisaient, à chaque fois qu'il parvenait à m'attirer à lui, il m'effleurait le bras de cette façon. Un tourbillon plus tard, nous étions face à face, son regard plongeant dans le mien comme pour s'y noyer. Ce genre de regard où il me faut toute ma volonté, toute ma concentration pour ne pas céder et regarder ailleurs, ce genre de regard qui vous ferait croire que la raclure de macadam en face de vous... serait bel et bien digne d'être aimé, et qu'on pourrait lui faire confiance. Ce genre de regard qui vous fait fondre et vous fait oublier tout ce qui se trouve autour. Le genre de regard auquel on ne peut répondre que par un baiser.
-Je croyais que mon hostilité ferait fuir n'importe qui ? attaquais-je sans pourtant élever la voix.
Oui. Cela, je ne l'avais pas oublié. Je n'avais pas oublié la dernière fois où nous nous étions parlé, comment il n'avait pas apprécier que je le mette le nez dans sa propre merde, comment il était passé du mec tout gentil à la belle ordure qu'il est vraiment.
-Arrête de me regarder comme ça, Nathaniel. Ca ne prend pas.
Ou au contraire, cela ne prenait que trop bien, et j'avais besoin qu'il cesse de me torturer ainsi avant que mon imagination ne prenne quelque peu le pas sur la réalité...
La chanson toucha a sa fin et je lâchais donc sa main, mettant une distance de sécurité entre nous deux. Je voulais le fuir, je voulais rentrer. Je voulais oublier ce que je ressentais en sa présence. Ou peut-être que non justement. Ce n'est pas ce que je voulais. Ce qui était exactement la raison pour laquelle tout en moi hurlait de le faire. Pourtant je restais là. Face à lui. Avec cette distance de sécurité qui n'allait pas tarder à combler, il la comblait toujours. Il serait là. Pour une raison inconnue, il était toujours là. Qu'importe la situation.

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— Je croyais que mon hostilité ferait fuir n'importe qui ?

Comment ne pas succomber aux charmes de sa répartie foudroyante? Comment ne pas succomber à sa voix mélodieuse? Comment ne pas vouloir goûter à ses lèvres qui bougeaient et s'animaient dans le seul et unique but de le repousser... mais qui ne l'attirait que d'avantages auprès de sa beauté empoisonnée. Un sourire espiègle en coin, il ne put s'empêcher de resserrer son étreinte autour de ses hanches, l'attirant que d'autant plus contre lui, la guidant au fil de la mélodie.

— Peut-être que je ne suis pas n'importe qui?

Cette douceur dans la voix de Nathaniel, pouvait paraître rare. Il était bien souvent poli, charmeur... mais la douceur... c'était un exercice presque nouveau pour lui. Il montrait, bien souvent de la tendresse envers sa sœur... mais dans la faction des audacieux, la plupart du temps les sentiments s'exprimaient avec des poings ou des blagues. Nathaniel n'était pas la braise qui crépitait dans un feu de camp. Il était l'incendie ravageant la forêt. Il était passionné et fougueux. Séducteur et un brin manipulateur. Mais cette douceur... il la gardait bien souvent pour elle, Phoebe. Le tragique dans cette histoire étant qu'il n'en prenait pas conscience. Il prenait plaisir à scruter son regard. S'y plonger de façon déraisonnable et dérangeante. La sonder comme si il sondait son âme. Et ce qu'il y voyait... c'était bien plus que deux billes chocolatés. C'était bien plus que deux belles billes envoûtante. Dans son regard... il voyait ses fêlures. Ses blessures. Et ses défenses. Il connaissait ce regard... Il l'avait déjà vu tant de fois... et pourtant, il avait l'impression de le voir pour la première fois. Elle lui paraissait unique en tout point et c'était probablement une des choses qui le fascinait tellement chez elle.

— Si ça ne prend, tu ne vois donc aucun inconvénient à ce que je continue?

Retrouvant sa face de petit con, il ne fut pas surprise par le recul de Phoebe. Il était évident qu'à la fin de la chanson, elle allait prendre grand soin à rompre ce contact entre eux. Par dégoût ou parce qu'elle-même, elle était charmée? Il ne doutait pas sur la réponse. Avec cette assurance le caractérisant, il combla la maigre distance entre elle et lui. Il se pencha légèrement vers elle, glissant ses doigts dans la chevelure de la brune. Il prit un instant pour observer les traits de son visage, et se pencha d'avantages pour murmurer à son oreille :

— Merci beaucoup pour la danse, Phoebe.

Il était censé partir, s'éloigner. Il était censé la laisser voguer à ses occupations. Pour autant, même si il se redressa, à aucun moment il ne se recula, à aucun moment il ne prit la peine de rétablir une distance convenable entre elle et lui. Car il ne le voulait pas. Il désirait, au contraire, la sentir contre lui. Sans vêtements de préférence mais autant demander au pape de fumer le joint.

— Je suppose que nos chemins se séparent ainsi?

L'audacieux n'était pas naïf et il savait pertinemment qu'elle allait écourter cette rencontre. Par habitude. Pour se défendre. Ou peut-être pas. Pour cette fois, il voulait savoir quelle option elle allait choisir. Est-ce qu'encore une fois, elle allait le repousser ou au contraire, se laisser aller à ces envies? Car Nathaniel en était certain... Cette alchimie, il n'était pas le seul à la ressentir. Il avait besoin d'y croire.

