Dangereuse alliance

feat Desmond

Dead Flowers - Demon Hunter

Le temps s'en va. Il s'éloigne et s'efface sous les brides d'un souvenir lointain. Et qu'importe les efforts pour le rattraper. Il se ternit et se flétrit. Le temps se conjugue au passé, ne laissant rien d'autre que des cendres. Les souvenirs se superposent jusqu'à se briser. Ne plus exister. Et la douleur d'un jadis t'étreint alors que tu avances vers un avenir aussi incertain que funeste.

Le monde bascule et je chavire.

Tu ressers les pans de ton impair contre toi, cherchant à te protéger du froid hivernale, cherchant à te protéger du monde extérieur. En vain. La morsure d'une vérité trop rude te déchire. Les griffes du manque te laboure les chairs. Le poison de la solitude t'asphyxie. T'enfonçant dans les profondeurs d'une ruelle, tu cèdes. Les ombres se déploient, prêtes à t'accueillir, prêtes à te tendre leur bras volubiles pour te bercer de leur étreinte mortuaire. Tes jambes se dérobent et tu flanches. Ton dos glisse le long d'une paroi et tu t'échoue sur le sol. L'air te manque. Tu suffoques. Et tes épaules s'agitent à chacun de tes sanglots. Tu aimerais hurler mais aucun son ne franchit la barrière de tes lèvres tremblantes. Mais plus que tout, tu aimerais taire la douleur. Que tout, enfin, cesse. Une bonne fois pour toute. Ébranlée que tu es, tu sors de tes poches deux seringues. Sérum de paix versus sérum de mort. Lequel, ce soir, décideras-tu de faire couler dans tes veines?

Et malgré ton état, tu perçois des bruits de pas. Tu les entends. Echos lointain te ramenant pour un temps à la raison. Tu ranges tes seringues et te relèves en dépit de tes jambes encore flageolantes. Les ombres s'agitent. Elles savent mieux que toi.

Tu n'as pas encore touchée le fond.

Mais ça arrive... Il arrive.

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Is this suppression just in my mind?

No more questions get back in line

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Il se traîne comme un démon de misère. Mirettes fixées sur sa carcasse bancale. Telle une marionnette cabossée et condamnée.  Pauvre poupée de lait au faciès déformé. Déchaînée et crevée de l'intérieur. Elle inonde la ruelle d'une aura triste. Ses talons glissent sans faire de bruit. Derrière l'inconsciente, la bête rôde. Il guette. Il attend. Ses iris brillant dans les ténèbres à peine éclairés par les lampadaires. Chicago succombe. Toi aussi, tu trépasses doucement. Les souliers claquent finalement sur les pavés de rue. Un souffle d'air moite aux miasmes humides parvient à ses esgourdes. Fourragent leurs mèches bouclées. Puis elles étincelles sous les lumières artificielles. Deux seringues. Un juron manque d'être gerbé de ses babines fines. Les gants à ses mains ne suffisent pas à calmer ses états d’hypocondriaque. Elle est à terre, iris bloquée sur ses armes mortelles. Il reconnaît les sérums rapidement avant qu'ils ne disparaissent dans ses poches. La pauvre mortelle dépérissant se redresse mollement en lui montrant toujours l'échine. Ses boucles d'or tombent en cascade sur ses épaules et échouent sur sa nuque. Lorsqu'il arrive finalement à sa hauteur, Desmond fixe la jeune femme.

Keira Vander.

Il a longuement étudié le cas de la prétendue fraternelle. Rien chez elle ne laisse penser qu'elle puisse faire partie de cette faction. Si ce n'est ses élans empathique, son caractère profondément perturbateur s'est souvent fait remarquer. Il sait qu'elle fait fi de la plupart des lois. Vander est l'image même de la rébellion et du danger politique. Ses joues inondées de larme ne déclenchent pas le moindre frisson de pitié chez le connard aux prunelles opales. Pourtant, le masque apparaît. Cette apparence d'élégante quiétude. D'inquiétude.

