Sombre funambule sur le fil de la raison. La lumière s’était éteinte. Envolée dans un torrent de sang et une vallée de cadavres. Trop de morts. Trop de victimes. Trop… juste trop. La coupe est pleine depuis bien trop longtemps. Combien de choses allais-je encore devoir endurer ? Combien de temps ? Je n’étais plus capable. Plus capable d’endosser toutes ces charges pesant sur mes épaules. Ma poitrine se comprimait continuellement, m’apportant douleur. Mes yeux s’embuaient sans cesse, m’apportant chagrin. Et mon reflet ne m’apportait qu’un sentiment cuisant de dégoût et de culpabilité. J’étais tellement désolée, Ariana. En souillant ainsi mon image je souillais également la tienne. Les mains fermement agrippées à la rambarde, je regardais l’eau s’écouler en-dessous de moi. Ce courant ne ciller devant rien ni personne, puissant et inépuisable. Les rochers les plus coriaces finiront par céder, un jour, contre la force incommensurable de l’eau. Je n’étais qu’un rocher et la vie m’avait égratigné jusqu’à l’usure. A contre-courant j’avais lutté pour finalement baiser les armes.
Triste funambule sur le fil de la vie. Il me suffisait de lâcher prise pour oublier mes tourments. Tellement simple… Rapide. Lâche. Le doute s’installait, forcément. Une action aussi définitive ne comportait aucun retour en arrière possible. Se pouvait-il que j’ai encore des choses à accomplir ? Relevant mes yeux vers le lointain, je cherchais une seule bonne raison de ne pas sauter. Une seule… Ariana ? Se pouvait-il qu’elle soit un jour heureuse avec moi dans les parages ? J’apportais mort et désolation. India. Ashley. Isaac. Kyle. Et tous les autres… Pourquoi eux ? Cette ville nous broyait. Cette ville… et son système. Changer le système était-il seulement possible ? Ne ferions-nous pas de quitter cette ville ? Si seulement c’était possible… Si seulement… Et pourquoi pas, finalement ?

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Tableau flamboyant d’un souvenir passé. Les couleurs vives s’élevaient vers l’immensité du ciel nocturne. L’odeur d’un rêve brisé. Vision d’une vie éclatée. Le passé se consumait sous mes yeux, dévorait par les flammes impétueuses. Sous l’œil cynique d’une lune déclinante, je renonçais à ma vie passé. Sous l’œil cynique d’une lune décadente, je renonçais à mon avenir. Ces flammes toujours plus voraces emportaient dans son sillage mes derniers souvenirs heureux. Et le tumulte de la panique résonnait amèrement à mes oreilles. Retournez chez-vous. Ce spectacle n’est destiné qu’aux âmes damnées et condamnées par cette tyrannie. Ce spectacle, je vous l’offre.