Nathaniel & Phoebe

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— Peut-être que je ne suis pas n'importe qui?
Etait-ce la vérité, ou était-ce ce qu'il se plaisait tant à vouloir me faire croire ? Il y avait pourtant cette douceur dans sa voix, si peu commune, comme s'il essayait de me faire comprendre quelque chose. Et peu importe si je comprenais ou pas ce qu'il me hurlait depuis le début. Je demeurerai sourde aussi longtemps qu'il le demeurera. Car à supposer qu'il soit sincère, tout ce que nous sommes, lui et moi, ne repose que sur un jeu. Un vulgaire jeu du chat et de la souris. Mais qu'adviendrait-il, si nous cessions ce jeu ? Si je lui cédais ? Qu'adviendrait-il de notre 'relation' ? Lui qui ne semblait pas comprendre que le voir jouer tel qu'il le faisait avec les femmes ne pousse pas à la confiance, saurait-il être honnête envers lui même en ce qui concerne l'idée de forger une vraie relation ?
Encore un instant de lucidité que Nathaniel me vola, me ramenant davantage à lui, m'envoûtant de son odeur et de son toucher. Et puis il y avait ce regard. Obsédant. Gênant parce que trop intime, parce que trop désireux, parce que trop...
— Si ça ne prend, tu ne vois donc aucun inconvénient à ce que je continue?
-Si j'en vois un. C'est dérangeant. Tu ressembles à un Fraternel assistant à une bagarre pour la première fois sa vie !
Ce n'était évidemment pas le cas, mais espérons que le coup soit suffisamment bas pour qu'il tente de reprendre contenance... Puis ce fut la fin de la chanson, et comme je le pensais, la distance de sécurité que j'avais pris soin d'installer fut rapidement comblée, pour reprendre le jeu de plus belle.
— Merci beaucoup pour la danse, Phoebe.
Je n'étais pas certaine d'apprécier sa tournure de phrase. On aurait dit qu'il faisait exprès de dire les choses de cette façon, car c'était la façon polie de le faire. Sauf qu'il n'y avait rien nécessitant de dire merci. C'était aussi idiot que lorsque votre meilleur ami vous remercie soudainement de le soutenir, alors que ce n'est pas comme si c'était chose nouvelle ! Cette phrase lui valu donc un coup de poing bien senti dans l'estomac.
— Je suppose que nos chemins se séparent ainsi?
Aucune répartie ne vint. Aucune belle phrase, aucune belle excuse. Aucun sarcasme. Aucune raison de partir ou de rester. Juste l'envie qu'il continue de prendre chaque opportunité pour m'attirer ainsi à lui. L'envie de sentir ses caresses, et son souffle contre ma peau. Et puisqu'il était toujours si proche, une de mes mains alla se glisser dans la sienne tandis que l'autre remontait doucement le long de son torse pour aller s'accrocher autour de son cou. Oh tient. Je l'avais peut-être trouvée, la justification à cette façon d'agir !
-A quoi bon prétendre se séparer ainsi quand on sait tous les deux que tu vas me courir après, que ce soit dans cette salle ou dans la rue, pour finir exactement de la même manière ? Autant en finir tout de suite...
Je haussais les épaules comme si danser avec lui relevait davantage d'une corvée à laquelle je voulais mettre fin au plus vite, et non comme si c'était ce que je désirais.

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Ses paroles piquaient, elles mordaient comme nul autre pareil. Phoebe n'était pas seulement habile de ses poings. Elle maniait les mots avec art et finesse. Une finesse déroutante et implacable. Une guerrière comme il n'en trouvait plus. Le sourire de l'audacieux s'étira, ses prunelles étincelants de malice. Elle l'amusait, le fascinait et le déroutait constamment. Douce Phoebe. Redoutable Phoebe. Son poing implacable percuta l'estomac du ténébreux et ce dernier se plia légèrement, grimaçant. Celle-là, il ne l'avait clairement pas vu venir. Imprévisible Phoebe. Cela ne l'empêcha pas pour autant de demeurer au plus près d'elle. Retrouvant bien vite une certaine contenance, il ne cessa de la fixer, de ses deux prunelles enflammées par le désir impétueux qu'il éprouvait envers elle. Peut-être, au final, était-il préférable d'écourter cette entrevue avant d'être entièrement portée par ses désirs. Avant d'avancer d'un pas de trop et de se récolter la gifle en trop.

La ténébreuse ne semblait pas de cet avis. Ses mains, chaudes et douces, se glissèrent dans celles de son partenaire de danse. Autant surpris qu'amusé, il haussa un sourcil, son regard naviguant un cours instant entre ce contact inopiné et les deux charbons de Phoebe. Être aussi proche d'elle, forcément, son esprit déraillé et forcément, il perdait un peu de sa faculté à réfléchir. Un sourire béat sur les lèvres, il profitait de cette nouvelle proximité alors qu'elle passait ses bras autour de son cou. Il s'amusait de ses paroles. Forcément. Nathaniel, l'éternel coureur, n'était guère capable de laisser un moment de répit à la belle. Forcément, qu'il allait la poursuivre... puisqu'il en était toujours ainsi. A lui courir après de façon incessante. La courtisant à la moindre occasion.

Malicieux et bon joueur, il colla son front contre celui de l'audacieuse. Ses deux mains se positionnèrent au creux de ses reins, l'attirant d'avantages contre lui. Il laissa quelques secondes s'écouler, en profitant pour sentir l'odeur entêtante qu'elle dégageait. Il remonta ensuite ses mains le long de ce dos qu'il imaginait parfait et attrapa celles de Phoebe afin qu'elle lâche prise.

— J'aime les fins qui changent.

Déposant un baiser sur le sommet de son crâne, il se recula, pour tout simplement partir.

- SUJET TERMINE! -