« - Ce serait stupide de vous demander comment vous vous portez, déclare-t-il d'un ton équivoque et doux. Mais le devoir m'y oblige, alors …

Il marque une pose, lève une main amicale – quoi que toujours gantée- et la tend vers elle.

- Je m'en voudrais de vous laisser ici, surtout à cette heure. Quelqu'un de mal intentionné pourrait tomber sur vous, vous savez ? Souffle Desmond en fronçant les sourcils, lippes pincées avec désapprobation.

- Je peux vous aider ? »

Après tout, il ignore toujours autant comment s'y prendre avec ces petites gens pénibles. Ils sont si mielleux, si souffrant, si désespérés. Pourtant il porte son rôle à la perfection, ayant même parfaitement l'air d'un fraternel en quête d'un peu de douceur dans ce monde de Desmond.   

P'tite fille fanée, vas-tu tomber dans mon filet ?

Dangereuse alliance

feat Desmond

Dead Flowers - Demon Hunter

Ce monde te rend malade. Cette ville te vole tout espoir. Et tu te sens tellement vide. Tellement seule. Incapable de voir les lendemains. Incapable de voir au-delà de cette misère. Tu aimerais tant trouver la quiétude de l’Éternel repos. Embraser cette non-vie que tant d'autres ont découvert avant toi. Si tu pouvais juste taire cette douleur, cette souffrance. Si tu pouvais juste rendre ce monde malade muet de ses complaintes et de ses vices. Si tu pouvais juste, l'espace d'un instant, taire la mélodie funèbre de la Faucheuse. Et tu sombres toujours plus loin dans les Abysses. Tu ne veux plus lutter. Oh non. Tu ne veux plus... Tu ne peux plus. Pourtant, tu rassembles tes dernières forces. A l'arrivée de cet homme, tu sèches tes larmes, te composes ce masque que tu arbores en permanence. En dépit de tes yeux bouffies, tu tentes de ne rien laisser transparaître. En vain. Ces lendemains s'évaporent et sans avenir, pourquoi continuer? Continuer à faire semblant? Continuer à t'ancrer en ce monde de mensonges et de désolations?

— Ce serait stupide de vous demander comment vous vous portez.
— Alors ne le faites pas.
— Mais le devoir m'y oblige, alors …

Tu laisses tomber le masque alors que ton interlocuteur arbore de plus bel le sien. Tu cesses enfin de lutter contre tes instincts les plus viles. Cette colère sourde qui, toujours, t'étreins mais que tu muselles. Cette haine que tu contiens et qui te ronge. Ces lendemains incertains n'existent plus. Alors pourquoi? Pourquoi continuer à jouer le jeu? A jouer ce rôle qui jamais, ne t'a correspondu? Étrangère à ce monde. Étrangère à ta propre vie. Sais-tu seulement qui tu es véritablement? Sais-tu seulement ce qui se cache réellement derrière tes prunelles désabusées?

— Je m'en voudrais de vous laisser ici, surtout à cette heure. Quelqu'un de mal intentionné pourrait tomber sur vous, vous savez ?

Comment résister à l'envie de rire à ses propos? Impossible. De tes lèvres encore tremblantes d'émotions, un rire dénoué de toute joie s'échappe. Un faible écho de ton amertume grandissante. Ces rues malfamées, tu les a connu. Les gens malintentionnés, tu les a rencontrés à maintes reprises. Ton corps se brisant plus d'une fois sous leurs assauts. Ton esprit se disloquant à chaque fois un peu plus. Ces rues malfamées, tu les connais bien mieux que lui. Et à ce jour, tu estimes être le prédateur tapis dans l'ombre. Prêtes à en découdre. Prêtes à ôter la vie. Car tu n'as plus rien à perdre.

— Je peux vous aider ?

Tes claires prunelles le vrillent sur place. Les flammes glacées de la haine dansent dans le tréfonds de tes iris. T'aider? Qui? Qui peut bien t'aider? Comment? Comment peut-on t'aider? Qui? Qui veut réellement t'aider? Ces personnes bienveillantes envers toi ne connaissent que la désolation ou la mort. Un sort Funeste que tu sembles octroyée à toute personne s'approchant de trop près. Et surtout, pourquoi lui, il veut t'aider? Un membre du Conseil. Ces personnes que tu hais. Ces personnes dont tu te méfies mais que tu t'échines à vouloir sauver. Cet ultime paradoxe suffit à ranimer la flamme de la colère. Et tu ne sais quel visage adopter. Tu ne sais plus qui tu es. Tu ne sais plus lequel de tes rôles est factices. Perdue. Les ombres se déploient et se déchaînent. Tu les vois danser autour de vous. Et tu ne sais plus... Tu ne sais plus quoi faire pour que ce manège cesse. Tu ne sais plus quoi faire pour qu'enfin, tout redevienne normal. Tu ne sais plus... Plus rien.

Le monde bascule et je chavire.

Tu combles l'espace entre vous. Sourire endiablé en coin des lèvres, tu le contournes et tourne autour de lui. Vautour voulant fondre sur sa proie. Ce jeu de dupe, tu n'en prends que partiellement conscience. Un membre du Conseil, n'est par définition, ni compatissant ni aimable. Tu n'as en tête que deux, et seulement deux, exceptions. Et encore. L'un d'eux n'est que stagiaire. Reprenant ta place en face de lui, tu croises tes bras sous ta poitrine comprimée par le Chagrin.  

— Sous le regard complice de la lune, je met à nu mon véritable visage. Allez-vous en faire autant, Monsieur Doyle?

Tu connais chaque membres du Conseil. Pour avoir voulu les anéantir. Pour avoir voulu les sauver de Légions. Tu connais leurs noms, leurs visages. Et tu n'ignores pas être dans le collimateur du Conseil. Tu n'ignores pas être une cible mouvante.

— Que me voulez-vous réellement?

Tombons les masques pour danser sur les tombes de jadis.

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I will never be free. I will never be laid to rest. Sisters and brothers. 'll never recover. From this tenderness. See what I've prayed. Hear what loves sings. Sad melodies. Enticing me.

Il vagabonde autour de la créature. Fauve patient aux songes cruels. Prêt à bondir sur sa proie à n'importe quel instant. Il la connaît. Il l'a étudiée. Disséquée. Disséminé au fond de sa carcasse à boucles de blé, gamberge des idées folles. Des chimères noires. Des idées blasphématoires. Et quelques regrets qui traînent à ses pieds comme deux boulets de fer. Oui, le démon aux allures de dandy sait voir tout ça en un seul coup d’œil. Cette fille est la personnification même de l'hérésie. Il devine à son coup d’œil quelques idées impertinentes. Et pourtant … Et pourtant elle le surprend. Rehausse sa silhouette crevassée et affronte ses polaires aux couleurs d'un océan turquoise. Les iris se jaugent. Eux, droits comme des i. Elle, fière comme une impie. A lui de rétorquer d'un air si détaché, si éloigné de toute cette réalisé :

- Vraiment … ? C'est vrai, oui.

Il admet, pourtant sans culpabilité dans son timbre. A elle de tourner comme un fauve. Ses talons claquent sur l'asphalte alors qu'elle contourne son adversaire. Elle étudie, sourire faussement attentiste collé aux babines.

Et il ajoute alors, une étincelle dans son regard noyé dans les ténèbres :

- Vous avez entendu des choses. Lu des dossiers … Mais laissez-moi dire ceci, Vander : Derrière chaque vérité se cache un énorme mensonge.

La grande tige penche sa silhouette pour mieux observer celle de son opposée. Drôle de minette aux allures de girouette. A lui de jauger. De tourner en rond dans cette cage de pierres et de miasmes infectes.

- Je vous ai observée longtemps, quand vous veniez à nos petites réunions. J'étais souvent absent, il est vrai. Du moins physiquement. Mais je vois tout. J'entends tout. Vous n'êtes pas une pleurnicharde, qu'il songe à voix haute en fourrant ses serres gantées dans les plis de sa veste.

Il mime la réflexion visible de ses lèvres pincées.

- Vous n'avez pas eu de peine de cœur, vous êtes loin de tout ça depuis bien longtemps. Non, c'est autre chose … soupire-t-il en observant la lune. Du regret ? Peut-être … Une pointe d’affliction dévastatrice … Qui avez-vous perdu, ou quoi ? Demande-t-il alors en baissant le menton pour l'observer.

Sa bouille légèrement penchée sur le côté, il attend.

Les secondes défilent et ses épaules se haussent, balaient l'idée et l'instant. Il voit une partie de son mal sans cracher tous les éléments. Il est pourtant certain d'une chose. Cette fille là essuie les deuils depuis un sacré bout de temps. Faible et à bout. Il a en vu, des pantins malmenés. Elle est convaincue de pouvoir le choque. De tenir sur les rails. Un jour ou l'autre, elle vacillera.

Il sera volontiers présent pour lui donner l'élan.

- Alors je réitère ma question, puis-je vous aider ? »

Cette fois, les mots sont plus soutenus. Plus ambiguës. Plusieurs portes s'ouvrent.
Plusieurs pistes à explorer. Va-t-elle enfoncer une porte ou le contourner ?

Dangereuse alliance

feat Desmond

Dead Flowers - Demon Hunter

Tu ne souhaites aucune aide. Tu ne souhaites rien. Plus rien. T'effacer. Oublier. Taire cette douleur qui se propage et te comprime la poitrine. Que tout cesse. Une bonne fois pour toute... mais en attendant, tu subis, tu patientes et tu serres des dents. Alors tu demeures droites, fières. Amazone des temps modernes en ces temps apocalyptiques. Tes claires prunelles s'enflamment de ces idées sauvages qui t'embrouillent l'esprit. Cette colère qui te submerges à tout va. Qu'elle explose. Qu'elle s'expose. Sans regrets, tu la laisserais bien se déverser. Sur lui. Sur le monde entier. Et pourtant, tu continue de serrer les dents. Pas maintenant. Pas encore. L'érudit t'étudie. T'examines. Tes lèvres s'étirent en un sourire dénué de sens. Tu souris comme tu pourrais sourire à la mort. Tu souris alors que ton âme se nécrose de secondes en secondes. Ces peines qui t'affligent. Ses mots qui te lacèrent. Tu plantes tes prunelles dans cet océan insondable.  Tu réfléchis, considères sa proposition... et les ombres se déploient que d'avantages. Elles s'étalent sur les murs et s'agitent.

— M'aider? que tu répètes, soudainement pensive.

Une nouvelle perspective s'ouvre à toi. Un pacte avec le diable. De ton sang, es-tu prête à signer? De ton âme nécrosée, es-tu prête à jouer? Curieuse, tu le considères d'un œil nouveau. Intéressée, tu le scrutes de bas en haut. Tu n'éprouves aucune confiance à son égard. Néanmoins... En temps de guerre, il faut savoir tourner le dos à ses préjugés... pourtant, tes envies se concentrent ailleurs. Cette guerre, tu comptes bien la mener de front... mais c'est l'après qui t'effraies. Tu es effrayée. Effrayée de vivre dans ce monde sans ces personnes que tu aimes. Et tu en viens constamment à te demander pourquoi? Pourquoi continuer? Pourquoi lutter?

— Je crois que oui... oui... vous pouvez peut-être m'aider.

La malice explose dans le fond de tes prunelles. Une facette des moins flatteuses s'expose à lui. Perfide petite Keira. Ton plan s'élabore à l'intérieur de ton crâne. Le Malin frappe à ta porte et sans l'ombre d'une hésitation tu lui ouvres ta porte.

— Vous êtes libre pour prendre un verre? Je crois qu'on a beaucoup de choses à se raconter.

Ton âme nécrosée, qu'elle brûle en enfer.

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